Choftim שופטים: « La Justice, avant tout la Justice.. » (vidéo)
Grand Rabbin Jacques OUAKNIN
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RESPONSABILISER L’INDIVIDU
L’ordre d’instituer des juges et des auxiliaires de justice est ainsi libellé:« Des juges et des policiers tu te donneras» le ‘’TU, pour toi‘’ peut s’adresser aussi bien à l’individu qu’à tout Israël. La Torah a voulu donc interpeller l’individu. On doit se juger avec la même sévérité que celle avec laquelle on juge autrui.
La paracha Chofetim tombe toujours au mois d’Eloul. La raison en est que le mois d’Eloul, étant un mois de préparation en vue de Roch Hachana, au cours duquel se décide l’avenir du monde et celui de l’individu, la Torah nous invite à la Techouva. C’est ainsi que nous interprétons le début de la Paracha:«Tu te donneras des auxiliaires de justice»pour exécuter les décisions du juge «dans toutes tes portes que l’Éternel ton Dieu te donnera»
Il s’agit des cinq sens de l’homme: les oreilles, les yeux, les narines et la bouche,le toucher qui permettent d’être en contact avec l’extérieur et par lesquels l’homme est amené à fauter en se détournant des lois de la Torah.
Chofetim vechoterim: l’homme doit donc mettre des gardiens à chacun de ces sens pour se préserver de ce qui est le mal dans le dans le monde environnant: le Lachone hara, la calomnie, et tout ce qui est nocif pour l’âme,afin de mériter le pardon divin.
L’ORGANISATION DE LA JUSTICE
Il est évident qu’il existe des points communs entre la justice actuelle et la justice préconisée par la Torah. Le peuple juif est un peuple qui croit en l’existence d’un Dieu qui gouverne le monde.
Cette précision comporte un double aspect; la rigueur du droit d’une part et l’obligation morale et spirituelle de l’homme d’autre part. Le respect de la loi n’est pas un but en soi:il poursuit un double objectif à savoir l’ordre et l’harmonie sur le plan social,mais en même temps, la formation du caractère de l’homme, un homme digne à l’image de Dieu, généreux et aimant son prochain.
LE PROCUREUR GÉNÉRAL.
La Torah insiste sur l’importance de la nomination des juges, d’où ses exigences quant aux qualités des personnes nommées. Selon le conseil de Jethro à Moise, les juges doivent être des hommes craignant-Dieu, amis de la vérité, ennemis du lucre, incorruptibles (Ex 18,21) et ne pas être nommé en raison de leurs convictions politiques ou en fonction de leur fortune ou de l’appartenance à une organisation influente..
Rav S.R. Hirsch fait remarquer«La Torah ignore le personnage le plus redoutable des tribunaux actuels: à savoir le procureur général, et l’absence de la redoutable corporation des avocats. Comment un tribunal juif peut-il se passer de procureur et de défenseur et prétendre assurer une justice juste?Le système de la Torah est différent, il se fonde sur le principe du témoignage.
Les témoins à charge accusent l’homme soupçonné d’avoir enfreint la loi. Dans ce système, le tribunal est d’abord le défenseur de l’accusé. Lorsque la déposition de culpabilité aura atteint un degré suffisant de certitude,à ce moment-là, le tribunal statue sur le sort de l’accusé. La condamnation prononcée par une telle assemblée, par un tel tribunal pourra donc avoir le caractère d’un jugement véridique. L’aveu de l’accusé n’a aucune valeur juridique: la torture pour faire avouer l’accusé n’existe donc pas. La phase la plus importante du jugement réside dans l’interrogation des témoins pour en vérifier l’authenticité et la vérité. Les faux témoins sont démasqués et punis. La peine de mort existe dans la Torah mais elle a été rarement appliquée, de peur d’une erreur judiciaire
UN JUGEMENT JUSTE.
Qu’est-ce qu’un jugement juste? C’est un jugement qui aboutit à un compromis. C’est seulement si chacun des deux partis accepte le faire des concessions que la justice est rendue, parce que chacun repart satisfait du verdict. Une autre particularité de la justice selon la Torah: atténuer la rigueur de la justice.
