Gravure sur plaque ; 350 x 452 millimètres (1590)  StellaTilemannus

L’entraide sociale selon la Tradition orale

Caroline Elishéva REBOUH le 11.11.2020

La Loi écrite, la Torah déclare dans le Deutéronome (XV, 11) « il y aura toujours des pauvres dans le pays »

כי לא יחדל אביון מקרב הארץ

C’est la raison pour laquelle une partie des commandements concerne la charité et toutes les précautions prises pour pouvoir venir en aide aux nécessiteux.

Depuis la nuit des temps, une question préoccupe tout le monde : pourquoi telle personne est riche ou pourquoi telle autre est pauvre et, personne ne peut apporter de réponse. Seul D. en connaît les raisons.

Nous connaissons tous le commandement du prélèvement de la dîme, de procéder au don du dixième de nos revenus, de la tsedaka, ce que nous connaissons en général moins bien ce sont les dispositions que prend la Loi à propos du prêt d’argent, de la garantie et aux limites auxquelles sera soumis le prêteur ainsi ces trois versets :

אםכסף תלווה אתעמי, את עני עמך לא תהיהלו כנושא לא תשימון עליו נשך.

Si tu prêtes de l’argent à quelqu’un de Mon peuple, au pauvre qui est avec toi, ne sois pas à son égard comme un créancier n’exige pas de lui d’intérêt. (Exode XXII, 24)

אםחבול תחבול שלמת רעך, עדבא השמש, תשיבנו לו

Si tu saisis comme gage le manteau de ton prochain, au soleil couchant, tu le lui rendras (Exode XXII, 25)

כיהוא כסותה לבדה הוא, שמלתו לעורו במה ישכב והיה כייצעק אלי שמעתי כי חנון אני

Car, c’est là sa seule couverture : c’est le vêtement de son corps ; comment abritera-t-il son sommeil ? Or, s’il se plaint à Moi, Je l’écouterai car Je suis compatissant (Exode XXII, 26).

Ces versets viennent nous enseigner qu’au-delà du désir d’aider notre prochain, nous devons penser aussi que malgré notre désir de « protéger » nos intérêts nous devrons avant toute chose penser à protéger l’indigent contre l’adversité et nous montrer humains en pensant aux moindres choses qui seraient susceptibles de nuire, voire de mettre en danger notre prochain et notre crainte du ciel doit nous éclairer en cela pour que nous puissions être magnanimes jusque dans les plus infimes détails….….

Un petit brin de lumière dans cette période enténébrée ! (G.D)

Il est une maxime dans les Pirké Avoth que beaucoup connaissent :

שמעון הצדיק היה משירי כנסת הגדולה. הוא היה אומר : על שלושה דברים העולם עומד : על התורה, על העבודה, ועל גמילות חסדים .

Rabbi Shimôn Hatsadik appartenait à la Grande Assemblée, il avait coutume de dire : le monde repose sur trois choses : sur la Torah, sur le culte et sur la bienfaisance (entraide sociale). Qui était Shimôn Hatsadik?

Sa sainteté était telle que pour Yom Kippour à peine Shimôn Hatsadik avait-il attaché le fil d’écarlate sur le pilier du Temple qu’aussitôt le fil devenait blanc (signe que les pêchés étaient expiés) par le seul mérite de ce personnage hors du commun ainsi que le promet le verset d’Isaïe I,18

אםיהיו חטאיכם כשנית, כשלג ילבינו

Si vos pêchés sont rouges comme l’écarlate, ils deviendront blancs comme neige. Les miracles étaient quotidiens au Temple du temps de R’ Shimôn Hatsadik ainsi, par exemple, les godets de la menorah étaient remplis d’huile chaque jour et les lumières brûlaient d’ordinaire jusqu’au matin alors qu’ à l’époque de ce tsadik, avec la même quantité et qualité d’huile, les flammes brûlaient avec la même intensité jusqu’au lendemain soir….

De même, le feu de l’autel brûlait seul en y ajoutant seulement deux petites bûches comme cela était prescrit alors que par la suite, il fallut alimenter le feu toute la journée… et quant aux Cohanim qui recevaient les offrandes du Omer, ils avaient un tout petit morceau de pain de la grosseur d’une olive mais cela les rassasiait largement.

Lorsque Shimôn Hatsadik parlait du monde il faudrait, en fait, évoquer l’univers qui lui se divise en mondes : le monde ‘hassikhli du mot sekhel intelligence et qui correspond au monde des anges, le monde moyen dit des galgalim soit des planètes car sans le soleil et la lune nous ne pourrions fixer de dates et donc nous ne pourrions fixer ni shabbatot ni fêtes ; le monde inférieur ou tahtonim qui est le monde des humains.

