Alors que le vent tourne et que les tenants d’une ligne dure envers la Russie sont en danger de perdre la main après la défaite d’Hillary Clinton, la Henry Jackson Society, antenne britannique des néoconservateurs américains crie encore au loup.

Dans un rapport intitulé Les idiots utiles de Poutine, le think tank Henry Jackson Society s’inquiète ainsi du «flirt entre les partis de gauche et de droite» (entendre : «extrême») avec la Russie. «Les activistes comme les journalistes et les politiciens devraient signaler les connections pro-russes [sic] tant des individus que des partis politiques», préconise ainsi le think tank britannique qui à une politique étrangère fondée sur la «fermeté».

« Les connections des politiciens d’extrême gauche et d’extrême droite, que ce soit du point de vue des personnes ou de celui des organisations, devraient être cartographiée à l’échelle de l’Europe »

Mais la liste, tout à fait digne d’une dystopie de George Orwell, ne s’arrête pas là : «Les parlements de l’Europe entière devraient adapter leur législation ou même voter de nouvelles lois afin de faire obligation aux politiciens de déclarer toutes leurs apparitions dans les médias et de rendre publiques leur éventuelle rémunération».

Une antenne britannique des néoconservateurs américain

Le Think tank Henry M. Jackson ne fait pas mystère de son positionnement. Ne serait-ce que par le choix de son nom, qui n’est pas anodin pour un think tank britannique, celui d’un Américain, Henry M. Jackson, membre conservateur du Congrès.

Ce dernier, radicalement anticommuniste et antisoviétique, à partir de la guerre froide est un de ces défenseurs du «monde libre» et de la démocratie, à telle enseigne qu’il devient une des figures tutélaires du mouvement dit «néo-conservateur», celui-là même qui accède au pouvoir en 2000 en même temps que George W. Bush avec, entre autres, le très belliciste ministre de la Défense Donald Rumsfeld ainsi que Dick Cheney, le vice-président et Collin Powell. La Henry Jackson Society, dans sa profession de foi, indique ainsi que les luttes de la guerre froide sont plus que jamais d’actualité et rappelle les enseignements de Henry M. Jackson, à savoir : le «maintien d’une armée américaine puissante», ainsi qu’une Alliance atlantique (OTAN) puissante et offensive.

Pas de liberté pour les ennemis de la liberté

Des faucons dont l’influence s’est prolongée par le moyens des think tanks bellicistes pendant les deux mandats de Barack Obama, ce dernier conservant une partie de l’administration précédente. Une influence qui se renouvelle notamment lorsqu’Hillary Clinton, membre d’un autre think tank, le Council on Foreign Relations (CFR), et «faucon» bien que démocrate, était en charge des Affaires étrangères américaines entre 2009 et 2013.

La rhétorique de la Henry Jackson Society n’a finalement pas de quoi surprendre : recours d’une part aux inversions accusatoires, lorsqu’elle reproche aux «extrêmes» de rester dans les grilles de lectures de la guerre froide, alors que ses propres jugements de valeur en procèdent. Et confiscation des mots d’autre part, lorsqu’elle prétend œuvrer pour la démocratie en proposant de dresser une liste noire.

Au risque d’aller à l’encontre du droit à la communication des idées, à la liberté d’expression et au libre choix des électeurs garanti par la déclaration universelle des droits de l’homme. Dans le point 6 de sa profession de foi, dans une inversion rhétorique de plus, le think tank explique ainsi que «seuls les Etats démocratiques et libéraux sont légitimes» et que le droit à recourir à l’argumentaire des droits de l’homme doit être refusé aux Etats «illégitimes».

RT FRANCE

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