L’Iran est-il sur le point de militariser son programme nucléaire ?

Dans le dossier nucléaire iranien, nous devons séparer deux choses importantes afin de comprendre les dimensions de ce qui se passe dans cette affaire complexe. La première est la possession des connaissances et des capacités de production nécessaires pour enrichir l’uranium jusqu’à une pureté de 90 %, le niveau requis pour fabriquer une bombe nucléaire.

Ici aussi, il convient de faire la distinction entre les niveaux de capacité et de mise en œuvre. Par exemple, les preuves prima facie confirment, à tout le moins, que l’Iran possède la capacité technique ainsi que l’équipement nécessaire depuis de nombreuses années.

Mais il a choisi de reporter le passage à ce niveau d’industrialisation de l’uranium pour des raisons et des considérations que nous estimons être essentiellement de nature politique.

La seconde est la décision politique nécessaire pour passer au niveau de la mise en oeuvre, c’est-à-dire pour faire passer les connaissances et les capacités d’enrichissement à la phase opérationnelle en construisant une bombe ou en procédant à un essai nucléaire.

Il nous semble que toute la discussion se concentre encore sur la première partie, puisque la seconde décision politique reste une carte de manœuvre et que sa mise en œuvre est une question de temps.

Un rapport récent révèle que les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ont découvert de l’uranium enrichi à 84 % dans l’une des installations nucléaires autorisées de l’Iran. Cette découverte est importante car elle indique que l’Iran n’est qu’à 6 % de l’étape d’enrichissement nécessaire à la fabrication d’une arme nucléaire – un seuil qui, selon les experts, n’est pas un obstacle technique.

Cette révélation souligne l’urgence pour la communauté internationale de prendre des mesures, car l’Iran possède désormais officiellement de l’uranium enrichi au niveau requis pour la fabrication d’une arme nucléaire, selon les experts internationaux. Le dernier rapport de l’AIEA soulève des questions quant au moment où l’Iran a décidé d’autoriser les inspecteurs à révéler ce niveau d’enrichissement. Il est généralement admis que les inspecteurs ne voient que ce que l’Iran leur permet de voir. Quelle est l’étendue des activités d’enrichissement de l’Iran qui restent cachées s’il existe des indications officielles claires qu’elles ont dépassé le plafond d’enrichissement interdit  ?

Un porte-parole de l’Agence iranienne de l’énergie atomique a notamment rejeté la crédibilité du rapport des inspecteurs de l’AIEA, le qualifiant de mensonger. Toute cette situation semble faire partie d’une stratégie iranienne soigneusement orchestrée qui consiste à divulguer sélectivement des informations, à les nier, puis à les exploiter pour des manœuvres politiques et un jeu de pressions et de menaces mutuelles avec les nations occidentales.

Au début de l’année, le directeur général de l’AIEA, Raphael Grossi, a confirmé que l’Iran avait accumulé suffisamment d’uranium enrichi pour fabriquer des armes nucléaires. En décembre dernier, Téhéran a affirmé que sa capacité d’enrichissement de l’uranium avait atteint un niveau «  sans précédent  » et a déclaré qu’il n’avait pas l’intention de fabriquer une bombe nucléaire. La récente révélation des progrès réalisés par l’Iran en vue de se doter de l’arme nucléaire n’est donc pas une surprise.

Ce qui est plus intéressant, c’est le moment choisi par l’Iran pour rendre ces informations publiques. Il est probable que l’Iran ait intentionnellement divulgué ces informations pour les rendre officielles à un moment où il se rend compte que son dossier nucléaire est bloqué, que les négociations pour le renouvellement de l’accord nucléaire ont échoué ou sont au point mort, et que les sanctions internationales restent en place avec la probabilité de sanctions supplémentaires dans les mois à venir.

Le régime iranien pourrait envisager d’intensifier la pression sur les capitales occidentales afin d’augmenter les enjeux des menaces iraniennes dans un jeu calculé, reconnaissant qu’il est difficile pour les États-Unis de décider d’une guerre ou même d’une frappe militaire préventive contre l’Iran au cours d’une période aussi sensible et précaire dans les relations internationales. Par conséquent, nombreux sont ceux qui pensent que les récentes actions de l’Iran font partie d’une stratégie soigneusement planifiée.

La récente révélation de l’enrichissement de l’uranium par l’Iran a déclenché un jeu de manœuvres politiques. Selon le directeur général de l’AIEA, Raphael Grossi, l’Iran a accumulé suffisamment d’uranium enrichi pour fabriquer des armes nucléaires, alors que Téhéran affirme ne pas avoir l’intention de fabriquer de telles armes. Cependant, le moment où cette information a été divulguée est particulièrement remarquable, car l’Iran est actuellement confronté à des négociations pour le renouvellement de l’accord nucléaire et subit des sanctions internationales.

Les observateurs supposent maintenant que l’Iran pourrait délibérément intensifier les tensions afin d’accroître la pression sur les capitales occidentales.

On ne sait pas si cette tactique permettra d’atteindre l’objectif iranien souhaité ou si elle entraînera une réaction plus virulente de la part de l’Occident. L’aspect caché du programme nucléaire iranien reste un sujet de préoccupation, car le régime a fait preuve d’une grande expertise dans la dissimulation de ses efforts nucléaires au fil des ans.

Le comportement du régime iranien fait l’objet d’un examen minutieux, car il continue d’intervenir et d’imposer son influence et son hégémonie comme des atouts pour garantir une importante marge de manœuvre sans être soumis à une attaque militaire. Israël, en particulier, ressent une menace existentielle face aux capacités militaires croissantes de l’Iran et a un calcul stratégique différent de celui de son allié américain. À un moment donné, Israël pourrait devoir se protéger et se contenter d’un feu vert de Washington sans s’engager dans une éventuelle opération militaire. Il est clair que des attentes et des visions réalistes pour la phase suivante sont nécessaires pour naviguer dans cette situation complexe.

Dr. salem alketbi

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