Cette parasha est pour tous une parasha que l’on redoute à cause des malédictions qu’elle contient et je dois rappeler ici que justement, dans certaines communautés, on n’appelle aux montées de KI TAVO que des personnes âgées.

Dans d’autres kéhiloth (communautés), l’officiant baisse sa voix d’un ton.

 

Notre sidra commence par une promesse multifacettes où nous devons comprendre que Le Créateur ne nous demande pas de bien nous conduire et d’observer Ses préceptes sans contrepartie mais, nous obtiendrons, par notre adhésion aux mitsvoth, des pluies en temps voulu, et, la terre donnera ses fruits en leur saison et ainsi nous pourrons aussi prélever avec générosité les plus beaux fruits, les plus beaux prémices de notre bétail pour les offrir en remerciement au Tout Puissant….

Les choses ne sont pas simples étant donné que dans le sort de chacun entrent en ligne de compte non seulement le זכות אבות zekhout avoth ou mérite des pères mais aussi les mérites d’autres actions méritoires dont l’importance de chacune est inconnue de l’être humain.

L’éternelle question, de savoir pourquoi quelqu’un qui est un juste souffre alors qu’une autre personne moins méritante aux yeux de tous, réussit en tous points, se posera et s’imposera à l’esprit de tout être humain.

La réponse ne nous appartient pas: car des faits nous échappent et nous sont inconnus alors que l’Éternel est en possession de tous les tenants et aboutissants et qu’Il sait appliquer Sa justice.

C’est la raison pour laquelle, cette parasha vient rappeler qu’à tout moment et pour chaque acte, l’homme ne doit se départir de sa responsabilité non seulement pour lui-même mais vis-à-vis de ses propres enfants: d’une part pour leur servir d’exemple mais aussi pour qu’eux n’aient pas à souffrir de l’inconséquence des parents.

Cette inconséquence peut se voir à travers d’innombrables manquements à la voie tracée par la Torah mais pas seulement, elle peut se trouver dans un refus de l’adulte à assumer une responsabilité à quelque niveau que cela soit et, par exemple au niveau de l’installation dans le pays que l’Éternel a donné, comme le précisent les deux premiers versets riches d’enseignement de cette sidra :
והיה כי-תבוא אל-הארץ, אשר ה’ אלקיך נתן לך נחלה ; וירשתה, וישבת בה. ולקחת מכל-פרי האדמה, אשר תביא מארצך אשר ה’ אלקיך נתן לך—ושמת בטנא.

Quand tu arriveras dans le pays que l’Éternel te donne en héritage, quand tu en auras pris possession et t’y seras établi, tu prendras des prémices de tous les fruits de la terre, récoltés par toi, dans le pays que l’Éternel t’aura donné et tu les mettras dans une corbeille.

כי-תבוא en inversant les lettres du mot tavo l’on peut lire le mot avot: en effet, il est ici question de la terre que D. a promise à Avraham à Isaac et à Jacob en héritage: tout ce peuple qui est sorti d’Egypte et qui a erré 40 ans durant se trouve à présent au moment de l’entrée en pays de Canaan.

Cette promesse faite à Abraham où D. dévoila au patriarche un aspect de ce qui deviendra l’histoire d’Israël c’est-à-dire que le fils d’Avraham et Sara donnera naissance à une descendance qui s’avérera nombreuse mais qui pendant un temps sera avilie, humiliée et piétinée parce qu’elle ne sera pas sur sa terre, reviendra à cette patrie, ce pays qui a été promis aux patriarches où il sera le maître mais, saura se conduire avec aménité avec les étrangers.

Le mouvement « perpétuel » du peuple hébreu (עברי) est de quitter le pays où il est né, pour aller droit devant lui vers un pays que D. lui désigne, sans regarder en arrière, sans rien regretter et pas comme Edith, la femme de Loth qui a regardé derrière elle au moment de partir de Sodome !

Abraham et Sarah ont quitté Haran, sans se retourner, sans rien regretter en faisant confiance à D. et non pas comme ceux qui, bien qu’ayant assisté aux prodiges et aux miracles que D. a faits en Egypte se sont mis à regretter les concombres, les poissons, l’ail et les melons d’Egypte !

