Le film de Ben Affleck revient sur une des pages les plus sombres de l’histoire américaine.Il pleut sur Washington en ce 20 janvier 1981. Une journée vraiment pas comme les autres.

D’abord parce qu’un Ronald Reagan triomphant, symbole flamboyant d’une droite conservatrice décomplexée, prête serment face au Capitole.

À ses côtés, sa femme Nancy, tout de rouge vêtue dans une tenue qui symbolise les couleurs du drapeau américain.

Mais si ce jour reste gravé dans les mémoires, c’est aussi parce que, enfin, un drame national est en train de se dénouer.

Douze minutes après la fin du discours inaugural de Reagan, les 53 otages encore retenus dans l’ambassade américaine de Téhéran sont libérés après 444 jours de calvaire.

Cette concomitance ne doit rien au hasard.

Les Iraniens ont choisi leur moment pour relâcher leurs prisonniers.

Ils ont délibérément décidé de jouer la carte Reagan, même avant son élection le 4 novembre précédent.

Jimmy Carter ne ferait pas de second mandat.

L’affaire des otages allait plomber définitivement une présidence pathétique, humilier l’Amérique.

Et Carter allait boire le calice jusqu’à la lie.

Une exfiltration qui tourne à l’humiliation

Le compte à rebours de la machine infernale s’enclenche le 4 novembre 1979.

Quelques centaines d' »étudiants » de la Ligne de l’imam assiègent l’ambassade américaine à Téhéran.

Ils sont directement manipulés par Khomeyni.

Ils réclament le retour du shah, hospitalisé à New York, afin de le juger.

Après deux heures d’escarmouches avec les marines qui gardent le bâtiment, celui-ci est envahi et le personnel capturé, en violation de tous les usages diplomatiques et des conventions de Vienne.

Six Américains parviennent à s’échapper par la porte de derrière, avant que le piège se referme, et se réfugient à la mission canadienne.

C’est l’histoire de leur exfiltration qui sert de trame à l’excellent film Argo de Ben Affleck, qui sort en salles mercredi 7 novembre.

L’occupation de l’ambassade, rebaptisée « nid d’espions » par les Iraniens, constitue un épisode parmi d’autres du bras de fer engagé entre Washington et la toute nouvelle République islamique.

Mais elle s’inscrit également dans les rapports de force compliqués entre les différents clans qui se disputent le pouvoir à Téhéran.

Selon l’ancien président Bani Sadr, l’occupation était censée s’arrêter au bout de quatre jours.

Elle allait durer plus d’un an.

Dès novembre 1979, Jimmy Carter envisage un coup de main pour libérer les otages.

Il fait mettre sur pied une unité dévolue à cette mission : la task force 179, constituée de soldats des forces spéciales et commandée par le colonel Charles Beckwith.

L’opération est déclenchée le 24 avril 1980.

Elle porte le nom d’Eagle Claw (serre d’aigle). Elle met en oeuvre cent vingt hommes, six avions de transport et huit hélicoptères.

Elle se soldera par l’un des plus spectaculaires fiascos du genre.

Les hélicoptères tombent en panne les uns après les autres, victimes d’un meurtrier vent de sable.

Sur la base opérationnelle Desert One, c’est la panique.

Beckwith ordonne le repli.

Dans la pagaille, un hélico percute un avion Hercules, qui prend feu.

Non seulement l’opération échoue, mais les militaires américains passent pour des amateurs.

À six mois des élections, Carter, lui, est au fond du trou.

Un dénouement conclu… à Paris

Son administration tentera bien de négocier avec les mollahs, mais Khomeyni a manifestement décidé de traiter avec l’équipe Reagan.

Bani Sadr est formel : c’est à Paris (à l’hôtel Crillon puis à l’hôtel Raphaël), dans la troisième semaine d’octobre 1980, que des émissaires du futur président discutent avec les envoyés de Téhéran.

Selon Bani Sadr, ce sont George Bush (père) – alors candidat à la vice-présidence – et le futur patron de la CIA William Casey qui auraient conduit les tractations.

Sur quelles bases ?

Mystère.

Mais beaucoup estiment que des armes et des pièces détachées pour leur aviation auraient été promises à Téhéran.

L’amorce de ce qui deviendra plus tard l’Irangate.

Car, entre-temps, un fait majeur s’est produit : le 22 septembre, la guerre éclate entre l’Iran et l’Irak, alors soutenu par le monde arabe et l’Occident.

Les otages sont devenus un enjeu stratégique…

Pierre Beylau/ Le Point.fr Article original

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