Oscar du meilleur film dimanche, après  « La Forme de l’eau » du Mexicain Guillermo del Toro l’autre grand gagnant, « 3 Billboards, Les panneaux de la vengeance », est reparti avec les statuettes de meilleur second rôle masculin pour Sam Rockwell et meilleure actrice Frances McDormand, qui interprète une mère en colère face à l’enquête non élucidée sur le meurtre de sa fille.

Quand « Les panneaux de la Vengeance » deviennent les panneaux de la colère.

« Les Panneaux de la Vengeance ». Le titre français de « Three Billboards » annonce la couleur. Favori des Oscars 2018 qui se tiennent ce dimanche 4 mars à Los Angeles avec sept nominations, le film a déjà été récompensé par les Golden Globes, les Bafta et les SAG Awards. Autant dire que le long métrage du Britannique Martin McDonagh bénéficie d’un écho planétaire.

Au-delà du fond du film, qui raconte l’histoire d’une mère de famille qui réclame justice après la mort de sa fille, c’est la méthode qu’elle utilise pour se faire entendre qui marque. Interprétée par Frances McDormand, la mère éplorée loue trois grands panneaux rouge à l’entrée de la petite ville d’Ebbing dans le Missouri.

Les affiches, couleur sang, vont avoir le mérite de faire parler une communauté profondément divisée par la campagne choc. « Plus on expose une affaire, plus on a de chance de la voir résolue », dit-elle.

Cette méthode a inspiré un nouveau mode de contestation ou de démonstration que l’on a pu voir apparaître un peu partout sur la planète. Relayés dans les médias, ces panneaux prouvent le potentiel de la méthode pour faire passer un message.

Pour célébrer le meilleur, et dénoncer le pire

Quand Alexis Ohanian, le mari de Serena Williams loue quatre panneauxinstallés sur les hauteurs de Los Angeles et célèbre « la meilleure maman du monde » pour son retour à la compétition après sa maternité, il fait fondre le cœur de sa femme mais aussi celui des internautes.

Beaucoup plus sérieux, c’est toujours à Los Angeles que le street artist Sabo a utilisé ce modus operandi pour dénoncer la pédophilie dans le milieu du divertissement. Cette opération « pirate » réalisée le 28 février dernier a eu un écho considérable par la force des propos placardés.

« On était tous au courant, mais il n’y a pas eu d’arrestation », « Et l’Oscar du pire pédophile est attribué à… », « Donnez des noms sur scène ou fermez vos gueules », peut-on lire sur ces panneaux de quinze mètres sur quatre.

 

Avec cette campagne choc, l’artiste habitué à ce type d’opérations, explique avoir voulu dénoncer l’omerta dans le milieu du divertissement au sujet des violences sexuelles. Il s’adresse en substance aux acteurs d’Hollywood qui devraient, selon lui, éviter de faire la leçon durant leurs discours aux Oscars. Du moins pour cette année, explique-t-il à The Hollywood Reporter.

Une méthode coup de poing

En Écosse, c’est avec des moyens limités que des grévistes de l’université d’Édimbourg ont utilisé cette méthode pour mettre leurs revendications en évidence contre la baisse de leurs allocations.

 

Toujours en Grande-Bretagne, les victimes de l’incendie de la Grenfell Tower qui a coûté la vie à 71 personnes en juin 2017 se sont servi de trois panneaux rouge pour demander justice. « 71 morts », « Et toujours pas d’arrestation? » et « Pourquoi donc? », peut-on lire dans un message adressé aux autorités.

« Ces trois panneaux sont là pour que cette tragédie reste dans la conscience nationale et que nos voix soient entendues », a expliqué l’association.

 

Le 22 février dernier, c’est devant les Nations Unies à New York que l’ONG Crisis Action a déployé trois panneaux à LED pour dénoncer les massacres de la Ghouta, bombardée par le gouvernement syrien. « 500.000 morts en Syrie », « Et toujours aucune action », « Comment est-ce possible, Conseil de Sécurité de l’ONU? », lit-on.

 

A coalition of humanitarian organisations are calling on the UNSC to vote for an immediate cessation of hostilities in Syria

Deux jours après la fusillade qui a fait 17 morts dans les couloirs d’un lycée de Parkland (Floride), le président de la Chambre des représentants de l’État américain Marco Rubio a été directement ciblé par une campagne du collectif Avaaz reprenant le mode opération de « Three Billboards ».

« Abattus à l’école », « Et toujours pas de contrôle des armes », « Comment cela se fait, Marco Rubio? », lit-on, le tout sur le célèbre fond rouge.

 

Comme un symbole, la ville de Connemara en Irlande d’où est originaire le réalisateur du film Martin McDonagh lui a rendu hommage en installant les trois célèbres panneaux à l’entrée du village.

