Nochi Dankner était un entrepreneur emblématique du monde des affaires israélien. Charismatique, autoritaire, intelligent, beau gosse avec un air à la Alec Baldwin, ce golden boy incarnait l’air du temps d’une époque ; un Zeitgeist, avec un faible pour le capitalisme décomplexé, le goût du risque et des gros profits, une inclinaison pour l’argent facile. Il n’aura atteint les cîmes de la célébrité, que connaissent quelques rares grandes entreprises, que pour être saisi en plein vol par la ruine financière, les poursuites judiciaires, assorties de condamantions à des peines de prison ferme.

Dankner, âgé de 62 ans, a été condamné le 5 décembre pour manipulation boursière. Il a écopé de deux ans de prison et d’une amende de 800 000 shekels. Il a été contraint de démissionner de BID Development, sa société de gestion de portefeuille, qu’il aura précipitée en 10 ans de présidence, d’une valeur boursière de 10 milliards de dollars, au bord de l’insolvabilité.

La loi des séries ?

Dankner n’est pas le seul à essuyer un cuisant revers de fortune. Dans la semaine de sa condamnation, le même tribunal de Tel Aviv a ordonné la mise sous séquestre des actifs d’un autre magnat des affaires israélien, Eliezer Fishman. Âgé de 73 ans, président déchu de la Société économique de Jérusalem et propriétaire du quotidien économique Globes, ce septuagénaire comptabilise 4,5 milliards de shekels de dettes en souffrance. Sa condamnation est survenue suite à une demande de mise en faillite, émanant de l’administration fiscale, qui lui réclame 196 millions de shekels d’impôts impayés.
En juin, le magnat de l’immobilier Moti Zisser, fondateur de plus de 50 centres commerciaux en Europe et en Israël, est mort d’un cancer à l’âge de 61 ans, après avoir perdu ses entreprises phares Elbit Imaging et Europe Israel, qui croûlaient sous les dettes. La mise sous séquestre de son opulente villa de Petah Tikva a courronné sa faillite.

En 2014, le conseil d’administration de Scailex Corp., successeur de la chaîne de haute technologie Scaitex, a congédié son président Ilan Ben-Dov.  En août 2009, Ben Dov avait acquis le contrôle des Communications Partenaires de Hutchison Telecommunications International pour 4,7 milliards de shekels (environ 1,38 milliards de dollars), l’une des transactions les plus importantes jamais vue sur le marché israélien. Cet achat par endettement de 5,3 milliards de shekel, avait été financé par des prêts fournis par les institutions financières qui ont racheté ses obligations, les banques ainsi qu’avec un prêt du vendeur de Hutchison. Avec pour conséquences fâcheuses, de se voir poursuivi par la Banque Leumi, lui réclamant 62 millions de shekels de dettes impayées, la saisie de ses actions, de ses propriétés et de ses sept comptes bancaires.

Enfin, bien que moins spectaculaire, la chute du magnat du diamant Lev Leviev ne manque pas de piquant. Après avoir acheté la société holding Africa Israel dont la valeur sur le marché boursier promettait initialement de doubler, pour atteindre les 7 milliards de dollars, celle-ci s’est effondrée et les deux rééchelonnement de la dette par les détenteurs des obligations, lui ont réclamé 3,2 milliards de shekels de dettes impayées.

Bien évidemment, les sagas de ces entreprises, riches en rebondissements spectaculaires, dépassent les individus qu’elles mettent en cause et, de fait, témoignent de la fin d’une époque où le destin de l’entrepreneur-roi, nouveau héros du sionisme post-socialiste,  part en vrille, comme celui de n’importe quel spéculateur boursier ordinaire.

La tribu Dankner

Cela dit, le cas de Dankner est unique, pour trois raisons. Tout d’abord, son cousin, Danny Dankner, ancien président de la Bank Hapoalim, est lui aussi un magnat déchu. Une affaire de famille en quelque sorte. Deuxièmement, parallèlement à leur chute financière, les deux magnats ont pareillement été condamnés par la justice. Troisièmement, et c’est le plus significatif, les Dankners sont des nantis bien nés, alors que les autres barons déchus étaient des self-made men, des hommes qui s’étaient fait tous seuls et avaient gravi eux-mêmes les échelons du succès.

Les origines de la tribu DANKNER sont enracinées dans la Palestine ottomane. Meir, l’arrière-grand-père de Nochi, s’est illustré en rejoignant les fondateurs de Petah Tikva après avoir assassiné son père, en présence de son fils, dans la scierie paternelle en Austro-Hongrie.

Le fils de Meir, appelé Moshe, qui était donc le grand-père de Nochi Dankner, a décroché  une franchise de l’empire du diamant ‘De Beers’ et a créé une usine de diamants de 100 employés, à Netanya. Quant au frère de Moshe, Oved Ben-Ami, il est le fondateur de Netanya et a été son maire pendant près de 40 ans.

