CHU de Reims, le 11 juillet © Gutner / SIPA / SIPA Numéro de reportage : 00915903_000006
L’agenda politique derrière l’affaire Lambert
La mort de Vincent Lambert est un carrefour civilisationnel
Au mépris de la loi Léonetti, détournée de ses principes, on a absolument voulu appliquer à Vincent Lambert un protocole de fin de vie, alors qu’il n’était pas en fin de vie. Le but des lobbies, des juges et des médias qui combattent dans ce sens depuis des années est de créer dans notre pays une jurisprudence d’euthanasie.
L’affaire Lambert n’est ni humanitaire, ni hospitalière. Elle est purement politique, et Vincent Lambert en a été l’otage, jusqu’à la mort. Il faudrait avoir le courage de le reconnaître.
Vincent Lambert est mort. Ceux qui poursuivaient cet objectif sont parvenus à leurs fins, après un long combat.
Pourtant, alors qu’il y a eu tant de commentaires sur cette affaire, les raisons de fond, les intentions politiques sous-jacentes, les enjeux, n’ont jamais été clairement évoqués, alors que tous les intellectuels, les commentateurs et les journalistes les connaissent parfaitement. Pourquoi ? Comme chez Causeur, on peut causer de tout, nous allons le faire.
Dépendant, et alors?
D’abord, on a mis en avant l’état physique et psychique de Vincent Lambert, sa situation de dépendance et son état de conscience, alors que ce n’était pas la question principale. En effet, le fait qu’un être humain soit dépendant, très dépendant même, ne pose pas de problème de principe.
Personne ne considère qu’un nouveau-né est moins humain qu’un autre, sous prétexte qu’il dépend entièrement de sa mère pour survivre. Ce serait même le contraire : le fait qu’il soit soumis à l’amour et aux soins des autres ajoute au caractère touchant de sa situation, à sa beauté fragile.
Ce n’est donc pas le fait que Vincent Lambert ait dépendu de l’extérieur pour se nourrir (une simple sonde gastrique), qui posait problème.
Etait-ce son état de conscience ? En fait, personne ne sait ce qui se passe réellement dans la conscience d’une personne dite inconsciente. Il existe d’innombrables cas où des personnes se sont réveillées après des années de coma prolongé, et ont décrit ce qu’elles avaient ressenti pendant cette période.
De même, lorsque des graves accidentés de la route arrivent à l’hôpital, en état comateux, on ne se demande pas s’ils doivent être conscients ou non pour que l’on s’occupe d’eux. Dans tous les cas, on fera tout pour les sauver.
Compte tenu du peu que l’on sait sur la notion véritable de conscience, dans le doute, au moins, le principe de précaution devrait s’appliquer. On devrait éviter, au moins, de décréter la mort du patient sous ce prétexte.
De plus, il y a tout lieu de penser qu’il y a conscience lorsque l’électroencéphalogramme du patient n’est pas plat1, ce qui était bien le cas de Vincent Lambert. Pourquoi donc, dans ces conditions, fallait-il absolument le faire mourir, alors même que les arguments invoqués n’étaient pas définitifs ?
Était-ce parce qu’il était en fin de vie ? En effet, c’est une question de bon sens, confirmée par la loi Léonetti, qu’il est inutile de s’acharner à vouloir maintenir en vie, par des efforts exagérés, un patient qui s’achemine de toute façon vers la mort à brève échéance. On sait qu’on ne le sauvera pas. Il est logique alors de l’accompagner, en évitant qu’il souffre.
En fin de vie, en est-on sûr?
Mais ce n’était pas le cas de Vincent Lambert ! Il n’était pas en fin de vie. Bien au contraire, il vivait depuis 10 ans sans appareil respiratoire, avec cette simple sonde gastrique. Pourquoi, alors, avoir absolument voulu qu’il meure, en maquillant cette intention avec des raisons qui n’en sont pas ?
Pourquoi ne pas l’avoir laissé vivre, avec ceux qu’il aime, soigné du mieux possible dans l’un des établissements qui abritent, en France, 1700 patients du même type ? Ils souhaitaient le récupérer.
Pourquoi donc l’avoir interdit ? Pourquoi cet acharnement, non pas à le maintenir en vie, ce qui n’était pas le cas, mais à le faire passer de vie à trépas, à le tuer ? On est proche de la vraie réponse, et l’enjeu est capital.
« Indigne » de faire partie de l’humanité?
La raison, c’est que Vincent Lambert n’était pas digne de vivre. Ou plus exactement, certains considéraient qu’il était, compte tenu de son état, indigne de vivre. Il était, en quelque sorte, inesthétique. lire la suite
Source: www.causeur.fr