La Haftara de ce Chabbat séparant Roch Hachana de Yom Kippour débute par les mots: « Chouva Israël »– »Reviens Israël »; ce qui vaut à ce jour l’appellation de « Chabbat Chouva ».

A Chabbat Chouva, il était d’usage que le rabbin délivre un sermon sur les thèmes du repentir, de la prière et de la charité.

Aujourd’hui, dans la plupart des communautés, le rabbin s’adresse aux fidèles de la synagogue à chaque office de Chabbat.

Mais pendant longtemps, il ne le faisait qu’à deux occasions : Chabbat Chouva et Chabbat HaGadol, le Chabbat qui précède la fête de Pessah.

 

שׁוּבָה יִשְׂרָאֵל עַד יְיְ אֱלֹהֶיךָ כִּי כָשַׁלְתָּ בַּעֲו‍ֹנֶךָ

Chouva Israel ad Adonaï Elohékha ki khachalta ba’avonékha
Retourne Israël à Adonaï, ton Dieu, car tu as trébuché dans ta faute (
Osée, 14 :2)

Dans cette haftara, Osée appelle l’homme à la repentance et avance la promesse de guérison et de protection divines qui est faite à ceux qui retournent à Dieu. L’autre partie de la Haftara, dans le rite séfarade, est un extrait du livre de Michée qui célèbre les attributs divins de miséricorde et de pardon.

Quel « bien » demandons-nous à D.ieu de prendre ? Rachi propose plusieurs explications : soit nous L’implorons par ces mots de nous guider et de nous indiquer le chemin du bien ; soit nous Lui demandons de prendre le peu de bonnes actions que nous avons à notre crédit, et de nous juger favorablement ; ou encore, nous implorons D.ieu d’accepter les louanges que nous Lui adressons, qui sont elles-mêmes appelées le « bien ».


Selon le Sfat Emet 1 (Chabbat Chouva 5644), ces différentes idées abondent toutes dans le même sens. Il est dit en effet à la fin de la Création du monde : « L’Éternel vit tout ce qu’Il avait fait, et tout était très bien » (Béréchit 1, 31).

S’il est précisé qu’Il vit « toute » Son œuvre, c’est parce qu’à ce moment D.ieu vit également Adam fauter, puis se repentir.

Or la perfection de l’œuvre résidait précisément dans cette aptitude au repentir instauré par Adam.


Il est en effet notoire que le « bien » est incarné par les Justes de toutes les générations, tandis que le « très bien » est personnifié par les hommes repentis, puisque l’on sait que « là où se tiennent les baalé téchouva, même les plus grands Justes ne peuvent se tenir » (Bérakhot 34/b).

A cet égard, D.ieu scruta « tout ce qu’Il avait fait », c’est-à-dire qu’Il observa l’existence entière de Sa Création jusqu’à la fin des temps, et Il vit que tout le mal accompli viendrait finalement à être réparé.


Le « bien » que nous prions D.ieu de saisir est donc ce bien ultime, consécutif au repentir de l’ensemble de l’humanité, et c’est ce même bien qui amènera le monde à son ultime réalisation.

Car le bien ne se suffit pas à lui seul, il a besoin de cette capacité de revenir à lui après la faute.

Ce que nous implorons donc D.ieu, c’est plus précisément de nous indiquer le chemin de ce bien, c’est-à-dire de nous montrer de quelle manière nous repentir et comment renoncer à tous nos écarts.


Voilà pourquoi en ces Dix jours de Pénitence, les portes du repentir s’ouvrent devant nous, parce que ce fut précisément la période pendant laquelle Adam réalisa son repentir.

Or si déjà les stigmates de sa faute sont encore jusqu’à ce jour nettement présentes en ce monde, à plus forte raison l’empreinte de son repentir reste palpable, tout particulièrement pendant cette période.


L’une des démarches essentielles de la téchouva est en effet de garder confiance non seulement dans l’avenir, mais également en soi-même, et dans sa propre capacité à changer et à s’améliorer.

Si nous savons que le bien ultime se trouve précisément au bout de cette route que nous entreprenons pendant cette période, et que D.ieu aspire à nous voir persévérer, nous pouvons tourner le dos à l’esprit de découragement et nous convaincre que toutes les possibilités nous sont encore ouvertes.

C’est cet appel que nous lance le prophète Osée pendant ce Chabbat de repentir : « Reviens Israël jusqu’à D.ieu » !

Yonathan Bendennnoune

autre source

1. Rabbi Yéhhouda Leib Alter ( 1847-1905) dit le « Sfat Emet » – était le petit-fils de rabbi Its’hak Méïr, également connu sous l’acronyme du « Rim », en référence à son livre monumental intitulé : le « ‘Hidouché haRim ».

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