Une affaire de famille

En 1957, Moshe a acheté le principal producteur de sel israélien, Salt Industries Inc., que James Rothschild destinait à l’État juif. Il a partagé son empire, basé sur le sel et les diamants, entre ses 11 enfants issus de ses deux mariages : les six enfants de la première épouse ont hérité du commerce de diamant et les cinq enfants de sa deuxième épouse se sont partagé le reste.

C’est ainsi que l’une des premières sociétés de holding familiale d’Israël, Dankner Investments, a prospéré dès 1957 en restant dans les mêmes mains, accroissant régulièrement ses actifs, allant de l’immobilier aux industries chimiques. Pendant la période qui fut l’âge d’or de la dynastie, au fur et à mesure que le pouvoir se transmettait à la génération suivante, c’est à dire celle du père et des frères et sœurs de Nochi, l’oncle Shmuel s’imposa comme principal décideur.

Les frères et sœurs possédaient des parts égales dans la holding, mais confiaient la direction de leurs affaires à trois d’entre eux: l’un dirigeait l’industrie du sel, l’autre dirigeait les industries chimiques, et Shmuel tout le reste. Âgé aujourd’hui de 86 ans, il aura prouvé au cours de son règne, sa capacité à saisir le vent et le cours de l’histoire, pour assoir son sens des affaires.

Dans les années 1980, alors que les prémisces de l’âge d’or du câble commençait à poindre en Israël, Shmuel investit dans l’opérateur de câble Matav et, dans le sillage du développement économique d’Israël, il créa, Dor Energy, futur célèbre fournisseur de carburant. Puis, au fur et à mesure que l’immigration russophone s’accélérait, il intensifia la construction de quartiers entiers en Israël, avec des tours de bureaux et des centres commerciaux. Et tandis que le communisme commençait à battre de l’aile, il pris la tête d’un consortium international et orchestra la privatisation du système téléphonique polonais.

Voulant s’expliquer sur sa décision d’investir en Pologne, Shmuel Dankner avait déclaré qu’il visait de se tailler la part du lion de l’économie post-communiste, destinée à devenir  considérable, mais disposant en prime d’un système judiciaire fiable. Les paysages lunaires qui s’étendaient à l’est de la Pologne, n’offrant pas le genre de cadre légal, avec lequel il comptait faire son beurre.

La relève et les premières turbulences

Au fur et à mesure que le nouveau millénaire se profilait, et que la relève faisait entendre ses premiers balbutiements dans la salle de réunion du groupe, l’équilibre entre prise de risque et prudence, prônée par l’oncle Shmuel, connaissait ses premières turbulences.
Les règles prônées par la famille DANKNER voulaient que le pouvoir restât dans le clan et passe progressivement aux mains de la génération suivante.

Ils s’accordaient aussi sur le fait que, parmi les 16 cousins qui ​​appartenaient à la nouvelle génération, Nochi, un avocat prospère d’une quarantaine d’années, était le mieux qualifié pour diriger l’empire. La question était de savoir dans quelle direction. Nochi et son cousin Danny avaient envie de faire leurs armes dans le milieu bancaire, au grand dam de l’oncle Shmuel, qui désaprouvait cette décision.

En 1997, les deux téméraires cousins ​​ont donc acheté, par le biais de Salt Industries, une participation de 11,6% dans la Bank Hapoalim à hauteur de 1,4 milliard de shekels. Pour l’empire familial qui jouissait d’une harmonie parfaite depuis plus de 40 ans, c’était le début de la fin. Deux ans plus tard, Nochi et Shmuel se séparaient avec fracas, l’oncle Shmuel rachetait les actions de son neveu pour 100 millions de dollars ainsi que celles du père de Nochi, Yitzhak.

Une chute qui passe par la case prison

Nochi et Danny, étaient un duo de Sabras, mondains et ambitieux. Le premier, rédacteur en chef de la revue de droit de l’Université de Tel-Aviv, avait obtenu un MBA à l’Université du Massachusetts et les deux hommes avaient pris leurs distances avec la tutelle familiale et ses contraintes.

2003 sera l’année du grand coup de poker de Nochi, avec l’achat de BID Development, et 2007 le point culminant de l’ascension de Danny, avec sa nomination comme président de la Bank Hapoalim. Des deux comètes, Danny sera celle qui ce sera consumée le plus vite.

