Le président israélien Reuven Rivlin/crédits/photos : MARK NAYMAN/GPO

Une dizaine de responsables politiques ukrainiens ont quitté l’association pour l’amitié Israël – Ukraine en signe de protestation au discours que le président israélien Reuven Rivlin a donné devant le parlement ukrainien le mois dernier.

Le dirigeant israélien s’était rendu en Ukraine, accompagné d’une délégation de parlementaires, pour assister aux commémorations des 75 ans du massacre de Babi Yar.

En septembre 1941, 33.771 Juifs, la plupart des femmes et des enfants ont été assassinés dans ce ravin situé à la périphérie de Kiev, dans ce qui a été le plus grand massacre par balles de la Shoah.

Après avoir prononcé ce discours dans lequel il a ouvertement condamné les Ukrainiens pour les crimes commis contre les Juifs pendant l’Holocauste, le président Rivlin avait dû interrompre sa visite pour se rendre aux funérailles de son prédécesseur Shimon Peres.

Mais les répercussions de son allocution résonnent encore en Ukraine, sur la scène politique et diplomatique, au sein des organisations juives locales et dans les médias. L’ambassadeur israélien a même été convoqué au ministère ukrainien des Affaires étrangères pour évoquer la question.

Dans ce discours, Rivlin ouvertement pointé du doigt la responsabilité des Ukrainiens, notamment les membres de l’OUN « (Organisation des nationalistes ukrainiens) pour leur participation active aux massacres et aux atrocités commises contre les Juifs à Babi-Yar, pour la Shoah général. Le président israélien a déclaré que ces actes ne pouvaient pas être nié, ni oublié pour le bien des intérêts politiques.

Ces mots qui pourraient sembler presque évidents certains, viennent ébranler le récit officiel ukrainien qui met la responsabilité de tous les meurtres et atrocités de cette période sur le dos des nazis.

Dans un discours prononcé au parlement quelques jours plus tard, le chef du Parti radical Oleg Lyashko, a déclaré, « Les Ukrainiens nient catégoriquement ce que le président israélien a affirmé quand il les a accusé pour ce que les Allemands ont fait ». Lyashko et d’autres responsables ont demandé à Israël de présenter des excuses pour les déclarations du président.

Dans le monde politique et médiatique ukrainien, d’autres figures se sont également indignés. La députée israélienne Tali Plaskov (parti Kulanu, centre) qui accompagnait le président israélien lors de cette visite, et qui est restée pour assister aux différentes cérémonies commémoratives après le départ de Rivlin, s’est vue demander par les Ukrainiens de présenter des excuses pour les propos du président, ce qu’elle a refusé de faire.

« Qui suis-je pour réfuter les propos du président », a-t-elle déclaré à i24news. »Je soutiens l’amitié avec l’Ukraine, mais l’amitié doit être fondée sur le respect mutuel ».

Les représentants des grandes organisations juives ukrainiennes ont ouvertement, parfois même offensivement, critiqué les propos du président Rivlin. Josef Zissels, membre éminent et important de la communauté juive locale a déclaré à la radio publique ukrainienne que le président Rivlin « vit dans les stéréotypes du passé et, comme la plupart des Israéliens de sa génération, a été éduqué selon l’historiographie soviétique ».

Une source diplomatique ukrainienne a exprimé à i24news sa profonde déception devant la tournure des événements. « Notre président Porochenko a demandé pardon au peuple juif lors de sa visite à la Knesset », a rappelé la source.

« Cela aurait dû suffire. Au lieu de cela, le président israélien va en Ukraine et souffle une fois de plus sur les braises. Les conséquences ne sont pas bonnes. Toutes ces années, nous avons essayé de construire des ponts, et ce genre de choses peuvent être dangereuses », a-t-elle ajouté.

L’évocation de l’historiographie soviétique par Zissels dans ce contexte n’est pas accidentelle. Le gouvernement ukrainien n’est franchement satisfait de la position israélienne sur le conflit russo-ukrainienne.

Dans une longue interview à I24news au milieu de ce conflit, l’ambassadeur d’Ukraine en Israël, Hennadii Nadolenko, a affirmé que son pays attendait plus d’Israël, malgré la question sensible des relations avec Moscou. Le discours du président Rivlin doit être également perçu dans ce contexte.

En réponse, le porte-parole du président Rivlin a choisi de rappeler l’échange chaleureux entre les deux présidents lors de leur courte rencontre au cours des funérailles de Shimon Peres.

I24 News

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