Le 8 novembre 1942, les nazis envahissent le pays. De novembre 1942 à mai 1943, les Juifs de Tunisie furent considérés par les forces d’occupation comme des ennemis et traités en ennemis. Pendant cette période, les nazis organisent des rafles dont la plus importante se déroule à Tunis.
Au total, près de 5 000 Juifs sont envoyés dans des camps de travaux forcés.
À partir d’avril 1943, commenceront les premières déportations vers les camps en Europe.
La Tunisie sous occupation nazie
Réaction de la Wehrmacht à
l’Opération Torch : elle envahit la Tunisie à partir de la Libye et occupe ce pays pendant six mois effroyables pour les Juifs.
A Tunis, Hitler a envoyé le SS Walter Rauff. Celui-ci « a été chargé en 1941 du programme technique d’extermination des Juifs par des camions à gaz. Il y a eu plusieurs centaines de milliers de morts par ce moyen de mise à mort. C’est un spécialiste de la mise à mort des Juifs », précise l’historien Serge Klarsfeld.
Ayant fui en Amérique latine après la guerre, jamais jugé, Rauff meurt le 14 mai 1984 au Chili. Serge et Beate Klarsfeld n’ont pas obtenu son extradition.
Revenons à la Tunisie lors du conflit mondial.
Le 8 décembre 1942, Rauff exige des dirigeants de la communauté Juive « 3 000 hommes munis de pelles, de pioches et de vivres pour le lendemain, 8 h ».
Officier de la Légion d’honneur, Maurice Borgel, président de cette communauté, proteste. Agenouillé, ce septuagénaire est cravaché violemment par Rauff.
« Le bey avoue son impuissance. C’est la fatalité. Le résident général informe la communauté que les Allemands lui ont interdit de s’occuper des Juifs. Alors il se lave les mains. Ce jour-là, il a signé la fin du protectorat français en Tunisie, parce que le traité de protectorat imposait à la France de protéger la personne du bey et ses sujets contre toute puissance étrangère », souligne Claude Nataf.
Au matin du 9 décembre 1942, faute de réunir les 3 000 personnes, les Allemands raflent des Juifs à Tunis .
« Afin d’arrêter la rafle, la communauté accepte de prendre en charge le recrutement et fait coller des affiches en appelant les Juifs de 17 à 50 ans à se présenter. C’est la mobilisation générale », observe Claude Nataf. Lieu de réunion : l’école de l’AIU de Tunis. Destination : des camps de « travaux de terrassement et de défense du pays ».
Des camps brièvement évoqués dans Le Maghreb sous la croix gammée, documentaire de Bill Cran et Karin Davison.
« Entre le 9 décembre 1942 et début janvier 1943, 5 500 jeunes Juifs partiront vers ces camps de travail. Le pire était celui de Bizerte gardé par des SS. C’était le camp où il y a eu les plus grandes violences commises contre les Juifs, et plusieurs Juifs ont été fusillés par les Allemands sous prétexte de prétendues tentatives d’évasion », rappelle Claude Nataf.
iL faut environ 48 heures à ces milliers de Juifs – dont André Nahum (1921-2015), futur médecin à Sarcelles, Chalom-Charles Perez et Georges Smadja – pour rejoindre, sans manger ni boire, le camp de Bizerte, port maritime majeur situé à 60 km de Tunis et entièrement évacué de sa population civile et par l’Armée française.
A Bizerte, ces jeunes Juifs rejoignent la caserne Philebert. Dans les chambrées : uniquement de la paille. Le travail ? « Creuser des tranchées, combler les trous de bombes, décharger les camions de munitions ».
Et ce, sous les bombardements quotidiens des Alliés. En cinq mois, nombre de ces Juifs perdent 20 kg.
Les travailleurs Juifs sont contraints de porter une étoile sur le poitrine et dans le dos pour mieux les repérer en cas de tentatives de fuites.
Selon Claude Nataf, « cette mesure est rapidement tombée en désuétude dans presque tous les camps. En revanche, tous les Juifs du Sahel ont été obligés de porter l’étoile jaune, y compris les bébés ».
Pour Léon Masliah, alors âgé de huit ans, ce port était « presque un signe de fierté. Je ne pense pas que mes parents partageaient ce point de vue parce qu’ils savaient de quoi on parlait ».
Au Maroc et en Algérie sous l’autorité de l’amiral Darlan, la situation des Juifs est demeurée inchangée.
Dans la nuit du 24 au 25 décembre 1942, l’amiral Darlan est assassiné par un jeune résistant. A de Gaulle, le président Roosevelt préfère le général Giraud, qui reçoit le commandement militaire et civil.
Or, Giraud refuse d’abroger les lois antisémites, mais accepte les Juifs qui s’engagent pour poursuivre, dans cette nouvelle armée française en cours de création, le combat contre les forces de l’Axe.
Mais « au lieu de les envoyer sur le front, pour une préparation militaire, il les envoie au camp de travail de Bedeau, où ils portent un uniforme spécial noir pour les distinguer des autres », note Michel Abitbol.
Et là, jugés non dignes du combat, faiblement alimentés, les yeux baissés, ils sont astreints à des travaux pénibles : « casser les cailloux, faire les routes, abattre les arbres, etc. » Et ce, sous 35° à 40 °C dans la journée, et un écart thermique d’environ 40°-45° C entre les températures diurnes et celles nocturnes. La nuit, la couverture protège des scorpions. « Les punitions étaient extrêmement sévères », déplore Léon Chouraki.
