Tazria-Metsora 5783: du pur à l’impur (vidéo)

Cette année les deux sidrot tazria et metsora sont reliées. Dans la parasha de tazriâ il sera question au début de l’accouchée et de la période pendant laquelle la personne sera isolée ; puis, il s’agira de la lèpre –qui n’est ici qu’une affection des temps bibliques – la metsora, ou lèpre, provoquera encore un isolement mais ce ne sont pas pour les mêmes raisons et nous allons tenter de tout examiner ici.

Ainsi commence la première section : אישה כי תזריע…. “lorsqu’ une femme aura accouché et qu’elle sera isolée à cause de sa souffrance, au huitième jour on circoncira l’excroissance de l’enfant »…. Ces quelques mots sont importants car porteurs d’enseignements importants.

D’une part, la femme après son accouchement est isolée et ce n’est que plus avant dans notre lecture que seront définies les différentes périodes d’éloignement, ce qui saute aux yeux c’est que la Torah préfère parler d’abord de la circoncision. Cet acte que D. a tout d’abord exigé d’Abraham est une intervention qui « imprime » un sceau ou une marque indélébile dans la chair de l’homme qui contracte une alliance avec son Créateur.

Le fait que la circoncision doive s’effectuer au huitième jour est si important que l’on ne repousse pas cette cérémonie même si cela doit avoir lieu un shabbat, un jour de jeûne tel que le 9 av ou même le jour de Kippour ! L’organe sur lequel est pratiquée la circoncision revêt aussi une importance que l’on pourrait « classer » en deux degrés : le premier étant parce que cet organe représente la reproduction humaine et donc la transmission des gènes mais surtout de l’acceptation de l’appartenance au peuple juif jusqu’au plus profond de l’intimité de l’être humain, dans un endroit qui demeure caché ; et, le huitième jour, car il symbolise ce qui se situe au-delà du sacré et du naturel le chiffre 7 étant, comme nous le savons, non seulement un indice de kedousha ou de sainteté mais encore de naturel, le monde ayant été créé en 6 jours mais cette création ayant été couronnée par le diadème du shabbat.

Le 8 vient donc briser ce cycle naturel et fait entrer l’acte dans un cycle nouveau au-dessus du naturel. Adam – le premier homme de la création – a été formé par D. et était déjà circoncis.

Moïse – Moshé Rabbénou – est né déjà circoncis, dans une Egypte ennemie qui guettait les vagissements des premiers-nés. Nous donnerons, un peu plus bas, les commentaires concernant ces pauvres premiers-nés mâles pourchassés dès le premier souffle de leur jeune vie.

Après avoir donné les instructions concernant l’accouchée voici que vont suivre tout une suite de détails concernant les atteintes épidermiques contractées par des personnes se laissant aller au colportage de faux bruits, de médisance ou de « mauvaise langue ».

Le mot « metsora » מצורע, désigne une sorte de lèpre – cette maladie n’existe plus – pourrait être l’abréviation des mots : מוציא לשון הרע soit « fait de la médisance ».

En effet, les commentateurs et le Hafetz Hayim en particulier font remarquer que, si l’on pratique la médisance ou le colportage de faux bruits ou d’informations diverses et non exactes et/ou n’ayant aucune utilité, nous pouvons constater que nous entraînons la personne sur laquelle ont été tenus des propos diffammants vers un isolement qui est quelque chose que D. exècre car HaShem, par-dessus tout, aime l’Union. En proclamant que D. est Un, nous affirmons notre foi en Lui et nous nous réunissons autour de cette Unicité or, si nous provoquons l’isolement d’une personne de son entourage, nous initions alors une opération que D. refuse.

Seul le Cohen était habilité à examiner les plaies et à déterminer s’il s’agissait de lèpre ou pas, de combien de jours devait être l’isolement et le processus de purification.

