HaShem a promis aux Patriarches de donner en héritage une contrée à leur descendance alors, pourquoi dit-IL à Moïse: « envoie pour toi » des observateurs ?

En fait, IL n’a pas demandé d’envoyer des observateurs mais en précisant bien « pour toi » cela signifie en d’autres termes: pour ce qui me concerne, Je sais ce que Je vais vous donner comme terre mais si toi, Moïse tu veux tranquilliser ce peuple, Je n’y vois pas d’inconvénient, envoie là-bas qui tu veux, commente Rachi, le Sage de Troyes.

Une autre péricope comporte cette même tournure de phrase ou plutôt de conseil, d’ordonnance : lekh lekha (va pour toi) a dit Hashem à Abraham et ici, D. dit à Moïse : Shelah lekha (envoie pour toi). Nous assistons alors à un véritable déploiement de démagogie populaire.

Qui étaient ces chargés de mission ? Dans la parasha de Nasso il a été question des sacrifices offerts par les élus (les princes) de chaque tribu sauf celle des Léviim.

Ces « chefs » sont restés en poste pendant les 40 jours qu’a duré l’expédition. Qui sont, alors, ceux qui sont partis parcourir le pays et en rapporter des fruits ? Ce sont ceux qui auraient pu être des « gouverneurs » locaux sorte de préfets pour chaque tribu.

Or, en prenant possession du pays qu’en serait-il de leurs fonctions ?  Redoutant de perdre leurs attributions et par conséquent de perdre le rang honorifique qui leur était conféré, ils ont adopté un discours très démagogique : vanter tout d’abord le pays et l’abondance matérielle que l’on y trouvait : des raisins si beaux si juteux qu’il fallut deux gros bâtons disposés en « x » et 8 hommes pour la porter ce qui reviendrait à dire que cette grappe de raisins pesait quelques 7 tonnes et que chacun des explorateurs pouvait porter près d’une tonne de marchandise !

C’est donc après avoir exposé ce magnifique raisin, cette superbe figue et la grenade géante et après avoir reconnu devant tout le peuple qu’en effet, les figues laissaient échapper un miel savoureux dont les chèvres se pourléchaient et qui provoquait chez elles une surabondance de lait riche qui coulait de leurs mamelles, que les explorateurs portèrent leur « coup bas » : ce pays est effrayant car tout y est immense ! Calomnie !

L’intérêt des calomniateurs: conserver l’état présent dans la crainte d’un changement de statut social ; imprimer en chacun des membres du peuple un sentiment de peur et d’insécurité, un doute effaçant jusqu’à la mémoire des événements miraculeux auxquels tous ont assisté avant, pendant et après la sortie d’Egypte.

Le peuple rassemblé pour écouter les propos mensongers est coupable de ne pas réprimander ces « explorateurs » comme l’ont fait Caleb et Josué !

Afin que les habitants ne remarquent pas ces intrus (espions), le Midrash nous enseigne que dans Sa grande Sagesse, D. occupa les Cananéens et les « géants » à enterrer les membres de leurs familles qui mourraient à cause d’une épidémie qu’HaShem avait suscitée.

La région de Kyriat Arba était habitée par 4 géants d’où le nom de Kyriat Arba (la cité des 4).

Nos explorateurs profitèrent de cette occasion qui leur était donnée pour déformer la vérité et déclarer au contraire, que la « Terre dévore ses habitants » en interprétant mal les événements dont ils étaient les spectateurs.

Cette péricope offre un rapport direct avec la parasha dans laquelle nous avons vu Aharon et Myriam médire sur leur frère.

La différence réside en ceci : Aharon et Myriam ont médit de leur frère alors que les explorateurs en dehors de Caleb et de Josué ont calomnié la terre d’Israël et c’est à ce niveau qu’il est important de signaler que si la médisance au niveau d’êtres humains est très grave lorsque la médisance concerne la Terre d’Israël, la calomnie est encore beaucoup plus grave pour les raisons suivantes :
Affubler le pays de toutes sortes de défauts et dire qu’à cause de cela il est impossible d’y vivre est une faute grave car en donnant cette terre à Son peuple, D. sait exactement ce qu’IL fait et ne pas « voir » les qualités et les détruire est non seulement un manque de confiance en D. mais, ce qui est encore plus grave dirais-je c’est que l’on ne veut pas se reconnaître incapable de lutter ou bien en d’autres termes : « Moi, je suis bien, mais ce pays est trop dur ».