Dans un geste exceptionnellement interventionniste, le gouverneur de la Banque d’Israël, Stanley Fischer, contraindra Dankner à la démission de la présidence de Hapoalim, à peine deux ans après sa nomination.
Bien que cette décision ne sera pas officiellement justifiée, elle sera largement considérée comme ayant été dictée par le professionnalisme et la prudence, notamment pour éviter à la banque des investissements hypothécaires pendant la crise des subprimes; des achats imprudents de banques ukrainiennes et russes; et l’éviction du conseil d’administration de l’administrateur public et de l’économiste respecté Amir Barnea, apparemment pour avoir été trop curieux.

La prison viendra couronner le tout en 2013, lorsque Danny Dankner sera condamné, entre autres choses, pour s’être octroyé un prêt personnel, auprès de la banque qu’il dirigeait et pour avoir fait des faveurs bancaire à un partenaire commercial turc, sans en informer son conseil d’administration.

L’aventure banquière de Dankner se soldera par une condamnation à un an de prison, ramenée à huit mois fermes, dont il en purgera effectivement six mois, avant d’être rattrapé et condamné pour corruption et blanchiment d’argent dans l’affaire Holyland pour laquelle Ehud Olmert sera également condamné. Danny Dankner purge donc aujourd’hui une peine de deux ans.

Chronique d’une ruine annoncée

Le processus qui a signé la ruine de Nochi Dankner fut sensiblement différent. Ancien commandant du renseignement de l’armée de l’air, les grandes décisions de Nochi Dankner en affaire furent des tentatives pour anticiper les grandes tendances à venir de l’économie israélienne.
La première de ces cibles d’investissement fut le secteur du voyage. Danker avait de bonne raisons de croire que cette industrie connaîtrait une envolée à la faveur du développement de la classe moyenne israélienne. Les régulateurs ouvraient alors plusieurs routes aériennes et les rendaient accessibles à de nouveaux concurrents.

C’est ainsi qu’est né ‘Ganden Tourism and Aviation’, une entreprise avec laquelle il a acheté Israir, une compagnie aérienne domestique et de charter, qui a progressivement rivalisé avec El Al, même pour les vols vers New York.

C’est par l’entremise de Ganden que Dankner a acheté la BID en 2003 à la famille Recanati. Cet investissement semblait tomber à point nommé, compte tenu du fait que cette holding avait grandement souffert de la deuxième intifada, qui tournait finalement en faveur d’Israël.

Dankner a d’abord fait des investissements raisonnables, alimentant ses affaires de liquidités nouvelles, en remettant en selle d’anciens avoirs tels que les actions de Scaitex et de la Bank Discount, et en se débarrassant rapidement des sociétés déficitaires par pertes et profits.

En outre, à une époque où les téléphones portables devenaient un secteur clé de la vie personnelle des individus, Dankner, vétéran des services de renseignement, a saisi les opportunités offertes par l’époque : il a diversifié les investissements au sein de Cellcom et vendu ses actions à Wall Street, consolidant ainsi sa domination sur le marché israélien, tout en se renflouant d’argent frais.

Dankner a intensifié sa présence au sein des ménages israéliens, par le biais de l’industrie du commerce de détail. Déjà propriétaire de la chaîne de supermarchés Shufersal, leader sur le marché, il a acheté la troisième société à la tête de cette industrie, le Clubmarket, qui battait de l’aile, pour les faire fusionner, consolidant son monopole sur le secteur de l’industrie des chaînes d’alimentation.

Dankner a ensuite acheté le conglomérat Koor à la famille Bronfman, qui comprenait le centre de technologie high-tech ECI et le géant de la protection des cultures Makhteshim-Agan. À ce moment-là, la valeur totale des entreprises de Dankner était estimée à environ 100 milliards de dollars, ce qui faisait de lui le numéro 1 des hommes d’affaires israéliens.

S’il avait été capable d’un soupçon de retenue, Dankner aurait pu survivre aux bouleversements des années à venir en faisant le dos rond, mais son appétence en affaire l’entraînait irrésistiblement vers de nouvelles aventures, tandis qu’il anesthésiait l’officier du renseignement en lui.

Les trois grands tsunami qui ont secoué le monde de l’entreprise
Dankner n’a pas vu venir les trois grands tsunamis qui ont secoué le monde de l’entreprise. Le premier fut la crise des subprimes.

Au printemps 2007, Dankner et le magnat de l’énergie Yitzhak Teshuva firent l’acquisition de l’hôtel et casino New Frontier sur le Las Vegas Strip. L’objectif était de le démolir afin de construire à sa place une réplique de 5,7 milliards de dollars du fabuleux Plaza Hotel Teshuva de Manhattan.

La phase de démolition se passa sans problème. Mais au moment de se lancer dans la reconstruction, l’effondrement de Wall Street est en marche, le marché immobilier était dans le rouge et le marasme ambiant eût raison du projet, qui fut annulé. Ce fiasco coûta à Dankner 300 millions de dollars.

