© 2009 AFP (Atta Kenare)
Des manifestations de l’opposition ont donné lieu à des violences vendredi à Téhéran, où l’ex-président Mohammed Khatami a été agressé par des partisans du régime ultraconservateur et des protestataires ont été battus et arrêtés, selon des site internet et des témoins.Des manifestations de l’opposition ont donné lieu à des violences vendredi à Téhéran, où l’ex-président Mohammed Khatami a été agressé par des partisans du régime ultraconservateur et des protestataires ont été battus et arrêtés, selon des site internet et des témoins.

Pour sa part, le chef de l’opposition Mir Hossein Moussavi, arrivé en voiture sur l’une des manifestations, a été hué aux cris de « Mort à Moussavi » par des sympathisants du régime, qui se sont ensuite jetés sur le véhicule, le forçant à quitter les lieux, a indiqué l’agence officielle Irna.

C’est la première fois depuis près de deux mois et demi que l’opposition manifestait contre la réélection, le 12 juin, du président Mahmoud Ahmadinejad et en soutien au modéré Moussavi qui accuse les autorités de fraude électorale.

Défiant les mises en garde du régime, des dizaines de milliers de partisans de l’opposition sont descendus dans la rue en matinée, profitant en cela d’un rassemblement officiel organisé par le pouvoir en solidarité avec les Palestiniens.

Au milieu d’un imposant dispositif policier, des jeunes femmes et hommes portant des bracelets verts, couleur de la campagne électorale de M. Moussavi, se sont rassemblés sur différentes places de Téhéran, criant notamment des slogans à la gloire de leur chef.

M. Khatami, qui prenait part à l’une des manifestations, a été agressé physiquement, selon le site réformateur Parlemannews.ir (BIEN Parlemannews.ir). « Un groupe de conservateurs (…) voulaient le battre. Mais des partisans (de M. Khatami) les en ont empêchés », affirme ce site.

Non loin de là, sur la place Haft-e Tir, des partisans du régime circulant à moto ont arrêté et battu à l’aide de matraques plusieurs manifestants de l’opposition, selon des témoins. La police est ensuite intervenue pour les disperser.

Ailleurs dans le pays, des Bassidjis, les membres de la milice islamique, ont attaqué des manifestants à Tabriz (nord) et des forces de l’ordre en civil ont arrêté des opposants, selon le site de l’opposition Mowjcamp.com. De même à Ispahan (centre), des opposants ont été battus.

A Téhéran, les partisans du régime ont de leur côté scandé « Mort à l’Amérique » et « Mort à Israël », reprenant les slogans traditionnels de la Journée annuelle de Qods (Jérusalem) décrétée il y a 30 ans par l’imam Khomeiny, fondateur de la République islamique, pour soutenir les Palestiniens.

A l’université de Téhéran, où se sont rassemblés les fidèles, M. Ahmadinejad a de nouveau qualifié l’Holocauste de « mythe », des propos qui avaient déjà suscité l’indignation à travers le monde, et affirmé que « le régime (israélien) (était) sur le point de s’effondrer ».

Il a en outre estimé que le mouvement d’opposition en Iran était en bout de course. « Ils ont récemment dit que certaines personnes se rassembleraient à New York pour protester mais le temps de ce type d’action désespérée est révolu », a-t-il dit, en allusion à l’Assemblée générale annuelle de l’ONU qui s’est ouverte mardi et à laquelle doit participer le président iranien.

Les manifestations ont pris fin en milieu d’après-midi à Téhéran, selon des témoins.

« Quelques manifestants ont protesté contre (Mahmoud) Ahmadinejad mais ils ont été noyés dans l’énorme foule de gens exprimant leur solidarité avec les Palestiniens », a affirmé la télévision d’Etat.

Le vice-président de l’Assemblée, Mohammad Reza Bahonar, s’est toutefois élevé contre les attaques dont ont fait l’objet les leaders de l’opposition.

« Je n’accepte pas de tels agressions et actes illégaux », a-t-il dit.

A l’étranger, la France s’est dite « particulièrement préoccupée par les informations » faisant état de « violences commises contre des responsables de l’opposition iranienne ».

A la suite de l’élection présidentielle, un mouvement de contestation populaire avait plongé le pays dans une crise sans précédent depuis la révolution islamique de 1979.

Au moins 4.000 manifestants ont été arrêtés, dont environ 150 restent détenus et, selon un bilan officiel, 36 personnes –72 selon l’opposition– ont péri dans les violences.

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