Ou bien tout autre raison : le pays ruisselle de lait et de miel mais ces géants me font peur, jamais on n’arrivera à les détruire ! Alors que D. a promis « Je vous livrerai le pays et ses habitants »

Le manque de confiance se répète sans cesse et Moïse, sans cesse également, défend le peuple qui récrimine sans fin. Un peuple de pleutres, incapable de voir que LE chemin à suivre est celui de D. et de la Torah. Moïse tend la perche aux explorateurs mais ils ne savent pas la saisir.

Une autre crainte se fait jour : les honneurs dont ont fait l’objet tous ces « notables » devenus explorateurs ne leur seront plus attribués : leur conclusion est donc facile, ne pas aller plus avant et retourner en Egypte.

Le Zohar est ferme sur ce point c’est à cause de l’éventualité de perdre leur rang social, qu’ils déclarent haut et fort que la terre de Canaan n’est pas un « cadeau ».

Aujourd’hui, les commentaires négatifs continuent à pleuvoir sur Israël pour de multiples raisons il faut surtout savoir qu’en proférant toutes sortes de critiques l’on se livre non seulement à un hiloul HaShem (profanation du Nom de D.) mais encore qu’en dénigrant le pays on affiche sa propre incapacité à accepter ce avec quoi bien d’autres font leur quotidien et vivent avec fierté dans ce pays où D. habite au milieu de Son peuple.

En français cette sidra est appelée « les explorateurs » et en hébreu il s’agit d’espions « meraguelim » ((מרגלים du mot רגל, pied ou quelqu’un qui va à pied à des fins d’observer d’épier et non pas comme un explorateur qui va étudier les espèces humaines, animales ou végétales à des fins scientifiques comme le ferait un explorateur mais bien comme un espion : à des fins logistiques: quelles sont les structures existantes, qui sont ces habitants, et comment les combattre pour s’approprier le pays.

Et si l’on fait le total des mots de Shelah lekha en guematria on obtient un total de 388 qui correspond au mot חפש dont le sens est « chercher » donc, la motivation de ces envoyés était de « chercher » tout et rien : d’observer dans les moindres détails ce qui se passait sur cette terre d’élection.

En cherchant ils auraient pu trouver du bien s’ils en avaient cherché !
Quelle a été la raison profonde de cette volonté d’envoyer ces chargés de mission : c’est la peur, la crainte et la défiance d’un peuple qui malgré tous les prodiges dont ils avaient été les témoins et que D. avait opérés pour eux, refusaient de Lui faire confiance et de « se jeter à l’eau » comme l’avait fait Nahshon ben Aminadav en toute confiance, sachant que D ne l’abandonnerait pas.

Les enfants d’Israël ne se sont pas dit : puisque D. nous a faits sortir d’Egypte et qu’Il a fait et opérés tant de miracles et de prodiges : nous ne devons pas nous soucier de la façon dont il nous faudra agir pour conquérir ce pays : D. a un plan et nous en faisons partie donc : les choses se feront en leur temps et d’après le plan divin qui nous concerne.

Au lieu de cela, ils ont eu peur de leur avenir et c’est pour cela qu’il est écrit plus loin ויהי qui, d’après les hazal, annonce toujours des choses négatives voire funestes, car le vav conversif qui transforme le passé en futur ou le futur en passé montre que les espions ont tiré un trait sur leur avenir pour retourner dans leur passé ainsi qu’ils l’ont fait dans le désert en réclamant les oignons, les melons et les courgettes…

Ici, ils se sont demandé comment ils allaient s’y prendre pour conquérir ce pays de Canaan qui, nous disent les exégètes Canaan כנען fait allusion au caractère de ses habitants qui sont prompts à se rendre : ils נכנעים ils se rendent facilement.

