Clôturant sa harangue par un cantique, Moïse y insiste, entre autres, sur le fait que nous ne sommes chacun qu’un maillon d’une longue chaîne qui remonte loin dans les siècles. Nous faisons partie d’une longue histoire et ne pouvons nous définir qu’en nous référant à tous les événements du passé qui ont forgé notre personnalité.

II était donc normal que, quarante ans après la constitution des enfants d’Israël entant que peuple, Moïse les appelât à se retourner un tant soit peu sur leur passé, d’en tirer la leçon, de s’en pénétrer profondément, avant de reprendre la marche vers l’avenir. Ce retour en arrière pouvait constituer, à ce moment-là, un stimulant fort profitable et on comprend que Moïse y ait fait appel. Mais était-ce vraiment dans ce seul but que Moise y a procédé ?

En réalité, ce qui lui importait, au moment où il allait quitter ce monde, c’était de faire comprendre à nos ancêtres, – cette nouvelle génération qui, seule, contrairement à la précédente disparue dans le désert, allait entrer en Canaan – leur responsabilité dans le déroulement de l’histoire de leur peuple. Le cours de cette histoire dépendait de chacun d’eux individuellement dans le passé.

II reposera sur chacun d’eux dans l’avenir.

Oui, chacun de nous a besoin de se tourner vers son passé de le sentir, de le comprendre et de s’y rattacher.

C’est grâce aux événements de notre histoire, grâce au comportement courageux de nos ancêtres, que la chaîne est parvenue solide jusqu’à nous et que nous avons pu y relier le maillon que nous formons. Le passé est donc pour nous riche en enseignements.

Mais ce retour vers le passé ne suffit pas; il nous faut encore consolider cet anneau nouveau que nous sommes afin d’assurer à tout prix la continuité de la chaîne; il nous faut nous tourner surtout vers l’avenir et prendre des dispositions utiles pour que la chaîne s’allonge sans cassure, quelles que soient les circonstances -heureuses ou malheureuses -de l’heure.

Dans le passé, nos ancêtres ont su maintenir intact, dans des conditions souvent très difficiles, chaque anneau de la longue chaîne qui les rattachait au passé. Ils puisaient leur force dans leur fidélité absolue en D.ieu et dans leur espérance tout aussi absolue en l’homme. A nous d’en faire autant pour éviter toute fêlure dans la longue chaîne des générations qui est venue jusqu’à nous.

L’histoire fait partie de la conscience de notre peuple; elle doit nous servir de tremplin pour mieux préparer son avenir.

LE RABBIN JEAN SCHWARZ

lamed.fr

 

Dans la sidra Nitsavim le peuple a reçu une très « chaude recommandation », celle d’opérer un retour sur nous-mêmes, de faire teshouva.

Cette péricope traite elle aussi de Teshouva mais la différence est dans le nombre : ici, le peuple tout entier est concerné par cette teshouva attendue par D.

Le verset 7 attire notre attention tout d’abord où l’homme est appelé à se placer sur l’échelle du temps de manière à pouvoir se référer au passé et ainsi s’appuyer sur des faits : « זכור ימות עולם בינו שנות דור ודור, שאל אביך ויגדך זקניך ויאמרו לך.. »
Moïse entend par là que chaque membre du peuple doit s’intéresser sans se dissocier du passé du peuple car l’existence et tout ce qui a fait l’histoire n’a pas intéressé des individuels mais une collectivité entière et l’homme ne doit nullement se désolidariser de son passé et de son peuple et savoir son origine ainsi qu’il est écrit « ימות עולם ».

Par ce biais, l’homme peut apprendre les erreurs du passé et éviter de retomber dans les mêmes ornières et de cette manière, il est possible de comprendre par quel moyen l’on peut se rapprocher de D.

En effet, lorsque l’individu commet une faute, il n’a qu’à demander pardon au Créateur qui s’est « retiré » et pour que D. se rapproche de l’homme à nouveau, il faut faire un retour sur soi-même, reprendre l’étude de la Torah par exemple pour constater que D. est à nouveau « présent ».

Lorsque le peuple faute, il doit dans son intégralité faire un retour, et faire tous les efforts possibles pour nous rapprocher de D et provoquer ainsi un retour de la Shekhina auprès du peuple.

D. S’est retiré de Son peuple, Qui en est responsable ? Chacun individuellement en ne tentant pas, par exemple, de réprimander son voisin ? En négligeant des mitsvoth ? En agissant de telle façon que D Se voile la face et se retire du monde ?

Et lorsqu’il est écrit voici devant toi se trouvent la malédiction et la bénédiction, tu choisiras la vie. Tu choisiras la bénédiction. Est-ce ainsi que le peuple peut faire revenir la Shekhina.

Moïse lance un appel poignant au peuple avant de « rejoindre ses pères ». Pour ce faire, il désire prendre pour témoins « les cieux » et la terre, c’est-à-dire le cosmos tout entier. Il veut insister pour que le Peuple tout entier se rapproche de la Torah.