La Torah correspond donc au monde de l’intellect, au monde supérieur offert au monde inférieur pour que les hommes l’étudient et l’appliquent.

Les deux premiers piliers ou mondes concernent donc la Torah et le culte, et le troisième ? Celui-ci a trait au monde d’en bas ôlam hatahtonim, guemilouth hassadim ou bienfaisance.

Nous devons aimer notre prochain comme nous-mêmes (lévitique XIX, 18) nous devons par conséquent lui venir en aide, le cas échéant.

L’homme a des devoirs envers lui-même (se cultiver, étudier la Torah sous tous ses aspects : Torah, guemara, halakhoth etc…. et c’est ainsi que l’homme pourra arriver à comprendre le ôlam ‘hassikhli ; quant au monde des planètes soit le monde du culte, ce sont nos devoirs envers le Créateur puisque nous devons prier ; et envers notre prochain ? tout est basé sur le prochain ; ne pas le voler, le tromper, le tuer etc….c’est alors que l’homme « remplit son contrat » vis-à-vis de D., de lui-même et de son prochain pour vivre dans un monde de hessed – d’amour, de grâce – ôlam hessed yibané……

L’entraide et la bienfaisance est-ce seulement distribuer ou prêter de l’argent, des meubles, des vêtements ? La bienfaisance s’adresse-t-elle seulement aux pauvres ? Elle s’adresse aussi aux riches et à tous ceux qui sont dans la détresse morale, donner de l’amour, prodiguer des conseils, offrir l’hospitalité, alléger des souffrances, faire savoir à tous ceux que nous pouvons joindre que nous les aimons, qu’ils comptent pour nous.

En faisant des courses pour un vieillard, un malade, un infirme, rendre visite, ouvrir sa porte à quelqu’un d’isolé…. C’est entreprendre un acte de manière individuelle.

Dans le monde de la hassidout on rapporte l’histoire d’un homme généreux qui voulait rester anonyme et qui se rendait la nuit auprès de personnes qu’il savait être nécessiteuses. Il revêtait un immense manteau noir avec une immense capuche pour qu’on ne puisse savoir qui il était et il jetait par-dessus son épaule l’argent qu’il devait distribuer pour ne pas savoir à qui il donnait.

Il est une autre mishna que nous nous devons d’appliquer :

ריוסי אומר יהי ממון חבריך חביב עליך כשלך

R’ Yossé proclame : que les biens de ton prochain te soient aussi précieux que les tiens …..

Cela veut-il dire que je suis le gardien des biens de mon voisin ? Non, mais je dois attirer parfois son attention pour qu’il ne fasse pas d’erreurs, il ne faut pas non plus qu’une personne ne dépense et ne donne pas de tsedaka par crainte de devenir pauvre car les biens que nous possédons nous en sommes, les dépositaires et nous devons donc faire attention à ne pas tomber à la charge des autres par imprudences répétées. Pour la tsedaka, D. a imposé de donner la dîme (10%) mais pas plus de 20 % justement pour ne pas se mettre en danger.

Il ne faut pas attendre pour accomplir une mitsva on rapporte l’anecdote suivante sur R’ Nahoum ish Gamzou homme d’une intelligence et d’un savoir exceptionnels : un jour ses disciples vinrent lui rendre visite alors qu’il était aveugle, paralysé et entièrement recouvert de furoncles.

Devant l’étonnement de ses élèves il conta qu’un jour, un indigent s’adressa à lui en lui demandant l’aumône alors qu’il chevauchait un âne aussi lourdement chargé que deux autres, il répondit au pauvre d’attendre qu’il descende de l’âne pour lui donner de l’argent mais, le pauvre, sans doute très affaibli s’écroula et mourut.

R’ Nahoum ish Gamzou se maudit lui-même de n’avoir pas été suffisamment zélé pour accomplir la mitsva.

En faisant du bien autour de nous, nous nous enrichissons, nous nous procurons de la satisfaction et nous nous ouvrons des portes à toutes sortes d’autres mitsvoth

Caroline Elishéva REBOUH

 

Voyage et Vie du Patriarche Abraham

www.wdl.org   le 09.11.2020

Cette carte retraçant la vie du patriarche Abraham fut publiée à Anvers en 1590 par Abraham Ortelius (1527-98), l’éditeur flamand qui créa le premier atlas du monde.

Il s’agit de la première impression d’une carte par Tilemann Stella (vers 1525-89), un cartographe, géographe et mathématicien allemand.
La carte en encart sur la partie supérieure gauche montre le voyage d’Abraham quittant son lieu de sa naissance, identifié dans la Bible comme Ur des Chaldées pour se rendre en Terre sainte (Canaan).
La carte principale montre des lieux en Terre sainte associés à Abraham, et est encadrée par des illustrations de couleur représentant des scènes de l’existence longue et mouvementée d’Abraham.

 

 

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