2. UN JUGEMENT JUSTE.
Qu’est-ce qu’un jugement juste? C’est un jugement qui aboutit à un compromis. C’est seulement si chacune des deux parties accepte le faire des concessions que la justice est rendue, parce que chacun repart satisfait du verdict. Une autre particularité de la justice selon la Torah: atténuer la rigueur de la justice. L’exemple nous est donné par le roi David dont on dit qu’il a gouverné tout son peuple avec justice et équité (2 sam 8,15)
Lorsque deux hommes se présentaient devant le roi et que celui-ci constatait que le coupable était effectivement coupable et devait rembourser une dette, mais que c’était un homme pauvre, le roi le condamnait à rembourser sa dette, selon la justice, mais ensuite il prélevait de sonargent pour lui permettre de payer son créancier.
NE PAS TRANGISER AVEC LE MAL.
Le principe de ne pas transiger avec un ennemi qui incarne le mal est illustré par l’histoire du roi Saul . Selon nous sages, le Roi Saul n’a commis qu’une seule erreur et il a perdu la royauté: celle d’avoir laissé vivre le roi Amalek. il s’est montré miséricordieux avec ceux qui sont cruels et cela va lui coûter la royauté.
On ne peut pas être miséricordieux avec ceux qui sont cruels d’un côté,mais de l’autre il va détruire toute la ville de Nov,de ceux qui ont eu le malheur d’ héberger et nourri David en fuite.Comment quelqu’un qui a épargné le roi Amalek a pu a a-t-il pu massacrer une ville de Cohanim.
La réponse est que: celui qui se montre miséricordieux à l’égard de gens qui font preuve d’une cruauté au-delà de tout ce qu’on peut imaginer finit par être cruel envers des gens miséricordieux; c’est exactement ce qui se passe sous nos yeux dans le monde du mensonge dans lequel nous vivons
LE SENS PROFOND DE LA JUSTICE.
Certains penseurs affirment que les lois de justice sont artificielles, qu’elles n’existent que pour assurer la conservation de la société ou pour servir les intérêts de quelques potentats ou dictateurs.
Si ces intérêts sont déterminés par un tyran ou par un parti au pouvoir, la justice n’est plus qu’une parodie à l’avantage du plus fort, comme à Sodome par exemple. La définition de la justice à évolué au cours des siècles et en toutes saisons de nouvelles lois sont promulguées, qui ne tiennent pas compte pour certains la valeur morale première étant la liberté pour l’égalité ou la défense des plus faibles.
«Ils jugeront le peuple par un jugement d’équité». Le mot clé de toute la justice selon la Torah c’est :Michpat Tsédek, un jugement de Tsedek. Qu’est-ce que le Tsedek, masculin du mot Tsedaka?
Pour mesurer l’importance de ce mot,il faut rappeler que notre patriarche Abraham n’a été choisi et élu par l’Éternel que dans la mesure où Abraham allait prescrire à ses enfants et à sa maison la pratique de la Tsedaka et Michpat. Traduits communément par charité et justice.Mais comment traduire le mot Tsadik? Tout le monde comprend qu’il s’agit d’un être exceptionnel d’érudition,de sainteté… Il en est ainsi du mot Tsedek.
Le professeur Baruk, éminent psychiatre, a écrit à ce sujet; «La notion deTsedek domine la civilisation hébraïque depuis Abraham jusqu’à nos jours.C’est la pierre angulaire de cette civilisation qui marque sa ligne de continuité et sa permanence au cours de l’histoire et des vicissitudes de l’humanité.
Le terme Tsedek comporte à la fois la notion de justice et de charité,à la fois de Dine et Hessed, la rigueur et l’amour. Les exigences de justice et de charité font que l’homme ne peut se réaliser qu’en vivant en société.
Si Dieu a créé un homme unique comportant le principe masculin et féminin, c’est pour inclure toute l’humanité à naître et affirmer que tous les hommes méritent la même considération et sont égaux devant la justice et ont le droit de bénéficier des bienfaits de la société sur le plan matériel et moral.
Ces avantages matériels ne lui sont pas consentis à titre de charité mais du droit légitime. C’est pourquoi la Torah précise par ailleurs Tsedek Tsedek tirdof tu poursuivras le Tsedek afin que tu vives.
Rachi explique la répétition du mot Tsedek, par l’interprétation symbolique en disant que la Torah s’adresse à chaque individu en disant que les portes des villes désignent les organes sensoriels du corps humain.
Ce sont les portes par lesquelles nous captons les informations de notre environnement. Il nous est enjoint de faire en sorte que même notre perception physique du monde soit également imprégnée des directives des principes moraux de la Torah grâce auxquels l’homme pourra connaître la plénitude.