Les 10 Commandements et les 613 Mitsvot (3/4)

LOI ÉCRITE, LOI ORALE : GENERALITES 

Traduite dans toutes les langues du monde, la Bible est le best-seller de tous les livres du monde. 

Elle s’appelle en hébreu Tanakh, qui n’est autre que le sigle des trois parties qui la composent : Torah (Pentateuque), Neviim (Prophètes), Ketouvim (Hagiographes). Le texte de la Bible est la base d’autres doctrines religieuses, et le message livré par elle est si important que des Philosophes et de grands esprits s’y penchent encore aujourd’hui pour tenter de pénétrer la Parole divine. 

Comme l’indique son nom, la première partie est la Torah, ou Pentateuque, ou encore Houmash en hébreu, car il vient de la racine hamesh (cinq) ; la Torah se composant de 5 livres : La Genèse (Beréshith), l’Exode (Shemoth), Le Lévitique (Vayikra), Les Nombres (Bamidbar) et le Deutéronome (Devarim). 

La deuxième partie, celle des Prophéties, comporte 8 livres, et la troisième, en comporte 11.  

La Torah contient un ensemble de lois, et un enseignement, comme l’indique le terme même de Torah, qui vient de la racine « Le’horoth », enseigner. Cet enseignement, est la Loi Ecrite, donnée à Moïse par Dieu sur le mont Sinaï, peu après la sortie d’Egypte. Elle est transmise de père en fils, depuis Moïse jusqu’à aujourd’hui. Cette chaîne de transmission ne doit pas s’interrompre, afin que le Peuple Juif puisse continuer sa mission jusqu’à la fin des temps, ainsi que nous nous le répétons deux fois par jour en récitant le Shéma Israël (Deutéronome 

6, 7) :  

 ….ושיננתם לבניך ודיברת בם בשבתך, בביתך, ובלכתך בדרך, ובשכבך ובקומך

Tu les inculqueras (les paroles de la Torah) à tes enfants, et tu en parleras dans ta maison, en voyage, en te couchant et en te levant… 

Quant à la façon dont a été transmise la Torah, nous le voyons au tout début du Traité des Avoth, dans la Mishna du même nom que nous avons coutume de lire surtout deux fois par an : chaque shabbat de la période du Omer (entre Pâque et Pentecôte – Pessah et Shavouoth), nous lisons un chapitre entier – il y en a 6 – et pendant la période d’été, qui part du 17 Tamouz, ou date à laquelle une brèche a été faite dans les murailles de Jérusalem. Le premier chapitre commence par cette mishna :  

משה קיבל תורה מסיני ומסרה ליהושוע, ויהושוע לזקנים, והזקנים לנביאים ונביאים מסרוה לאנשי 

 …כנסת הגדולה

Moïse reçut la Torah au Sinaï, et la transmit à Josué, qui la transmit aux Anciens, qui la transmirent aux Prophètes, et les Prophètes l’ont transmise à ceux qui siégèrent dans le Grand Sanhédrin… 

Dans la Genèse, est évoqué le récit de la création et de l’histoire des premiers hommes : Adam et Eve vivant au Jardin d’Eden, puis, après leur faute, ils en furent chassés et durent travailler. Leurs descendants se laissèrent dominer par le Mal et l’impiété. Dieu les punit par le déluge. Noé fut sauvé, lui et sa famille, et sept couples de tous les genres d’animaux ; mais les hommes fautèrent à nouveau, et ils furent dispersés sur toute la surface de la Terre. Abraham découvrit Dieu et suivit Sa Voie. Son fils Isaac succéda à son père et poursuivit son œuvre. Des deux fils nés de son union avec Rebecca, l’un d’eux, Jacob, suivit la direction déjà tracée par son aïeul. De lui et de ses deux femmes, et des deux servantes, naissent douze fils, qui seront à la tête des 12 Tribus d’Israël : Ruben, Simon et Lévy, Juda, Zabulon et Issakhar, Dan, Gad, Asher, Naftali, Joseph et Benjamin. Après de nombreuses épreuves, Jacob et sa famille se fixèrent en Egypte, où Joseph, qui fut vendu par ses frères à des marchands, exerçait de hautes fonctions auprès du Pharaon. Jacob demanda à être enterré avec ses parents à Kyriat Arba (Hébron). C’est avant de « rejoindre ses pères », que Joseph demanda également à ses fils de ne pas omettre de ramener sa dépouille, pour être enseveli en Terre Sainte lorsque ses descendants sortiraient d’Egypte, afin de retourner enfin sur cette Terre que Dieu avait promis aux Patriarches en héritage.  

L’Exode : Les enfants de Jacob s’étant multipliés, les Egyptiens les opprimaient.  L’esclavage s’appesantit sur les Hébreux. Ils demandèrent à Dieu de les sauver. Le Créateur Se souvint de l’Alliance qu’Il avait conclue avec Avraham, Isaac et Jacob, et envoya Moïse pour faire sortir d’Egypte tous les opprimés. Dix plaies s’abattirent sur ce pays et ce peuple, mais ce n’est qu’à la dixième, que Pharaon, au cœur endurci, et lui-même touché par le décès de son fils premier né (plaie de la mort des premiers nés), céda et laissa partir le Peuple des Enfants d’Israël. Dieu accomplit pour Son Peuple des miracles et des prodiges sans cesse. Arrivé au pied du mont Sinaï, Moïse monta sur la montagne pour y recevoir la Loi de Dieu dans un déchaînement de tonnerres et d’éclairs. Cependant, le peuple retomba dans l’erreur, en adorant une idole empruntée à l’idolâtrie égyptienne : un veau d’or. Ils revinrent derechef sur leur erreur, et demandèrent à Dieu de les pardonner. Dieu résida au milieu du camp des Enfants d’Israël, dans le Tabernacle, construit dans le désert selon les règles édictées. 