Puis, Abraham a dirigé ses pas vers l’Egypte y a subi des épreuves avant de quitter ce pays étranger pour revenir en Canaan.
En quittant l’Egypte, les enfants d’Israël ont subi des épreuves de manière à être purifiés du pays étranger et rentrer purifiés dans le pays promis en héritage des pères.

Les étapes sont celles-ci : tu devras venir du verbe לבא et puis tu recevras le pays en héritage, tu t’installeras ce qui implique un acte supplémentaire c’est de pratiquer des semences car, le commandement suivant est de prélever tous les prémices de la terre et de les offrir au Temple de Jérusalem, après qu’ils auront été disposés dans une corbeille.

Ces étapes viennent clairement schématiser le fait que : s’installer dans ce pays doté de principes extra ordinaires passe par un processus particulier et par le fait que toute action comme toute offrande doit être d’un « parfum agréable » à l’Éternel pour permettre au peuple de se sentir chez lui, et d’y rester de façon permanente et se conduire avec aménité vis-à-vis des étrangers car nous aussi avons été exilés en terre étrangère.

De la même façon que D. veut nous combler de bienfaits généreusement, nous devons mériter ces cadeaux et donc nous habituer à exécuter les commandements avec générosité ce qui nous remplira d’aise: bénédiction ?

Dans un certain sens oui car, il est écrit : « tu te réjouiras » c’est-à-dire se réjouir de tout acte que nous accomplissons. Plus loin nous voyons la promesse suivante : en adorant D. et en Le reconnaissant officiellement, Le Saint Béni soit-Il alors, nous distinguera d’entre tous les peuples et nous placera au-dessus de tous.

Or, souvent, le fait d’être un peuple que D. aime provoque de la part des autres nations une réaction inverse qui est la jalousie se manifestant par des actes regrettables à caractère haineux. Est-ce donc bien une bénédiction ?

C’est là qu’intervient, comme à chaque instant, notre yetser, notre penchant, le bon ou le mauvais qui va tenter d’attirer notre raison vers des limites que nous ne devons pas dépasser.

Le mauvais penchant est toujours là, éveillé, ער, pour nous entraîner vers des sentiers que D. nous déconseille d’emprunter. Les malédictions proférées le sont à l’encontre de celui qui voudrait profiter du plus faible : celui qui n’a personne pour le protéger comme la veuve, l’orphelin et même l’étranger, mais aussi contre celui qui profiterait de la faiblesse d’un handicapé par exemple.

Ou bien encore, contre ceux qui céderaient à l’immoralité et à l’inconduite dictée par des sentiments impurs de par leur nature ou de par la pensée qui conduit à l’acte.

Alors, pourrait-on s’interroger, pour quelle raison brandit-on la sanction qui interviendra si l’on n’observe pas la Torah ? Le Shlah Hakadosh précise qu’après avoir énoncé tous les commandements à haute voix, il était important aussi de répéter que la bénédiction promise sera tenue si l’engagement de la « fiancée » (Israël) envers son « époux » (HaShem) est tenu.

Cet avertissement ne peut être fait qu’à haute voix….. Et, de même que l’on ne reste jamais sur une mauvaise parole, Moïse revient sur tous les bienfaits dont HaShem comblera Son peuple, si celui-ci observe son engagement proclamé au Mt Sinaï – »naâssé venishmâ » soit « nous ferons et nous écouterons ».

Moïse réitère ses avertissements au peuple pour qu’il n’encoure pas « les foudres » d’un époux bafoué ou la colère d’un père aux enfants désobéissants et irrespectueux, pour pouvoir se perpétuer sur cette terre bénie et pour rester une entité et ne pas se retrouver dispersé, avili, amoindri parmi les nations qui ne connaissent pas l’Éternel.

Nous prierons pour que D. nous donne toujours la force de lutter contre notre mauvais penchant, pour pouvoir nous trouver toujours dans un sentier qui nous mènera vers la kedousha.

Caroline Elishéva REBOUH

 

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