Bachar El-Assad, aux abois, a offert à l’expansionnisme iranien et aux troupes de l’ayatollah Ali Khamenei d’entrer en Syrie.

Enquête. Comment l’Iran étend son influence religieuse en Syrie

Convertir les Syriens, majoritairement sunnites, au chiisme est un moyen encore plus efficace que le déploiement de milices pour asseoir le pouvoir iranien à Damas, explique Foreign Policy.

Le président syrien Hafez El-Assad [1970-2000] a été le premier à reconnaître la légitimité de l’ayatollah Khomeyni et de sa révolution islamique en Iran. Il a néanmoins toujours veillé à ne pas laisser l’Iran étendre son influence en Syrie comme il a pu le faire quelques années plus tard au Liban par le biais du Hezbollah.

Mais son fils et successeur Bachar El-Assad, aux abois, a offert à l’expansionnisme iranien une nouvelle chance. Les troupes iraniennes sont entrées en Syrie juste après le début de la guerre civile, il y a dix ans, pour soutenir le régime contre les rebelles. Aidé par le Hezbollah, son bras armé au Liban, le pouvoir iranien a aidé le régime syrien sur le terrain et a même recruté des combattants chiites d’Afghanistan, d’Irak et du Pakistan pour se joindre au combat.

Milices locales

Au fil du temps, l’Iran a commencé à recruter des soldats syriens pour former des milices locales défendant ostensiblement des lieux sacrés chiites. Et il a resserré ses liens au plus haut niveau de l’état-major syrien.

Dix ans plus tard, les milices soutenues par l’Iran contrôlent les environs de Damas et patrouillent dans les villes stratégiques situées à la frontière syro-libanaise. Elles disposent de nombreuses bases à Alep, et depuis la défaite de Daech, en 2018, elles ont également installé des camps dans les villes et villages de la frontière irako-syrienne.

Ce n’est toutefois pas seulement par la violence que l’Iran a réussi à se constituer une zone d’influence allant de Téhéran au Liban, en passant par l’Irak et la Syrie. Cela fait plusieurs années – alors que le conflit passait au second plan – que l’Iran étend son influence culturelle dans ce pays ravagé par la guerre en incitant les sunnites à se convertir au chiisme, ou du moins à porter un regard moins hostile sur leurs concurrents religieux.

Foreign Policy s’est entretenu avec des Syriens récemment convertis qui soulignent combien il est difficile d’ignorer les avantages offerts par l’Iran alors que l’économie syrienne est en ruines.

De l’argent, des soins médicaux aux plus pauvres

L’Iran distribue de l’argent aux Syriens nécessiteux et offre des séminaires religieux à fort contenu idéologique, ainsi que des soins médicaux gratuits, des colis alimentaires ou des voyages dans des lieux touristiques pour encourager les conversions. Ces petits cadeaux ne coûtent pas très cher et ils peuvent profondément modifier l’image dont jouit Téhéran auprès des Syriens les plus pauvres.

L’Iran a restauré plusieurs mausolées et en a construit de nouveaux en l’honneur de grands saints chiites, comme s’il essayait de réécrire l’histoire religieuse de la Syrie, pays majoritairement sunnite où la communauté chiite ne représentait qu’une toute petite minorité avant la guerre.

Les milices iraniennes ont été activement soutenues par le régime syrien, notamment grâce au décret 10, qui autorise le rachat de propriétés appartenant à des Syriens ayant fui le pays

JForum ‒ Courrier international

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