Une révolution de la société Israélienne. C’est ce que souhaite Micah Goodmanm directeur de l’Academy for leadership d’Ein prat. Mais une révolution en douceur, à travers l’étude et le dialogue. Ainsi l’objectif du programme d’Ein Prat est de « permettre aux jeunes Israéliens d’approfondir le dialogue avec la culture israélienne, le judaïsme, la philosophie occidentale, leurs pairs et eux-mêmes. »Il regroupe aussi bien des laïcs que des religieux, et remporte un succès grandissant auprès des jeunes sortant de leur service militaire. Une étape clef pour se remettre en question avant de se lancer dans la vie.
« Dans ce pays, deux minorités ont la parole : l’extrême gauche laïque et les ultras-orthodoxes. Le courant majoritaire en Israël n’est pas représenté et finit par avoir le sentiment d’être une minorité », lance Goodman pour expliquer les raisons de ce programme.
« Le problème avec les ultras-orthodoxes c’est leur dogmatisme aveugle. Le problème avec les Israéliens laïcs, c’est leur ignorance des traditions juives, des textes juifs de l’histoire juive. Le dialogue entre ces deux communautés est presque impossible. Ce qui rend très difficile l’unité de la société Israélienne », déplore ce jeune philosophe juif.
Entre tradition et modernité
L’ambition d’Ein Prat est de renouer le dialogue entre ces deux communautés pour instaurer une société plus unie et une identité israélienne plus forte.
Comment ?
En s’appuyant sur « une large communauté de jeunes, fièrs d’être juifs mais qui gardent l’esprit ouvert. » Goodman veut faire prendre conscience à cette jeunesse qu’ils sont le courant majoritaire et leur donner les moyens de prendre la parole.
À long terme, il espère un nouvel équilibre social entre renouveau et tradition juive. Mais notre homme refuse de parler de « crise’ d’identité israélienne. Il s’agit plus d’une « soif d’identité », selon lui. « Il y a toute une génération de jeunes qui ne trouvent satisfaction dans aucun de ces deux courants extrêmes. Ils cherchent une réponse différente. »
Une réponse différente, entre tradition et modernité, qu’ils pourraient bien trouver dans l’école de Goodman. Deux formules sont proposées : une formation intensive de 4 mois et une autre de 5 semaines, très condensée. Dans les deux cas, les étudiants suivent des cours de philosophie occidentale, de judaïsme, d’histoire du sionisme ainsi que de yoga ou encore d’arts martiaux. « Le corps est aussi important que l’esprit. Toujours dans l’idée de se dépasser et d’affronter le monde. C’est essentiel pour des futurs leaders »,explique Goodman.
Car le but d’Ein Prat est bien de former les futurs leaders du pays. La stratégie adoptée est donc d’éveiller la société par le haut. Une façon d’optimiser ses capacités. Ariel, jeune Israélien francophone qui a suivi les 4 mois de formation en 2009, raconte. « Ils veulent éveiller les consciences et nous donner les outils pour avancer et pour choisir la direction qui nous convient.
» Selon lui, la force d’Ein Prat par rapport aux autres programme du genre c’est l’ouverture. « On vient tous d’horizons différents, avec ou sans kippa, fille ou garçon, jeune ou moins jeune. Notre seul point commun est de vouloir approfondir nos connaissances sur le sionisme, le judaïsme, la société israélienne. Et malgré cela et les différences politiques qui nous opposent, le dialogue passe. »
L’ouverture aux autres prime donc, mais aussi l’ouverture au monde. Car selon Micah Goodman, l’identité juive ne s’exprime pas uniquement dans la prière et l’étude quotidiennes des textes sacrés. Elle emprunte aussi le canal du nationalisme et de l’engagement social. Pour notre jeune directeur, cette dernière voie d’expression de l’identité juive est liée à l’émergence d’une nouvelle « israélité ». C’est-à-dire, d’un nouveau prototype d’Israélien : Un individu beaucoup plus individualiste que le « Sapa » des années 1950 mais beaucoup moins égoïste que le « Yappy » des années 1990. Un individu qui cherche son propre épanouissement, pas uniquement pour la satisfaction de ses besoins personnels mais pour une cause plus grande que lui.
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