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France: affrontements entre « l’ultra-droite » et musulmans?

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Voir la critique de cette réduction des valeurs de la France à des communautés qui s’affrontent. 

«Moins de 10% des membres de l’ultra-droite seraient prêts à passer à l’action»

Le politologue Stéphane François décrit les contours et les moyens d’action de cette mouvance que le patron de la DGSI voit entrer en guerre avec « le monde musulman »…

Des manifestants identitaires lors de la marche pour la libertŽ du bloc identitaire Lyonnais le 14 mai 2011.

Le patron de la DGSI n’a pas fait dans la demi-mesure. Auditionné en mai par la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015, Patrick Calvar a expliqué redouter à terme « une confrontation entre l’ultra-droite et le monde musulman – pas les islamistes mais bien le monde musulman ». Ses propos, rendus publics ce mardi, questionnent sur la nature de cette « ultra-droite », petite constellation de groupes aux revendications et méthodes variées. Le politologue Stéphane François, chercheur au CNRS et spécialiste des droites radicales, explique à 20 Minutes les spécificités de la mouvance.

Comment définir l’ultra-droite ?

C’est ce qu’il y a à droite du Front national, plus radical que le FN. On estime que cela représente une population assez constante de 4.000 à 5.000 personnes, divisée entre quinze à vingt groupes. Certains refusent l’étiquette, mais on peut y mettre le Bloc identitaire, les Jeunesses nationalistes, l’Action française ou ce qu’il en reste, des skinheads, des néo-nazis, etc. Alain Soral, par son côté antisémite voire négationniste, y figure de facto. Certains membres de la Manif pour tous font partie de l’ultra-droite aussi.

Ces différentes entités font-elles preuve de cohésion entre elles ?

Pas forcément. Certes, il y a un même rejet de l’Islam, du monde arabo-musulman en général, des Juifs parfois, de la République, des avancées de la société (le mariage pour tous par exemple). C’est un fond commun. Mais il n’y a pas une bonne entente entre les différents groupes. Prenez des cathos tradis, mettez-les dans la même pièce que des païens néo-nazis, ça finit très mal. Le Bloc identitaire est plutôt régionaliste quand d’autres groupes qui se réclament de Vichy sont jacobins. Ce qui participe aussi à la mésentente, ce sont les querelles d’égos, de chefs. Ils se prennent pour des petits chefs, c’est une caractéristique. On peut y voir une forme de trotskysme de droite : rassemblez trois trotskystes, vous avez deux scissions. Ce sont des groupes qui fusionnent, se déchirent, trouvent de nouveau des accords, et ainsi de suite.

Il n’y a aucune figure tutélaire ?

Dominique Venner [ essayiste qui s’est suicidé en 2013 dans la cathédrale Notre-Dame] est l’icône commune, la figure de l’intellectuel guerrier. Depuis les années 1960, il refuse ce qu’il appelle le Grand remplacement. C’est une constante chez lui, c’est un ancien de l’OAS qui a fait de la prison pour son soutien au putsch des Généraux en 61. Il était tout sauf bête, mais d’après les rapports de police, il était considéré comme un dangereux psychopathe. Mais aujourd’hui, aucun leader de groupe ne fait l’unanimité. On peut citer Fabrice Robert du Bloc identitaire, Yvan Benedetti de l’Œuvre française, Alexandre Gabriac, fondateur des Jeunesses nationalistes, Soral évidemment. Il y avait aussi Serge Ayoub du mouvement Troisième voie, mais depuis l’affaire Méric, il est en retrait de la politique.

Les entraînements paramilitaires de l’ultra-droite sont-ils une réalité ?

Il y a effectivement une tradition d’entraînement paramilitaire dans ces milieux-là. Il y a eu des passages de témoins d’anciens de l’OAS, de l’extrême droite violente des années 1960-1970. Certaines structures néo-nazies et fascistes s’entraînaient jusque dans les années 1990. Le font-ils encore ? Difficile à dire, il n’y a plus d’infiltration du renseignement dans ces groupes depuis très longtemps. Je suppose que oui, un groupe de skinheads picard, le White Wolf Klan, avait été arrêté en 2015 par les gendarmes, et eux s’entraînaient. Les entraînements au combat, vous en avez au Bloc identitaire. Officiellement, pour s’entraîner au combat de rue, officieusement pour canaliser la violence de ses membres. Maintenant, tous ne sont pas violents, les catholiques tradis par exemple. La violence militante existe encore, mais tend à disparaître.