Lorsqu’il est écrit shelah lekha, les commentateurs nous expliquent ici le sens caché par ce mot « lekha » c’est-à-dire, disent-ils D. n’a pas enjoint réellement Moïse de prendre un responsable par tribu et de les envoyer en terre de Canaan, mais au contraire, les choses se seraient passées différemment : le peuple, manquant de confiance, inquiet de savoir ce que leur réserve ce pays désire charger de mission des personnes qui, jusqu’alors étaient dignes de leur confiance : le président de chaque tribu puisque le pays de Canaan devait être partagé entre les douze tribus il apparut donc logique que chaque tribu délègue un envoyé.

Il semble, que la peur de l’inconnu et l’aveu inconscient de leur peur de la guerre les aient poussé à calomnier le pays et à personnifier cette terre qu’ils accusent de dévorer ses habitants: pour éviter que les Cananéens ne se préoccupent de la présence de ces voyageurs D. suscita une épidémie ce qui provoqua un mouvement de foule dans les cimetières. D’où cette expression de la Terre qui dévore ses habitants.

D’autre part, le fait que la terre produise des fruits extraordinairement beaux et gros, au lieu d’encourager la population qui aurait pu interpréter ce fait en prodige et l’accueillir en miracle, les terrorise……………………… et c’est en cela que réside la faute des « explorateurs » ils ont dédaigné et méprisé le présent que D. a fait à Son peuple, ils ont habillé d’opprobre cette terre .

Ceci eut lieu un 9 av. Ils pleurèrent et se lamentèrent plus que de raison et D décréta : Puisque vous pleurez et vous lamentez sans raison Je vous procurerai des raisons de vous lamenter…………….

Caroline Elishéva REBOUH

Haftara Chelakh Lekha : Rahav la prostituée…

La haftara de la parachath Chelah lekha se situe comme à l’opposé de la paracha à laquelle elle est associée : A la catastrophe nationale qu’a engendrée l’envoi par Moïse de douze explorateurs en Erets Yisraël correspond le succès de celui, par Josué, de deux émissaires chargés de scruter la ville de Jéricho et ses alentours.
Ce succès a été causé, pour l’essentiel, par le dévouement de Rahav , une femme cananéenne qui a hébergé ces deux émissaires et leur a sauvé la vie…

Qui était Rahav ?

Le texte la désigne comme étant une icha zona , ce que l’on peut traduire soit par « aubergiste », de mazone (« nourriture »), soit par « prostituée », de zenouth (« débauche »).
Les commentateurs se partagent entre ces deux significations. Rachi et le Metsoudath David optent pour la première, le Malbim et Radaq pour la seconde ( ad Josué 2, 1).
Il est cependant curieux de constater que ce même Rachi , après nous avoir présenté Rahav comme une aubergiste, rappelle quelques versets plus loin ( ad 2, 11), que cette femme, âgée de dix ans lors de la sortie d’Egypte, s’était prostituée pendant quarante ans, et que « nul prince ou notable ne s’était privé de forniquer avec elle » ( Zevahim 116b).
Envisager que Rachi ait pu alors oublier ce qu’il venait d’écrire quelques versets auparavant serait faire injure à sa mémoire.
Peut-être a-t-il voulu ici, en réalité, se conformer à l’interdiction de rappeler à un converti sa conduite d’antan ( Baba Metsia 58b et suivants). Lorsqu’elle a accueilli les explorateurs envoyés par Josué, Rahav était déjà sur le point de se convertir au judaïsme, et il aurait été inconvenant de faire alors allusion à ses débauches passées. Aussi Rachi en a-t-il fait alors une aubergiste, quitte à rappeler plus loin, mais seulement plus loin, son passé de débauche.
Mais alors, se demandera-t-on, pourquoi Josué, auteur du livre qui porte son nom, et de surcroît mari de Rahav ( Qohéleth rabba 8, 13), a-t-il laissé subsister dans son texte une telle équivoque ?
Peut-être précisément pour donner à Rachi l’occasion de faire preuve de cette discrétion !

Par Jacques Kohn

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