Considéré comme une oeuvre d’art, le N°5 est l’un des parfums les plus vendus au monde. Mais il a aussi été au cœur d’une âpre bataille sur fond nazi entre Coco Chanel et ses associés, comme le rappelle le documentaire « La guerre du N°5 ».

En 1952, Marilyn Monroe marque les esprits en confiant ne porter que quelques gouttes de N°5 pour dormir.

Les ventes du produit explosent. Pourtant le parfum est déjà le plus vendu au monde… depuis 23 ans.

Le N°5 est une révolution lors de son apparition en 1921. Composé d’un mélange subtil de 80 ingrédients, il veut allier force et effet de surprise. Fini les odeurs uniques de jasmin ou de rose.

Coco Chanel, car c’est elle la créatrice, souhaite qu’on ne puisse pas reconnaître une fleur plutôt qu’une autre.

S’inspirant du cubisme, la trentenaire déstructure les bouquets floraux pour faire jaillir une explosion d’odeurs complexes. Et donne ainsi vie à l’asymétrie olfactive.

Cette révolution était plus que nécessaire pour la couturière qui habillait les femmes comme les hommes.

Car Coco Chanel, de son vrai nom Gabrielle Chasnel, détestait les parfums d’alors.

L’idée du projet ne venait d’ailleurs pas d’elle, mais de son amant, le grand duc Dimitri, un cousin du tsar Nicolas II.

Elle s’était laissée convaincre car la haute couture rapportait peu malgré sa notoriété.

Le chimiste en charge du projet est l’ex-créateur de parfums des Romanov, Ernest Beaux.

Sa mission: créer une oeuvre d’art d’avant-garde « pour les femmes à odeur de femmes ».

Il doit recourir aux molécules de synthèse, chargées de rendre flou, voire abstrait, le bouquet floral.

Quelques mois plus tard, Coco Chanel arrête son choix: ce sera l’échantillon numéro 5, comme sa collection, qu’elle présente toujours le 5e jour de mai.

Reste la question du flacon. A contre-courant lui aussi, il sera minimaliste. En verre lisse, il doit mettre en valeur le parfum.

Coco Chanel ajoute une petite touche personnelle, en le faisant ressembler à la flasque de whisky de son ex-amant, qui lui avait financé sa boutique à Deauville.

Au début, tout se passe bien: Gabrielle Chasnel vend le N°5 dans ses boutiques, puis dans les Galeries Lafayette, grâce à son association avec les entrepreneurs Paul et Pierre Wertheimer.

En 1924, la société des Parfums Chanel est née. La couturière découvre la fortune.

Mais après quelques années, elle prend conscience que de détenir 10% des parts est insuffisant.

Lorsque les deux frères inventent le N°5 de poche, elle entame une gigantesque bataille commerciale, sans état d’âme.


Les accointances de Coco Chanel avec les nazis


La Seconde Guerre mondiale débute. La couturière a été évincée du conseil d’administration des Parfums Chanel. Son fiancé, Paul Iribe, précurseur de l’Art déco, est décédé.

Ses boutiques sont fermées. Les principales usines du N°5 sont bombardées. Mais la vedette tient bon, et tombe amoureuse du baron Von Dincklage, qui habite au Ritz comme elle. C’est un espion allemand.

De leur côté, les frères Wertheimer, qui étaient juifs, élaborent une nouvelle stratégie, à l’insu de Coco Chanel.

La société passe en mains de l’avionneur Félix Amiot.

Et le N°5 est fabriqué aux Etats-Unis, où ils ont fui. Le jasmin est acheminé de Grasse par un ex-espion de l’OSS (future CIA).

En 1941, Coco Chanel dénigre vertement le « N°5 du New Jersey » et lance le parfum « Mademoiselle N°1 ».

Parallèlement, elle essaie de mettre la main sur la société des Parfums Chanel, via la politique d’aryanisation des nazis.

Mais les Allemands, malgré tout le respect qu’ils ont pour elle, décident de la laisser à Félix Amiot, qui a tout de même construit 370 avions pour le Reich.

Le 25 août 1944, Paris est libéré. La chasse aux collabos est ouverte. Coco Chanel est entendue quatre jours plus tard.

Relâchée grâce à Churchill, elle rejoint Von Dincklage à Lausanne. Et ne sera jamais inquiétée. Mieux, elle recevra 9 millions de dollars pour les ventes du N°5 durant la guerre.

Gabrielle Chasnel meurt le 10 janvier 1971 au Ritz de Paris, à l’âge de 87 ans.

Source :

www.rts.ch/info

 

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Bonaparte

Le parfum passe l’odeur reste .

Soliloque

je suis plutôt Givenchy
Chanel n’est pas et ne sera pas dans mon champ visuel ni olfactif