Entre l’absence de leader établi, d’entraînement et de réelle cohésion de pensée, peut-on donner du crédit aux propos du directeur de la DGSI ?

J’ai du mal à croire à une action commune. Le thème du Grand remplacement et du combat identitaire peut être fédérateur au sein de l’ultra-droite. Mais c’est actuellement peu plausible. Pour les raisons précitées d’abord, mais aussi pour une explication toute bête : il y a beaucoup de bras cassés là-dedans. Sur les 5000 membres au maximum, moins de 10 % seraient prêts à passer à l’action. Dans leur globalité ils sont inoffensifs. Toutefois, individuellement, y en a toujours un qui est prêt pour un passage à l’acte violent. Cela peut être une ratonnade, un nouveau Breivik… là-dessus il y a beaucoup de possibilités. Il n’y a qu’à voir la personne arrêtée en Ukraine récemment.

 

Le patron du renseignement français craint une confrontation entre « l’ultra droite et le monde musulman »

Patrick Calvar, le patron de la DGSI, a déclaré craindre « une confrontation inéluctable » entre « l’ultra droite et le monde musulman », lors d’une audition devant une commission d’enquête parlementaire.

Le directeur général du renseignement intérieur français (DGSI) Patrick Calvar affirme craindre « une confrontation entre l’ultra droite et le monde musulman », selon la retranscription de son audition à huis clos devant la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015, rendue publique ce mardi.

« Je pense que nous gagnerons contre le terrorisme. Je suis en revanche beaucoup plus inquiet de la radicalisation de la société et du mouvement de fond qui l’entraîne », avait-il déclaré le 24 mai.

« C’est ce qui m’inquiète quand je discute avec tous les confrères européens : nous devrons, à un moment ou un autre, dégager des ressources pour nous occuper d’autres groupes extrémistes parce que la confrontation est inéluctable », a-t-il estimé. Et de préciser : « Vous aurez une confrontation entre l’ultra droite et le monde musulman – pas les islamistes mais bien le monde musulman ».

Le patron de la DGSI avait tenu des propos similaires le 10 mai devant la commission de la Défense nationale de l’Assemblée nationale.

« L’Europe est en grand danger : les extrémismes montent partout et nous sommes, nous, services intérieurs, en train de déplacer des ressources pour nous intéresser à l’ultra droite qui n’attend que la confrontation », avait-il alors affirmé.

Empêcher des « affrontements intercommunautaires »

Et d’ajouter : « Encore un ou deux attentats et elle adviendra. Il nous appartient donc d’anticiper et de bloquer tous ces groupes qui voudraient, à un moment ou à un autre, déclencher des affrontements intercommunautaires ».

Début mai, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait annoncé que les actes anti-musulmans avaient baissé de 80 % au premier trimestre 2016, par rapport à la même période l’année précédente.

En 2015 justement, le nombre des insultes, d’agressions visant des fidèles musulmans ou d’attaques de mosquées avait bondi de 281 % au cours des six premiers mois de l’année 2015, comparé à la même période en 2014, selon le rapport annuel sur les droits de l’Homme publié par le secrétariat d’État américain, qui s’appuyait sur les chiffres de l’Observatoire contre l’islamophobie du Conseil français du culte musulman (CFCM).

Avec AFP – 20 Minutes.fr

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LACHKAR Norbert

CE QUI NOUS DIFFERENCIE DES MUSULMANS,C’EST QUE NOUS AVONS UN CERVEAU ET NOUS NE SOMMES PAS ENCORE DECIDES A TUER DES « INNOCENTS » MAIS TROP,C’EST TROP ET CELA RISQUE DE BASCULER TRES RAPIDEMENT.COMME DIRAIT L’AUTRE, »ON APPREND A HURLER AVEC LES LOUPS ».IL SUFFIT D’UNE ETINCELLE OU ALORS,C’EST QUE NOUS BAISSONS NOS PANTALONS ET QUE L’ISLAM A GAGNE,MAIS CA,JE NE LE CROIS PAS DU TOUT!!!!!!!

André

Soral est atypique dans cette extrême-droite car il prône l’alliance (délirante) en France des catholiques et des musulmans soit disant « patriotes » contre les juifs et autres « judéo-protestants »…
Sa « judéophobie », terme qu’il emploie lui-même pour définir son sentiment vis-à-vis des juifs et du judaïsme, l’emporte sur tout le reste. En plus elle lui rapporte de l’argent via ses sites web et un vaste public musulman…