Sa deuxième erreur d’évaluation qui lui fût fatale concerna le secteur bancaire suisse. Après avoir progressivement dépensé près de 7 milliards de shekels pour une participation de 3,24% dans Credit Suisse, la deuxième plus grande banque suisse, Dankner semblait à l’abri, même après la crise de Wall Street.

Le problème était que les autorités de divers pays, sous la houlette des États-Unis, enquêtaient sur la complicité présumée du Credit Suisse dans les évasions fiscales des clients, allégations qui finirent par être justifiées. Comme les résultats de l’enquête commençaient à transpirer, le prix des actions de la banque se mit à dégringoler pour tomber en deux ans de 60 à 20 francs suisses. Dankner avait maintenant un autre investissement en chute libre, et son échec dans les Alpes fit écho à celui du Nevada.

La fin des monopoles

Mais la pire erreur de jugement de Dankner, en matière d’anticipation, s’est produite dans sa patrie. L’éruption du mouvement de protestation sociale au printemps 2011 a attiré l’attention de l’opinion publique sur les monopoles, tenus pour responsables de l’augmentation des prix à la consommation.  Dankner jouera son va tout dans deux domaines : les supermarchés et les téléphones portables.

Or, la nouvelle susceptibilité des consommateurs faisant fuir les clients, a engendré une sévère pression pour contenir les prix tout en grêvant les revenus de Shufersal. Pire encore, les pressions exercées par les politiciens, nouvellement motivés pour imposer la concurrence, ont finalement abouti à la restructuration du marché des communications mobiles, qui, a entraîné dans son sillage, une réduction très nette des bénéfices de Cellcom.

Avec toutes ces tempêtes provenant d’horizons totalement différents, qui s’accumulaient sur son empire, il s’avérait maintenant que les investissements lointains de Dankner avaient été disproportionnés. La société de portefeuille qu’il avait rachetée exempte de dettes, devait maintenant quelque 2 milliards de shekels.
Pour sauver sa position, Dankner a pris le taureau par les cornes. Il a décidé de vendre à nouveau des actions. Hélas, son entreprise se trouvant dos au mur, Dankner eût la faiblesse d’opter pour une porte de sortie malhonnête ; le délit d’initié. Un de ses collègues a acheté des actions la veille de leur vente publique sur le marché à un prix artificiellement gonflé. Son audition par la commission d’enquête ne s’est pas fait attendre, de même que son renvoi de la BID.

FINANCIÈREMENT, autant l’ascension des sommets opérée par Nochi Dankner fut un coup de maitre de la veine de ceux des magnats de son temps, autant sa chute fut un morceau d’antologie qui s’inscrit dans le sillage d’une époque. Toute la profession, et ce, dans tous les domaines,fit des emprunts excessifs et des investissements malheureux – y compris Teshouva. Pour autant, sa banqueroute totale aura été évitée, grâce à son rôle central dans les énormes découvertes de nappes de gaz au large des côtes israéliennes.

De la même façon, il faut souligner le fait que le génie des affaires qui caractérisait ces magnats a bénéficié d’une décennie de privatisations qui a rendu possible cet âge d’or des entrepreneurs, les auréolant au passage d’une sagesse dont les gouvernements sont  cruellement privés. Cette époque est maintenant révolue, car tous ont appris à leurs dépends que contrairement à la déclaration mémorable de Michael Douglas dans le film Wall Street, la cupidité ne paye pas, même aux barons de la finance.

Or les Dankners étaient d’une origine sociale différente. Nochi et Danny sont nés avec des cuillères en argent dans la bouche. Au contraire des autres magnats.  Les parents de Zisser, survivants de la Shoah, étaient pauvres. Fishman, arrivé de Russie à l’âge de cinq ans, a vécu avec ses parents dans un camp d’immigrants. Leviev, immigré en Israël de Boukhara, a travaillé dès l’âge de 15 ans comme apprenti à la coupe de diamant et Ben-Dov, élevé très modestement dans le sud de Tel-Aviv vendait des sabras (fruits de cactus) aux passants.

Cela pourrait expliquer pourquoi les Dankner n’avaient pas les défauts des nouveau-riches. Leviev par exemple, faisait des acquisitions compulsives de terrains, y compris d’un manoir de 70 millions de dollars dans le quartier de Highgate à Londres et d’un terrain de 61 millions de shekel à Savyon, comptant parmi les plus grandes propriétés privées d’Israël, assortie d’une propension à habiter des demeures somptueuses.

N’ayant jamais connu la misère et ayant toujours eu accès à de l’argent de famille, les Dankners ne sont pas partis de rien et n’éprouvaient pas le besoin d’impressionner les gens en exposant leurs richesses personnelles de façon ostentatoire. Ils ont simplement eu la faiblesse de vouloir être des plus gros poissons que l’oncle Shmuel.

Amotz Asa-El – Jerusalem Post

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