Moïse a été le premier à ordonner un confinement au hébreux   

Moïse a été le premier à ordonner un confinement au hébreuxNous n’avons pas le choix, nous sommes coincés à la maison. Entre les enfants et les ordinateurs, entre la cuisine et le salon. Dans la parasha de cette semaine, par contre, on quitte la maison d’esclavage pour la liberté – mais c’est justement à ce moment-là qu’on entre dans la maison. Par la journaliste Sivan Rahav Méir.

Cela semble bizarre. Au milieu de l’Exode, au plus fort de la libération d’un peuple entier, D.ieu dit à Moïse de demander à tout le monde d’entrer dans la maison, afin que chaque famille célèbre le premier Seder de l’histoire. Le rabbin Moshe Zvi Neria explique pourquoi, avec des mots qui peuvent nous aider pour le confinement en cours:
«En général, en temps de révolutions et de changements, tout le monde est poussé à l’extérieur, les affaires privées sont mises de côté, la vie de famille ne retient pas l’attention, personne ne pense que c’est vraiment le moment d’investir dans la maison.

D’abord créer la stabilité dans la sphère privée

L’Exode est conduit différemment. L’un des premiers commandements, alors que l’élan dramatique est de sortir vers la liberté, est de se rassembler et de manger le sacrifice de la Pâque à l’intérieur de la maison. Le premier Seder a encore lieu sur le sol égyptien. Le commandement est de laisser l’enthousiasme de la foule dans les rues et sur les marchés pour rentrer dans sa tente privée. Chaque famille doit manger seule, à la maison, sans étrangers. Les personnalités publiques sont également tenues de délaisser les apparitions publiques à ce stade au profit du premier repas familial en liberté et en souveraineté. Pour que la nation tout entière soit stable, nous devons d’abord créer la stabilité dans la sphère privée. « 

Puissions-nous bientôt quitter la maison de servitude pour la liberté.

Coolamnews

Bô: « Ce mois-ci sera premier des mois de l’année » Raphaël Draï zatsal, 22 janvier 2015

Et Dieu dit à Moïse et à Aharon en terre d’Egypte afin qu’ils l’explicitent: « Ce mois-ci (hah’odech hazé) pour vous sera en tête des mois (roch h’odachim), il sera premier (richon) des mois de l’année (h’odché hachana) (Ex, 12, 2). »

 15 BoJanv15Pour les plus grands commentateurs de la Tradition juive, ce verset constitue en réalité la première de toutes les mitsvot spécifiquement prescrites aux Bnei Israël au moment où ils sont eux mêmes constitués en tant que peuple et afin que cette dimension reçoive tout son sens.
Celui-ci peut à son tour être perçu et explicité clairement si l’on ne perd pas de vue que cette collectivité humaine tente de sortir d’un long, d’un très long esclavage qui lui fait perdre le sens des deux coordonnées principales de la conscience humaine: l’espace et le temps.

L’espace se réduit pour les esclaves aux champs de corvée où ils façonnent à la chaîne des briques, avec de la boue et de la paille. Quant au temps, il se dévide dans une suite de jours sans autre destin que leur infinie répétition.

De cette double atrophie, spatiale et temporelle, résulte le kitsour rouah’, l’étrécissement à presque rien de leur champ de conscience. A quoi il faut ajouter le bépharekh, l’atrophie de leur parole qui ne trouve à s’exercer que pour l’exécution sans délais d’ordres qui se veulent sans réplique, sous la menace des gourdins. C’est à la restructuration de ce champ de conscience, pour ne pas dire à sa structuration tout court, qu’est dévolue cette première prescription dont il faut s’attacher à comprendre la formulation et l’intention. Il n’est guère aisé de définir ce qu’est le temps en soi. Il s’agit ici du temps à la fois psychologique, celui d’êtres appelés à la liberté individuellement vécue, et du temps historique, celui d’un peuple appelé à assumer collectivement une vocation au sein de l’humanité.

Ce temps là se comprend selon trois modalités particulières mais qui s’intègrent les unes aux autres: le temps quotidien, celui des jours nommés yamim; le temps mensuel, celui que scandent les mois (h’odachim), et le temps annuel, celui de la chana.

A quoi se rapportent-ils? Le temps quotidien est celui de cette conscience minimale qui permet aux esclaves de simplement survivre. Comme on l’a vu, ce temps- là est devenu celui des répétitions stériles, du piétinement bourbeux. Aussi importe t-il de lui conférer une autre dimension, qui l’ouvrira à une autre perspective: le mois, en hébreu h’odech. Vocable particulièrement significatif par lui même et au regard du contexte actuellement éclairé.

Par lui même puisque ce vocable est construit sur la racine H’DCh qui désigne le renouvellement, l’innovation, donc la reprise de la Création, par suite l’exact inverse de la répétition sans aucune progression sensible. Ce temps nouveau doit faire l’objet d’une première perception active, d’une première prise de conscience, immédiate, événementielle, rendue par la formule ce « mois-ci (hah’odech hazé) ».

Et c’est en tant que tel qu’il deviendra non pas le premier mois, au sens ordinal, mais littéralement « la tête des mois », roch h’odachim, comme sera institué, dans une dimension supplémentaire de la durée, une tête de l’année: roch hachana. De sorte que l’on passe d’un temps qui est surtout un non-temps, celui de l’asservissement des sens et de l’esprit, d’un temps pour ainsi parler décapité, à un temps où se relient le passé, le présent et l’avenir; la mémoire, la décision et le projet.

Et c’est une fois ce premier étayage réussi que s’instituera le temps proprement calendaire, celui de la succession ordinale des mois, lesquels de ce fait même formeront une autre dimension encore de la temporalité, celui de l’année, de la chana. Ce dernier vocable est construit sur la racine ChN qui désigne maintenant le changement; non pas la modification mécanique mais celle qui intègre la dimension préalable du h’odech, de l’innovation, mais démultipliée selon les douze visages du peuple, suivant les douze facettes d’une Création scandée par des saison diversifiées, celles de la pluie d’hiver (guéchem) ou de la rosée printanière (tal).

On comprend mieux pourquoi le verset précité précise que ces prescriptions sont données en terre d’Egypte, autrement dit sur cette terre qui était devenue pour les descendants de Jacob celle de la dissolution des esprits, de la lobotomisation spirituelle. Toutes les mitsvot qui s’ensuivent, et particulièrement celles qui concernent l’agneau pascal seront comprises selon cette perspective, à partir d’un temps qui se remembre et de corps jusque là pulvérisés, qui se rejoignent en plein clarté de l’esprit, sachant que l’Histoire est également redevenue printanière.

Raphaël Draï zatsal, 22 janvier 2015

 

 

 

 

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