Claude Alphandéry, grand résistant, ici en  2011. (HALEY/SIPA / SIPA)

Pour résister à la pandémie comme au temps des maquis, par le grand résistant Claude Alphandéry

TRIBUNE. A 97 ans, le grand résistant Claude Alphandéry, ancien Président du Comité Départemental de Libération de la Drôme, nous dit comment ce qu’il a appris pendant la guerre peut être utile pour penser l’après pandémie.

Au printemps 1943…

Au printemps 1943, trois ans après l’invasion de la France et la capitulation vichyste, les Alliés remportaient certes d’éclatantes victoires ; dans notre pays, des résistants s’élevaient contre l’envahisseur ; mais les forces nazies restaient redoutables. Une oppression féroce nous terrassait telle un virus étouffant.

Et pourtant, quelques mois plus tard, à l’automne 1943, bien avant le débarquement libérateur, nous recommencions à vivre, à retrouver notre souffle, grâce aux armées alliées bien sûr, par nous-mêmes surtout. Parce que le peuple asservi de ce pays meurtri prenait depuis ses maquis un élan irrésistible pour briser ses chaînes et dans le même mouvement construire un monde nouveau pour l’après-guerre.

Je voudrais tirer du retournement inouï qui nous a dégagés de l’asservissement et projetés vers l’avenir … un enseignement

Je voudrais comparer ces jours de guerre à notre époque, tirer du retournement inouï qui nous a dégagés de l’asservissement et projetés vers l’avenir un enseignement qui nous aide à sortir de l’oppression physique et morale ressentie sous la pandémie, et simultanément à trouver les voies nouvelles d’un avenir respectueux du vivant. Comparaison peut-être hasardeuse, mais que je vis intensément.

Nous ne sommes pas, à proprement parler, dans une guerre contre un ennemi violent, barbare, visible, déclaré. Nous avons à nous défendre contre les effets invisibles (le virus) ou plus ou moins éloignés (le désastre écologique) ou sournois (les manipulations financières ou numériques) de crises économique, écologique, financière, sociale et aujourd’hui sanitaire entremêlées, que nos propres dirigeants dans leur obsession du profit financier ont engendrées. Mais, dans l’une et l’autre circonstance, nous avons à apprendre des années de Résistance comment l’état le plus sombre s’est transformé en un élan extraordinaire qui nous a conduit à la Libération.

Montée de la Résistance

Cet élan ne s’est pas produit dès 1940 ; la Résistance ne touchait alors qu’une faible partie de la population. En 1943, lorsque Jean Moulin m’a confié la direction des mouvements de résistance de la Drôme, ils se déchiraient entre communistes et gaullistes, entre catholiques et protestants, etc. J’avais pour mission de les unir dans un comité départemental et d’organiser l’action commune. Lire la suite 

Claude Alphandéry, bio express

Né le 27 novembre 1922 à Paris, Claude Alphandéry est un résistant, banquier et économiste français. Ancien président du Comité Départemental de Libération de la Drôme, et Lieutenant-colonel FFI, il est président d’honneur du Labo-ESS et de France Active.

Source: L’obs. 6 avril 2020.

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

1 Commentaire
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

[…] post Résister à la pandémie comme au temps des maquis… (C. Alphandéry) appeared first on […]