Lorsqu’une personne est seule elle n’a pas de force pour établir ou construire même s’il y a deux personnes, il ne peut y avoir de construction. Celle-ci ne peut avoir lieu qu’à partir d’un groupe de 3, ainsi le triangle donnera aisément l’image d’une relation solidement établie de même que c’est avec le troisième patriarche que fut instaurée l’image du peuple d’Israël. Car nous enseigne la tradition un lien triple ne peut jamais se défaire.

Myriam faisant de la médisance sur son frère Moïse et sa belle-sœur Tsipora est sanctionnée : elle fut atteinte de lèpre et isolée et le peuple entier attendit qu’elle revînt au camp après s’être purifiée. La lèpre pouvait atteindre la personne et certaines fois, les vêtements et contaminer même les murs d’une demeure. En réalité il s’agissait d’étapes et de mise en garde : les vêtements premier avertissement, puis la maison puis la personne elle-même en dernier lieu.
Pour faire guérir la lèpre il fallait que le Cohen saisisse un bouquet fait de bois de cèdre, d’hysope et d’un fil écarlate parce que le cèdre arbre magnifique et haut symbolise l’orgueil (de la personne médisante) l’hysope qui pousse partout symbolise l’humilité (et le fait de rabaisser et d’être humilié). Car, en faisant de la médisance, on se prend pour quelqu’un de mieux et de plus haut placé que les autres et on humilie celui sur lequel on a médit.

Il est à remarquer que les deux mots semence ou zérâ (זרע) tout comme tsaraât (צרעת) : lèpre comporte le mot hébraïque râ (רע) mauvais mais ici encore l’analyse de ces lettres permet de déceler une indication : pour ne pas arriver à quelque chose de négatif, de mauvais, il faut être en éveil : êr (ער) éveillé : savoir et connaître ses limites dans tous les domaines pour ne pas arriver à l’indésirable.
Le midrash raconte à propos de la naissance de Moïse que les sorciers et magiciens de Pharaon avaient averti celui-ci qu’un danger le menaçait en provenance du peuple hébreu et qu’un garçon viendrait à naître dans ce peuple qui aurait un rapport avec l’eau c’est la raison pour laquelle Pharaon imagina de tuer les nouveaux nés mâles en les jetant dans le fleuve mais un autre midrash enseigne qu’en fait Pharaon souffrait de lèpre et que les magiciens égyptiens lui avaient conseillé de prendre des bains de sang de bébés mâles hébreux……

Rashi et bien d’autres exégètes s’interrogent sur le fait que cette parasha succède à Shemini dans laquelle il a été question de l’inauguration du Mishkane, de l’initiation du service sacerdotal, de la consommation d’animaux permis ou interdits… quelle est la raison de cet enchaînement s’étonnent-ils ?

Le motif en serait que de même que l’homme n’est apparu dans le récit de la création qu’après la création du monde environnemental, il a été question du Temple en premier lieu puis des animaux purs et impurs. L’on peut comprendre ainsi que de même que l’Eternel a tout d’abord créé tout ce qui va être utile à l’homme qui sera créé en dernier lieu pour avoir immédiatement de quoi se nourrir, dans la précédente péricope, HaShem montre le lieu où l’homme pourra se rendre pour témoigner de son attachement au Maître du monde et lui vouer un culte puis le guider dans ses choix de nourriture de manière à laisser le monde baigner dans la pureté, et la sainteté. Et ce n’est qu’alors que l’homme, pourra procréer avec l’aide du Tout Puissant qui dépose les âmes dans l’être créé et, c’est pourquoi est abordé ce chapitre sur l’isolement périodique et après une naissance.

Encore une question : pourquoi l’accouchée devrait-elle présenter un sacrifice ? Les Sages expriment le fait que, sans doute sous l’emprise de la souffrance physique lors de l’accouchement, la parturiente a-t-elle blasphémé involontairement et donc, elle doit remercier et se faire pardonner éventuellement.

Caroline Elishéva REBOUH

 

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