 

Dans une interview donnée au Screen Dailyle réalisateur a expliqué s’être inspiré d’une expérience personnelle pour penser son film. En voyage en bus dans le sud des États-Unis il y a 20 ans, il était passé devant des panneaux publicitaires similaires interpellant la police au sujet d’un crime. « C’est resté figé dans ma mémoire, a-t-il expliqué. La douleur, la rage et la tristesse de la personne qui les a placés là ».

Par Gary Assouline

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rachel

Je suis ravie que Frances McDormand ait eu son deuxième oscar mais c’était presque certain : dans « Three Biboards », elle habite « la » personnage et est habitée par elle et c’est une performance admirable.
J’ai regardé juste la fin de la cérémonie des Oscars 2018 et encore parce que les actrices nominées faisaient parti d’un très bon cru cette année à part Meryl Streep qui devient en vieillissant une conne politisée insultant Trump (que je n’apprécie pas particulièrement pourtant) à tout va mais épargnant, c’est bizarre, tous les pervers du cinéma.

J’aurai aimé que ce soit « Three Billboards, ou « Les heures sombres » ou même « Dunkerque  » qui remporte l’Oscar du Meilleur film et non « La Forme de l’eau » qui est premièrement un plagiat, deuxièmement, un film dénoncé par les associations américaines de personnes handicapées parce qu’il laisse fortement penser que ces personnes ne peuvent aimer et être aimé que par des créatures fantasmagoriques et troisièmement, parce que les parents de Del Toro étaient des européens et non des mexicains : il n’a fait que naître et vivre ses premières années au Mexique; d’ailleurs, quand on le regarde, il a le type franchement caucasien. Mais comme il fallait mettre le Mexique à l’honneur dans le seul but de faire la nique à Trump, il faisait l’affaire : mexicain mais pas trop.

PS : Quant à choisir un vrai latino, Danny Pino, certes acteur de séries télévisées dans « Cold Case » et dernièrement dans « Gone » mais pour moi, il existe de bons acteurs de télévision, Danny Pino donc surclasse 1000 fois Del Toro en matière de latinité et en plus, il est très joli à regarder.

rachel

Il faut regarder ce film en VO ou en sous-titré car traduire bon Dieu dans la version française par bordel est une aberration car la religiosité qui imprègne ce film aide à le comprendre.
Personnellement, je ne peux absolument pas croire à un Dieu omnipotent, tout puissant, juste, bon qui laisserait des monstres soi-disant humains enlever, violer, tuer des enfants, parfois des bébés.

rachel

JE SUIS FRANCES MCDORMAND ET JE SUIS KICK. C’est une excellente initiative de se servir du thème de ces trois panneaux pour protester avec virulence et notamment contre la pédocriminalité, le plus monstrueux de tous les crimes.

Un film « Three Billboards » et une série télévisée « Gone » m’ont bouleversé cette année à un point qu’il m’est très difficile de trouver des mots assez forts et assez exacts pour décrire la puissance du déluge d’émotions que cela a provoqué chez moi; jamais, je n’avais expérimenté de façon aussi parfaite le sens du terme JE SUIS . Nous sommes début mars et pourtant, ce film et cette série ont déjà marqué mon présent et mon avenir profondément même si la série est moyenne, le film, lui est un chef d’oeuvre cinématographique.
C’est comme si un conteur avait frappé à ma porte le premier jour de la nouvelle année et m’avait dit : « Cette année, je vais raconter avec tout le talent, toute la douleur, toute la force possibles et avec une certaine dose d’humour, les blessures de ton enfance qui font que tu es la femme d’aujourd’hui. » La petite fille de « Gone », c’est moi, la mère de « Three Bilboards », c’est moi aussi car je suis capable d’agir comme elle et même plus, c’est-à-dire tuer si ma fille ou ma petite-fille était violée et/ou tuée.
Dans mon coeur, dans mon âme et dans chaque fibre de mon corps, la fillette est en permanence présente et elle rejoindrait la sexagénaire à coup sûr pour ne former qu’une seule femme certes déchirée, certes désespérée mais d’autant plus justicière et déterminée jusqu’à la violence (comme la colère dans la chanson Rouge de Sardou) s’il arrivait malheur et destruction à la chair de sa chair : elle ne pourrait survivre à un autre enfer qu’en se faisant justice. Je n’utilise pas volontairement le mot vengeance car ça ne l’est pas.

PS : Pour moi, Frances McDormand a déjà eu son deuxième Oscar de la meilleure actrice : elle en avait reçu un pour « Fargo » des frères Coen, Ethan et Joël qui est aussi son mari dans la vie.