Le Lévitique : Aaron, frère aîné de Moïse fut nommé Grand Prêtre. La charge du culte reposait sur lui et ses fils. Eux et leurs descendants, faisaient partie, désormais, de la caste des COHEN (Cohanim au pluriel = prêtres). Le détail du culte sacerdotal et sacrificiel est donné dans ce livre. De nombreux principes, commandements, y figurent aussi ainsi que tous les détails concernant la construction du Temple. De nombreux préceptes destinés à régir la vie quotidienne vont y figurer : la nourriture, la pureté, l’impureté, les lois civiles, l’établissement de dates de célébrations solennelles, de l’année shabbatique et du jubilé (7ème et 50ème années, où l’on doit laisser la terre se reposer). Si Israël obéit à Dieu, il vivra en paix sur son territoire. 

Les Nombres : Moïse procèda, sur l’ordre divin, au dénombrement (recensement) du peuple, en comptant tous les hommes âgés de vingt ans au moins. La tribu de Lévy ne’fut pas comptée avec les autres tribus. Moïse envoya des explorateurs au pays de Canaan (12, un par tribu). Tous en rapportèrent de faux renseignements, de nature à effrayer le peuple qui se soulèva, à l’exception toutefois de Caleb et de Josué, qui ne furent pas punis, au contraire des dix autres. Tous ceux qui n’eurent pas confiance en Dieu, moururent dans le désert. Korah complota contre Moïse, et lui aussi fut puni avec ses complices. Au cours de ces périodes, Aaron et Moïse furent objets de la sanction divine pour ne pas avoir appliqué exactement la Parole de Dieu : ils ne mourront pas en Terre Sainte. Les 40 années de pérégrination vont s’achever, et les Moabites essayèrent, en vain, de lutter contre les Israélites. Ceux-ci campèrent sur la rive du Jourdain. 

Le Deutéronome : Dans ce cinquième livre, Moïse recommande encore une fois au peuple de servir Dieu fidèlement, et rappelle tout ce qui eut lieu, depuis la Révélation au Sinaï jusqu’au moment où il monta sur le Mont Nébo pour y mourir. Parmi les lois qu’il répète, il insiste sur celles qu’il n’est possible d’observer qu’en Israël. Moïse mourut à 120 ans. Personne n’a jamais pu découvrir sa tombe. Moïse fut le plus humble et le plus grand de tous les Prophètes, le seul à avoir vu Dieu face à face, « panim moul panim ». 

La Torah est écrite à la main par un scribe (sofer), sur un parchemin, avec une encre spéciale et une plume d’oie. Ces rouleaux de parchemin sont conservés habituellement dans des synagogues, et on en lit une section à chaque shabbat et à chaque fête. Ce péricope s’appelle sidra (du mot seder = ordre, car on lit ces sidrot dans l’ordre où elles sont disposées), on les appelle aussi parasha. 

De nombreux commentateurs appartenant à toutes les époques ont éclairé de leur sagesse les esprits de ceux qui étudient le texte divin. Le plus célèbre d’entre eux est Rashi, (Rabbi Shemouel Itshaki de Troyes au XIème siècle), dont les commentaires s’étendent aussi au 

Talmud. Il n’est pas le seul à avoir donné son exégèse ; parmi les plus célèbres, nous citerons : Rambam (Maïmonide), Ramban (Guershonide), Rashban, Sforno, Ibn Ezra etc… 

Aux commentaires, sont ajoutés les midrashim. Midrash est un terme difficilement traduisible en français si on veut en garder les nuances qu’il contient ; disons qu’il s’agit d’un récit, ou d’une parabole, qui va nous permettre d’éclairer le texte de manière plus didactique. Les Midrashim les plus importants sont : le Midrash Rabba, (les auteurs citant un midrash ont l’habitude de citer plus couramment Beréshit Rabba, ou Shemot Rabba, pour indiquer plus précisément d’où le midrash a été tiré). Il existe trois autres recueils de midrashim se rapportant aux quatre derniers livres du Pentateuque ; ce sont la Mehilta pour l’Exode, Sifra pour le Lévitique, et Sifré pour les Nombres et le Deutéronome. 

A l’époque où les Hellènes envahirent la Judée, il était interdit de lire la torah chaque shabbat (il était interdit d’observer le shabbat et la circoncision). Aussi, les sages prirent-ils la décision de substituer aux portions hebdomadaires de lecture de la Torah, des portions ayant un rapport direct avec le sujet de la parasha, prises dans les textes des Prophètes, ou des Hagiographes. Ceci s’appelle une haftara, qui est encore lue chaque shabbat à la synagogue, après la lecture de la Torah. 

Il existe quatre façons de commenter la Torah : 

  • Le Pshatt     פשט ou sens littéral, sens simple. 
  • Le Remez     רמז   ou sens allusif. 
  • Le Drash       דרש ou « faisant d’avantage parler les mots ». 
  • Le Sod           סוד    ou sens secret, mystique. 

 

Ces quatre façons sont regroupées sous un sigle : « Pardès » (en prenant la première lettre de chacun des quatre termes hébraïques). Pardess signifie : verger. 

 A suivre….

Dr Caroline Elisheva Rebouh PhD.
ד »ר קרולין אלישבע רבוה בן אבו

Légende : Marc Chagall, Moïse recevant les tables de la loi, 1960-1966, huile sur toile, 237 cm x 233 cm, donation Marc et Valentina Chagall, 1966, musée national Marc Chagall, Nice. Photo © RMN-GP / Gérard Blot © ADAGP, Paris, 2020.

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