Au Nigéria le résultat des élections aux présidentielles sonne l’éviction du pro-israélien Goodluck Jonathan du pouvoir. Ce plus fidèle allié d’Israël en Afrique a perdu les élections remportées par son rival Muhammadu Buhari. Ce dernier, musulman du nord du Nigéria, risque fort de réviser à la baisse la politique pro-israélienne du président sortant et chrétien du sud. 

Muhammadu Buhari, un général à la retraite âgé de 72 ans, est le nouveau président du Nigeria, la première puissance économique d’Afrique, à l’issue d’un scrutin historique conclu par une alternance démocratique et pacifique du pouvoir, un phénomène inédit dans ce pays.

La Commission nationale électorale indépendante (Inec) a indiqué, dans la nuit du mardi 31 mars au mercredi 1er avril,  que M. Buhari, du Congrès progressiste (APC), avait remporté l’élection avec 15 424 921 des voix, soit 53,9 % des 28 587 564 suffrages exprimés. Son rival, Goodluck Jonathan, 57 ans, du Parti démocratique populaire (PDP), a obtenu 12 853 162 voix (44,96 %).

Le président sortant reconnaît sa défaite

Ce dernier a d’ailleurs officiellement reconnu sa défaite dans un communiqué. « Je remercie tous les Nigérians, une fois de plus, pour l’immense opportunité qui m’a été donnée de diriger ce pays […] J’ai transmis mes voeux personnels au général Muhammadu Buhari ».

« J’ai promis à ce pays des élections libres et justes. J’ai tenu ma parole » M. Jonathan a appelé les Nigérians mécontents du scrutin à le contester par les voies légales, avant d’ajouter : « Aucune ambition personnelle ne vaut le sang d’aucun Nigérian. L’unité, la stabilité et le progrès de notre cher pays est plus important que tout le reste ».

Sans tarder, l’Union européenne a « chaleureusement félicité » mardi soir la victoire du candidat de M. Buhari. Le président français François Hollande a également félicité Muhammadu Buhari et « salué la détermination du peuple nigérian » ainsi que « le sens des responsabilités » du président nigérian sortant, qui a reconnu sa défaite.

Ce serait ainsi la première fois dans l’histoire de cette ancienne colonie anglaise que « l’opposition chasse un gouvernement par la voie des urnes au Nigeria », s’est réjoui Lai Mohammed, porte-parole du Congrès progressiste (APC), le mouvement de M. Buhari, revendiquant la victoire dans une ambiance de joie, chants et tambours battants, parmi les leaders du parti réunis dans Abuja, la capitale. Pour gagner, Muhammadu Buhari a bien entendu pu compter sur les voix des électeurs originaires des Etats musulmans du nord du pays. Mais pas seulement.

Réputation d’intégrité

Il a aussi dominé le président sortant dans l’Etat de Lagos, le cœur économique du pays et l’Etat le plus peuplé, ainsi que dans plusieurs Etats du sud-ouest. Au total, il a ainsi remporté 20 états contre 15 au président sortant. (les résultats de l’Etat de Borno étaient encore attendus mercredi matin mais ils ne pouvaient pas inverser la tendance) Jusqu’au dernier moment, les Nigérians ont redouté que le processus électoral ne dérape. Les islamistes de Boko Haram, qui depuis des mois mettent le nord du pays à feu et à sang, avaient en effet promis de torpiller ce scrutin « impie ».

La précédente élection présidentielle, en 2011, marquée par la mort de plusieurs centaines de personnes, incitait également à la prudence malgré l’appel au calme lancé quelques heures avant la fin du dépouillement par les deux principaux candidats. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne avaient également mis en garde les différents protagonistes du scrutin contre toute tentative de fraude destinée à inverser le choix des électeurs. Mardi soir, les célébrations demeuraient donc empruntes d’une certaine réserve dans l’attente de la confirmation officielle des résultats.

Muhammadu Buhari, fort de sa réputation d’intégrité et de militaire à poigne – souvenir de son passage au pouvoir dans les années 1980, a promis de rompre avec la passivité des autorités précédentes vis-à-vis de Boko Haram et de lutter contre un autre mal endémique, la corruption.

Le Monde avec AFP

 

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