La Turquie est prête à des concessions sur ses systèmes russes de défense aérienne S400.

Pour avoir acquis et testé, en vue de sa mise en service, le système russe de défense aérienne S-400 « Triumph », la Turquie a été exclue du programme d’avion de combat F-35, dont elle attendait 100 exemplaires, puis sanctionnée par l’administration Trump, cette dernière ayant interdit toute attribution de licences d’exportations à la SSB, l’agence du ministère turc de la Défense chargé des achats d’équipements militaires.

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Qui plus est, la dernière réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Otan à laquelle a participé Mike Pompeo, l’ancien chef de la diplomatie américaine, aura été houleuse, ses échanges avec son homologue turc, Mevlut Cavusoglu, ayant été « vifs ».

Qu’en sera-t-il avec l’administration Biden? Le 5 février, interrogé sur l’affaire des S-400, le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a assuré que la position de Washington « n’a pas changé ». Et d’ajouter : « Le S-400 est incompatible avec le F-35 et la Turquie a été suspendue de ce programme. »

En outre, a poursuivi M. Kirby, la Turquie « a eu de multiples opportunités au cours de la dernière décennie d’acheter le système de défense Patriot aux États-Unis » mais elle « a choisi d’acheter le S-400, qui fournit des revenus, un accès et une influence à la Russie. »

Cela étant, à la suite d’un échange téléphonique avec le porte-parole de la présidence turque, la semaine passée, le conseiller à la sécurité nationale de M. Biden, Jake Sullivan, a fait savoir qu’il avait parlé d’établir « une relation plus constructive entre les États-Unis et la Turquie », en réglant « plus efficacement » leurs désaccords en adoptant une « nouvelle approche ».

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Puis, et alors que le Pentagone rappelait son intransigeance au sujet des S-400, l’ambassadeur américain en Turquie, David Satterlfield, a adopté un ton plus conciliant. « Nous espérons que la question du S-400 pourra être résolue. Mais si ce n’est pas le cas, nous continuerons à nous concentrer sur tous les domaines de notre coopération qui ne sont pas directement affectés par les sanctions que nous avons mises en place », a-t-il dit. « Nous apprécions grandement la relation avec la Turquie dans toutes ses dimensions. Dans les relations de sécurité, la Turquie est un partenaire précieux et essentiel de l’Otan, un allié stratégique », a-t-il ensuite affirmé.

Seulement, avec les sanctions contre la SSB et son exclusion du programme F-35, la Turquie risque de connaître un scénario à l’iranienne. En effet, avant l’instauration d’une république islamique à Téhéran, l’Iran était un client important de l’industrie américaine de l’armement, le pays s’étant procuré des F-14 Tomcat, des F-4 Phantom et des F-5 Tiger II. Et il était question d’une importante commande d’avions F-16.

Le Shah d’Iran ayant été chassé du pouvoir, les États-Unis ont alors imposé un embargo à l’Iran. Embargo qui n’a pu que compliquer la maintenance de ses avions de combat. Pourtant, ces derniers sont, pour certains, encore en service… grâce à une bonne dose de « système D ». Cependant, d’après Tom Cooper, cité par Forbes, durant la guerre Iran/Irak, il fallait 400 heures de maintenance pour une heure de vol avec un F-14 Tomcat [*]…

Or, la force aérienne turque n’est pas loin de se trouver dans une situation analogue, sa flotte d’avions de combat, composée essentiellement de F-4 Phantom et de F-16C/D, anciens pour la plupart. Voire pire, l’Iran ayant pu se procurer des MiG-29 auprès de la Russie dans les années 1990.

En l’état actuelle des choses, la Turquie ne peut compter que sur elle-même pour maintenir ses F-16 en état de vol. D’ailleurs, le directeur du SSB, Ismail Demir, a récemment annoncé un programme visant à redonner du potentiel aux appareils les plus anciens. Il est question de prolonger leur durée de vie à 12.000 heures de vol et de « réviser et rénover 1.200 à 1.500 pièces structurelles par avion. »

« Les industries aérospatiales turques peuvent fournir aux F-16 des améliorations structurelles, Turkish Engine Industries peut proposer des solutions pour la maintenance et la réparation des moteurs, et le spécialiste en électronique militaire Aselsan peut moderniser l’avionique si nécessaire », analysait récemment un note du Begin-Sadat Center for Strategic Studies [BESA Center].

Dans le même temps, la Grèce modernise son aviation de combat à marche forcée, avec l’acquisition, négociée dans un délai record, de 18 Rafale auprès de la France. Et il est question de l’achat d’une vingtaine de F-35A.

La marge de manoeuvre de la Turquie est donc étroite dans ce domaine. Une solution serait sans doute de se tourner vers la Suède et acquérir des JAS-39 Gripen E/F… Mais cet appareil compte des composants américains, ce qui rend compliqué un éventuel achat. Une autre solution serait de se tourner vers la Russie, pour se procurer des Su-35 ou des Su-57. Une telle hypothèse a été avancée par Ankara… Enfin, la mise au point du TF-X, un appareil de combat de 5e génération, pourrait être la solution… Mais pas dans l’immédiat.

OPEX 360

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Marco po

Et ils sont vraiment marrant ces Turcs ils veulent le beurre et l’argent du beurre