L’attentat de mercredi contre le ministère de la défense en Syrie a fait réagir en Israël, comme ailleurs. Plus personne aujourd’hui à Jérusalem, ne croit qu’Asad sera en mesure de se maintenir au pouvoir, malgré les réserves qui évoquent, d’une part ses armes chimiques, d’autre part un éventuel renfort de l’Iran, qui a promis qu’il ne resterait pas sans bouger devant la chute d’Assad.On évoque toutefois aujourd’hui dans la presse, des scénarios à la Khadafi, au mieux à la Ben Ali. Depuis de nombreux mois, les commentateurs le répètent, la Syrie ne redeviendra plus jamais ce qu’elle fut avant le 15 mars 2011.

Toutefois, si Israël n’a jamais eu de bonnes relations avec le camp Assad, la télévision israélienne montre régulièrement des images du camp des rebelles, et les menaces de mort contre les Alaouites, les chiites, les chrétiens, en Syrie et jusqu’au Parlement égyptien, provoquent parfois une certaine empathie pour Assad, de la part d’observateurs qui n’en ont pourtant aucune.

La question divise en Israël. Assad n’a jamais été un partenaire d’Israël, oui, mais après lui? Assad massacre les Syriens. Oui, mais qu’adviendra-t-il des Alaouites, des chiites, des chrétiens, après lui?

Misha Uzan

Les dernières heures de Bachar

17 mois ont passé depuis les débuts du soulèvement contre le régime du dictateur syrien Bachar al-Assad dans la ville syrienne de Daraa. Depuis le 15 Mars 2011, nous avons assisté à de nombreux événements : une vague de défections d’officiers, des massacres et de nombreuses batailles à travers la Syrie, y compris à Damas.

Mais l’attentat à Damas cette semaine fut un moment fort, et peut-être même un tournant. Tout comme lorsque le Viet Cong a infiltré l’ambassade américaine à Saigon en 1968, cela n’a pas immédiatement mis fin à la guerre du Vietnam, mais l’épisode reste un tournant dramatique suggérant que les Etats-Unis allaient perdre.

Dans ses plus sombres cauchemars, Assad n’a jamais rêvé que ses adversaires divisés et désorganisés seraient en mesure de mener une attaque contre le « saint des saints » de son établissement de défense – le siège de la défense nationale à Damas – et de tuer le ministre de la Défense Daoud Rajiha et l’adjoint à la Défense Assef Shawkat. Shawkat n’est également autre que le beau frère d’Assad, et l’homme responsable de la poursuite du régime d’Assad après la mort de son père, Hafez al-Assad, décédé en 2000.

D’une part, cette attaque a porté un coup douloureux pour le moral du régime. D’autre part, l’ALS, l’armée syrienne libre, en revanche a le moral qui se rebiffe. Au cours de la quatrième journée consécutive de batailles sanglantes à Damas mercredi, quelque 60 membres de l’Armée libre syrienne ont pourtant été tués. Mais il est très possible qu’il y ait eu un changement de dynamique, même militairement, dans ce soulèvement. Les rebelles n’ont pas réfléchi à deux fois avant d’attaquer les gardes d’Assad au palais présidentiel. L’opposition a commencé à croire qu’elle pourrait renverser le régime d’Assad, malgré l’inaction de l’ONU et du monde.

Les Etats-Unis et l’Europe ont reporté à nouveau un vote du Conseil de sécurité de l’ONU sur une nouvelle résolution pour la Syrie, en raison de la menace de veto brandie par la Russie et la Chine. Le vote a été reporté. Pour le président américain, la situation est assez gênante : si Ronald Reagan restera le président qui a mis fin à la guerre froide, Barack Obama restera le celui qui a réussi à la relancer.

L’affrontement entre Washington et Moscou au cours du soulèvement syrien ressemble à une page des livres d’histoire de la guerre froide. Moscou détermine ses relations avec l’étranger sur la base de la balance du commerce : les exportations russes vers la Syrie se sont élevées à 4 milliards de dollars en 2011. Il n’est pas étonnant que le président russe Vladimir Poutine protège ses intérêts financiers. Le fait que cela gêne Washington est juste un bonus.

La Russie sait toutefois, malgré tout, qu’elle n’est plus l’Union Soviétique depuis longtemps. Mais elle a la capacité, à certains égards, de faire aux États-Unis ce que l’Union soviétique lui a fait. La question syrienne en fait partie.

A Moscou, Vladimir Poutine a décidé de ne pas tout laisser aux Américains. En outre, la Syrie a une signification plus stratégique pour la Russie que l’Egypte ou la Libye. Autour des salles du siège de l’ONU à New York mercredi, les membres de la délégation russe ont mentionné les relations d’Al-Qaïda avec les rebelles syriens. Quelle ironie! C’est maintenant à Moscou, et non plus à Washington, qu’on met en garde contre la terreur islamique.

Jeudi, Assad s’est réveillé avec une nouvelle réalité. Il comprend à présent qu’il ne sera pas comme son père, président à vie, et que, s’il n’échappe pas à temps, il pourrait rejoindre son père beaucoup plus tôt qu’il ne l’avait prévu.

Par Boaz Bismuth, Israël Hayom, 19 juillet 2012

Traduit de l’hébreu et adapté par Misha Uzan – JForum

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