Chavouot J-3: L’Unité Au Cœur Même de la Diversité

Ouriel-Post N°110 A Benchimol le 26.05.2020 47e jour du Ômer

« A la troisième néoménie depuis le départ des enfants des enfants d’Israël du pays d’Egypte, le jour même, ils arrivèrent au désert du Sinaï. Partis de Refidim, ils entrèrent dans le désert du Sinaï et y campèrent, Israël y campa en face de la montagne » (Chemoth/Exode19/1-2)

Rachi commente : « Israël y campa, comme un seul homme, d’un seul cœur (d’où l’emploi du singulier) » alors que les autres étapes furent marquées de récriminations et de querelles (Mékhilta).

Ainsi à l’heure du don de la Thora, le peuple d’Israël était uni et solidaire. Pourquoi cette atmosphère de Paix et d’harmonie a-t-elle, semble-t-il, constitué une condition sine qua non pour pouvoir recevoir la Thora ?

Il ressort de Pirqé Eliezer (chap.16) qu’Aaron s’appliquait corps et âme, jour après jour, à faire régner la paix dans le campement d’Israël et s’efforçait de rétablir le shalom entre l’homme et son prochain, et au sein des foyers.

Nous savons, en outre que Aaron était grand Prêtre (Kohen Gadol). A ce titre il avait le privilège de se faire médiateur du peuple devant Hachem, car il était le seul à détenir l’accès au Saint des Saints (qodech haqodachim). Par son intermédiaire, le peuple juif expiait ses fautes, au moyen des sacrifices.

Pourquoi est-ce le même homme qui a la charge de la plus haute responsabilité dans le service divin ( Avodath Hachem) et qui par ailleurs se donne celle de concilier les esprits ? S’agit-il de deux facettes différentes d’un même personnage ?

Aaron n’avait pas une double personnalité, bien au contraire, ces traits sont complémentaires : il avait un profond amour du peuple d’Israël, et la volonté de faire régner le Chalom tant en son sein, que dans sa relation avec son Créateur, dans tous ses aspects. Tout le service Temple (remplacé de nos jours par la prière) était précisément le lien entre Hachem et son peuple.

En approfondissant encore un peu, nous pouvons constater que la volonté de faire régner la la paix- d’une part entre les hommes, de l’autre entre le peuple et son créateur- découle en fait de son ambition.

En effet, le Sia ‘h Yits’haq (Drouch Chabbat Hagadol), explique que, sur la route de Haran, Ya’aqov s’arrêta pour dormir et prit des pierres en guise d’oreiller. Le Midrach Rabba( Wayétsé 68,13) mentionne que ces pierres étaient au nombre de douze.

Or ces pierres ont fusionné pour former une seule et même entité, et Ya’aqov comprit alors qu’il aurait le mérite d’enfanter les douze tribus.

De même qu’une maison ne tient que par des pierres cimentées entres elles, de même c’est l’harmonie et la paix qui soude le peuple d’Israël et qui fait que Hachem puisse résider parmi eux.

Ya’aqov s’inquiétait sur l’avenir de sa descendance. Resterait-elle unie et toujours solidaire ? A la vue des pierres fusionnées, il perçut un signe Divin qui le rassura. Et sa vie durant, il s’efforça de faire régner l’entente entre ses fils qui au chevet de son lit de mort le rassureront par cette phrase célèbre : « Israël Ehad ou Chmo Ehad » (Israël est un et son Nom Un, crédo du Shema que nous disons tous les matins dans nos prière.

Par ailleurs il est fondamental de différencier la notion de paix dans l’optique occidentale de celle de la thora.

Dans le Larousse la définition est révélatrice : « Situation d’un pays, d’un territoire qui n’est pas en guerre » synonymes : Armistice, non belligérance, conciliation, neutralité etc…
Dans cet optique, la paix signifie : « Chacun pour soi et D’ pour tous » selon le célèbre adage.

La conception de la paix dans la perspective toranique est nettement plus subtile. Elle ne correspond pas à s’observer d’un œil distant et méfiant, mais à regarder tous ensemble dans la même direction.

Lorsque nos sages décrivent une situation d’unité, cela veut dire : « Comme un seul homme », tous les individus des douze tribus, des centaines de milliers de personnes sans la moindre dispute, de scission, de mépris les uns des autres « d’un seul cœur », en une même volonté avec un objectif commun, vrai visage d’Israël dans sa gloire comme ce fut le cas au moment d’accepter la Thora ou les uns et les autres en adéquation totale dirent : « Oui nos ferons et nous comprendront ».

Cette exceptionnelle osmose au sein du peuple d’Israël n’est que le reflet l’unité divine prononcée dans la prière : « Tu es Un Ton Nom est Un et qui est comme ton peuple Israël, peuple Un ? ».

C’est à cette conscience collective unie et indivisible que Hachem a donné la Thora au Sinaï.

C’est cette mystérieuse solidarité qui déjà à l’époque dérangeait les nations. Ce lien étroit dépasse de beaucoup un quelconque sentiment de nostalgie de terroir car il possède de racines bien plus profondes.

Elle peut paraître inexistante à certaines périodes de crises, mais elle demeure une caractéristique intrinsèque du peuple d’Israël.

Synthèse d’un Commentaire de JANATHAN SANDLER sur CHAVOUOT

A. Benchimol

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