21 février 1944: 22 résistants du Groupe Manouchian sont exécutés par les nazis dans la clairière de la forteresse du Mont-Valérien.
C'était le 21 février 1944 : l'exécution des 23 résistants du Groupe Manouchian #histoire ⏯ https://t.co/95qzFvhsds pic.twitter.com/OkV4tYeCMU
— Ina.fr (@Inafr_officiel) February 21, 2019
Le 21 février 1944, les murs de Paris se couvrent de grandes affiches rouges. Placardées à 15 000 exemplaires, elles font état de l’exécution au mont Valérien de 22 « terroristes » membres d’un groupe de FTP (francs-tireurs partisans), qualifiés d’« armée du crime ».
Le chef de ce groupe de résistants s’appelle Missak (Michel) Manouchian. Il est né en Arménie 36 ans plus tôt et a perdu son père dans le génocide arménien.
Quand il arrive en France, en 1924, il apprend le métier de menuisier et adhère au syndicat communiste, la CGTU. Il écrit par ailleurs des poèmes et se consacre à la littérature et à l’étude. Au Parti communiste, il fait partie du groupe MOI (Main-d’Oeuvre Immigrée). Pendant l’occupation allemande, il rejoint un petit réseau de résistants communistes, les FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans-Main-d’Oeuvre Immigrée).
La propagande nazie daube sur l’origine étrangère de Manouchian et de ses compagnons d’infortune (pour la plupart Arméniens comme lui ou juifs d’Europe de l’Est).
Mais il n’est pas sûr que cette argumentation ait eu l’effet attendu sur l’opinion française si l’on en croit le beau poème de Louis Aragon chanté par Léo Ferré…
Un réseau très recherché
Le réseau des FTP-MOI a été fondé en mars 1942 par Boris Holban (34 ans), de son vrai nom Bruhman.
Issu d’une famille juive qui a fui la Russie pour la Bessarabie puis la France, Boris Holban s’engage en 1939 dans un régiment de volontaires étrangers. Fait prisonnier, il réussit à s’évader grâce au réseau d’une religieuse de Metz, Soeur Hélène (François Mitterrand bénéficiera du même réseau).
En mars 1942, Boris Holban met sur pied les FTP-MOI parisiens avec des équipes de Roumains, de juifs polonais et d’Italiens sans compter un détachement spécialisé dans les déraillements et des services de renseignement, de liaison et de soins médicaux.
Ce sont au total 30 combattants et une quarantaine de militants. Ils sont affiliés au mouvement des FTP, créé par le parti communiste à la fin de l’année précédente.
Les FTP-MOI commettent à Paris 229 actions contre les Allemands, de juin 1942 à leur démantèlement en novembre 1943 par la Brigade Spéciale N°2 des Renseignements généraux (BS2), un organe de la préfecture de police de Paris chargé de la traque des communistes.
La plus retentissante de leurs actions est l’assassinat, le 28 septembre 1943, du général SS Julius Ritter, qui supervise le Service du Travail Obligatoire (STO), responsable de l’envoi en Allemagne de centaines de milliers de jeunes travailleurs français.
En août 1942, la direction nationale des FTP enlève la direction des FTP-MOI à Boris Holban car celui-ci refuse d’intensifier le rythme de ses actions. Il juge non sans raison que le réseau est au bord de la rupture. Il est remplacé à la tête du groupe par Missak Manouchian.
Suite à une trahison, celui-ci est arrêté par la police française avec plusieurs de ses amis le 16 novembre 1943, à Évry Petit-Bourg, sur les berges de la Seine. Sa compagne Mélinée réussit à échapper à la police.
Livrés à la police militaire allemande, Manoukian et 23 de ses camarades sont jugés devant la presse collaborationniste qui s’appesantit sur leurs origines et leur « cynisme ». Vingt-deux sont exécutés le 21 février 1944. C’en est fini des FTP-MOI.
Rappelé par les FTP en décembre 1943, Holban retrouve et exécute le traître qui a livré le groupe.
Après la Libération, il s’en retourne en Roumanie où il devient colonel puis général. Mais le dictateur Ceaucescu le déchoit de son grade et l’envoie travailler dans une usine jusqu’à sa retraite. Revenu en France, il sera décoré de la Légion d’Honneur le 8 mai 1994 sous l’Arc de Triomphe de l’Étoile par le président Francois Mitterrand.