« En janvier 1943, les Juifs sont mobilisés dans des compagnies de pionniers Juifs avec des officiers français, puisque nous étions à l’époque encore Juifs indigènes », précise Georges Hadjadj, né en Algérie. Les Allemands imposent des amendes collectives très lourdes aux Juifs : 23 millions de francs à Tunis, 40 millions de francs à Sousse, 40 millions à Sfax » (Claude Nataf).
« La Résidence générale a demandé à un organisme bancaire de prêter cet argent avec la garantie des bourgeois, des possédants. Et cela a été payé », note André Nahum.
Léon Masliah se souvient : « Avec une hargne, avec une haine que je ne comprenais pas, ils ont raflé les bijoux, le peu de choses précieuses que nous avions, et nous ont laissé dans un état de dénuement total ».
Alors que « les hommes sont dans des camps, les Allemands pénètrent chez eux, terrorisent, frappent, violent leurs femmes et se servent à loisirs ».
Les déportations des Juifs de Tunisie « ont lieu en avril 1943, trois semaines avant la libération du territoire tunisien. Quarante déportés ne sont pas revenus. C’est très peu par rapport aux six millions de Juifs d’Europe continentale tués lors de la Shoah. Mais cela éclaire la nature du projet génocidaire des nazis. Partout où les Allemands ont pris pied, ne serait-ce que 24 heures comme à Rhodes, ou six mois comme en Tunisie, ils ont persécuté la population Juive, dans le but de la détruire » (Claude Nataf).
Parmi les Juifs déportés : Victor Cohen Hadria, ancien Bâtonnier de l’Ordre des avocats de Tunis assassiné à Auschwitz, Edouard Benjamin Dana, pupille de la Nation et résistant, déporté à Auschwitz, envoyé dans le ghetto de Varsovie pour le déblayer où il est abattu alors qu’il tentait de fuir.
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Une petite acnedote :
Pendant la guerre ma grand mére logeait tous ses enfants dans une grande maison dans le quartier Lafayette .
Il y avait une piéce qui été accessible en sautant par la fenêtre de la cuisine sur le balcon de cette chambre .
En fait elle donnait sur une cour qui appartenait aux Guadanino nos voisins du RDC ?
Et devant la porte de cette pièce ma grand mère avait installé une grande armoire .
Quand on sonnait à la porte tous passaient par la fenêtre de la cuisine pour atterrir sur le balcon , ils pouvaient ainsi échapper aux rafles des allemands qui ne voyaient que du feu quand ils visitaient la maison .
On en rit aprés mais ce n’était pas marrant car chaque jour il fallait sortir pour ramener à manger .
Et pour finir avec le sourire……..
l’un de mes oncles qui était interprête dans l’armée anglaise avait logé un de ses collégues anglais dans la maison , il était seul dans sa chambre .
Ma grand mère comme toutes les méres tunisiennes qui avaient des filles était trés méfiante et ne faisait confiance en personne : elle avait enfermé l’anglais à double tour dans sa chambre . Et quand il avait un besoin pressant il fallait qu’il tape à la porte . On le libérait un instant et on l’enfermait de nouveau jusqu’au matin .
Ce qui était marrant c’est qu’il trouvait cette situation normale……ainsi tout le monde était d’accord .
Quand j’y pense j’en ai les larmes aux yeux de rire .
That’s life .
en effet, le fours étaient prêts a Djebel Djelloud, a la sortie de Tunis sur la route d’ hamam lif, a la fin de l’ avenue de carthage
mon père fut « embauché » par la luftwaffe comme « infirmier », comme tous les médecins et infirmiers juifs
les bombardements alliés sur l’ aéroport de l’ aouina faisant des centaines de blessés
j’ ai eu le livre de Paul Guez entre les mains aux environs de 11 ans…..je venais d’ apprendre qu il pouvait etre dangereux d’ etre juif
@ LE CHAT DORT
Djebel Djelloud , j’ai trés bien connu .
Je passais devant pour me rendre à Radés où j’étais inscrit à l’école : Mégrine Lescure , Mégrine Coteaux etc….
Ensuite Saint Germain et Hammam Lif .
Les adultes ne parlaient pas beaucoup de ces choses là . Ils pensaient nous protéger .
Je sais que beaucoup de jeunes comme mon père furent arrêtés et enfermés à l’Alliance Israélite .
La vie était dure , il manquait de tout .
Heureusement nos voisins du rez de chaussée les Guadanino et Lattuca ( parents de Pino le pianiste de Jacques Martin ) qui étaient entr’autres boulangers nous livraient du pain .
Par contre on nous parlait beaucoup de la libération de Tunis le 7 Mai 1943 , ce fut une liesse indescriptible au point que beaucoup d’enfants Juifs nés ce jour là ont pris comme surnom » Johnny » .
Plus tard ils se prenaient pour des américains , ils frimaient alors qu’ils étaient bronzés comme nous et comme Fortunée la fille de Madame Sarfati . ah ah
Quelques semaines de plus et les camps étaient prêts à fonctionner et le nombres de morts aurait été beaucoup plus important ..