Que le peuple fasse Teshouva. La Teshouva réclamée peut se faire même si l’individu n’a pas commis de faute. Il faut qu’il éprouve le désir ardent de faire revenir la Shekhina parmi les hommes.

Dans le service effectué par les Cohanim, nous pourrons voir de quelle façon la Majesté Divine va être ramenée ici-bas, sur terre depuis le « septième ciel ».

Après avoir pratiqué la cérémonie d’imposition des mains sur les taureaux qui vont être sacrifiés en rachat des fautes des grands prêtres et des familles des grands prêtres, après avoir tiré au sort entre les deux boucs : celui qui sera sacrifié pour racheter tous les péchés de tout Israël et le bouc émissaire qui sera précipité d’une montagne dans le désert de Judée et après avoir aussi imposé ses mains sur le bouc sacrifié pour y confesser tous les péchés d’Israël, le sang sera aspergé sur l’autel selon le cérémonial donné : le cohen asperge l’autel d’une goutte de sang vers le haut.

Tout se passe alors comme s’il tendait la main vers le Saint béni soit IL pour L’accompagner à descendre marche après marche, degré après degré ou ciel après ciel les sept cieux qui Le séparent de nous.

C’est ainsi que cela est décrit d’ailleurs dans le « seder ‘haâvoda » lu pendant le moussaf de Kippour : un, un et un (une goutte pour un ciel); un et deux (une goutte et on arrive au deuxième ciel), un et trois (une goutte et on arrive au troisième ciel) et ainsi de suite jusqu’au septième degré depuis le Haut, puis, le cérémonial pour raccompagner la Majesté Divine de la terre jusqu’au septième ciel se trouvera à la fin de l’office de la Néîla de Kippour.

A ce propos, il est à souligner un comportement que beaucoup adoptent : dès après la sonnerie du shofar, beaucoup de fidèles plient leur talith et s’en vont car, ils pensent que le son du cor ayant retenti tout est terminé or, il s’agit d’une erreur grave : il reste à « raccompagner » la Majesté Divine vers le « septième ciel » c’est-à-dire qu’au moyen du verset-profession de foi suivant : ה’ הוא האלוקים L’Eternel est notre D (Ado-nay ‘hou ‘haElo-‘him) répété sept fois, nous raccompagnons l’Eternel vers Son trône.

Ainsi, tout se passe comme si, après avoir accueilli un invité de marque qui nous honore de sa présence, tout-à-coup, nous nous levons et l’abandonnons. Tout cela pour vite aller boire et manger quelque chose…..

Et, si nous restions à la synagogue encore dix ou quinze minutes après avoir jeûné déjà 25 heures que se passera-t-il ?
Se restaurer est-il plus important que de dire au revoir à l’invité de marque ?
Nos fautes ne sont pardonnées que grâce à Yom Kippour, ne montrons pas notre désir si matériel en partant de la synagogue un peu trop tôt. Ne montrons pas notre impatience à notre D qui nous pardonne alors que l’homme désobéit constamment.

Dans la péricope de ‘Haazinou se trouve un commandement par l’exécution duquel nous allons trouver la réponse à la question que nous nous posons : comment savoir pourquoi nous sommes fautifs dans toute chose ?

Dans le chapitre XXXI du Deutéronome, D. ordonne de mettre par écrit ce poème « haazinou » – certains commentateurs enseignent que la locution « hashira ‘hazoth » ne concerne pas uniquement le poème qui commence cette sidra mais la Torah tout entière.

 

Et, c’est la raison pour laquelle, Moïse, recopia (écrivit) des sifré torah pour que chaque tribu ait la sienne et un autre qui serait conservé dans le Temple pour le cas où l’on aurait besoin de rectifier une « erreur » qui aurait pu se glisser dans l’un des sifré Torah.

Le grand Prophète écrivit ces treize sifré Torah en un temps record aidé en cela par un miracle suscité par le Créateur. Non seulement il l’écrivit כתב mais encore il l’enseigna לימד אותה.

Au chapitre XXXII des versets 44 à 47 nous relevons six fois le mot כל ou provenant de la racine כל. Le mot כל est composé des initiales כ de כתבו et de ל provenant du verbe « enseigner » ללמד.

Et, ce que le texte veut nous faire comprendre c’est que si nous n’écrivons pas la Torah et si nous ne l’enseignons pas (allusion à la Torah écrite et à la Torah orale), alors, nous risquons de nous trouver dans la position que décrit le verset 47 : כי לא דבר ריק הוא מכם כי הוא חייכםcar –cette Torah – n’est pas une chose vide elle est votre existence.

C’est-à-dire que, lorsqu’il nous est conseillé de choisir la vie c’est-à-dire la Torah, nous considérons que par notre choix/action/modus vivendi d’après la Torah, en l’écrivant et en l’enseignant nous donnons son plein sens non seulement à la Torah mais à la vie elle-même.

En consacrant un peu de temps à l’étude et un peu de notre temps à nous rapprocher de D. nous nous éloignons de la faute et, nous participons activement à la finalité de l’homme juif.

Caroline Elisheva REBOUH

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