Joe Kennedy III, candidat à l’investiture démocrate pour le Sénat, s’exprime, mardi, lors d’un meeting, à Watertown. BRIAN SNYDER/REUTERS

La défaite, dans le Massachusetts, d’un Kennedy marque la fin d’un clan

 Dans un État qui fut le berceau politique de sa famille, Joe Kennedy III, petit-neveu de John Fitzgerald Kennedy, a été largement battu dans la course à l’investiture démocrate pour le Sénat.

Correspondant à Washington

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La défaite électorale d’un Kennedy dans le Massachusetts est venue confirmer la profonde transformation à l’œuvre dans le monde politique américain.

Candidat à l’investiture démocrate pour le Sénat, Joe Kennedy III, petit-neveu de John Fitzgerald Kennedy et fils de Robert Kennedy, a été battu à plate couture par son adversaire, le sénateur sortant Ed Markey, dans un État qui fut le berceau politique de sa famille.

La chute de la dynastie Kennedy symbolise presque la fin d’un monde. La défaite est d’abord celle d’un certain Parti démocrate, celui des patriciens bien nés, ayant souvent tendance à considérer la politique comme un apanage familial. Elle est aussi celle d’un parti plutôt centriste, au réformisme prudent, face à une l’aile gauche et radicale de plus en plus influente, notamment auprès des jeunes militants.

Joe Kennedy III, 39 ans, élu du Massachusetts à la Chambre des représentants, comptait sans doute un peu trop sur son âge et sur son nom pour l’emporter. Le cheveu épais, le regard bleu, la mâchoire volontaire et le sourire carnassier des Kennedy n’ont, cette fois, pas suffi. Il n’est apparemment pas parvenu à expliquer aux électeurs démocrates la raison de sa candidature, face à un sénateur sortant plutôt apprécié.

Favori dans les sondages

Il avait pourtant reçu l’onction de l’appareil du parti. Depuis son premier mandat au Congrès en 2013, il était régulièrement présenté dans les médias locaux comme «le futur président Kennedy». Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre, qui appartient à une génération assez vénérable pour avoir dansé avec John Fitzgerald Kennedy le jour de son intronisation, avait apporté son soutien au jeune ambitieux.

Et comme rien ne pouvait en apparence résister à un Kennedy dans un État qui avait déjà élu deux de ses grands-oncles, la défaite du sénateur sortant, Ed Markey, 74 ans, semblait pratiquement acquise d’avance.

Favori dans les sondages, le jeune héritier n’a pas vu son adversaire se tourner vers un électorat démocrate de plus en plus à gauche. Faisant campagne en chaussures de sport, se présentant comme un homme du peuple face à l’héritier d’une puissante famille, Markey a reçu le soutien de tous les déçus des primaires démocrates. Notamment ceux qui regrettent l’échec des deux candidats les plus réformistes, Bernie Sanders, et Elizabeth Warren, l’autre sénatrice du Massachusetts.

Ed Markey, dont la carrière politique a commencé en 1976, a longtemps été plutôt centriste. Mais il s’était récemment rapproché de l’aile gauche du parti, devenant notamment l’un des concepteurs du New Deal vert, le programme écologiste soutenu par les démocrates.

Alexandria Ocasio-Cortez, la jeune représentante de New York, et figure radicale, lui a apporté son soutien.«Ed Markey n’a pas eu peur… Il n’a pas pris de gants. C’est formidable de le voir surmonter les obstacles et gagner ce soir», a commenté Ocasio-Cortez.

Vous voyez, même un Kennedy n’est pas en sécurité au sein du nouveau parti radical de gauche démocratique

Donald Trump

Cette victoire confirme le glissement des électeurs démocrates vers la gauche. La série de victoires remportées par Bernie Sanders, le sénateur du Vermont, au début des primaires démocrates, a montré la popularité de son programme réformiste radical.

Finalement ralliée autour de la candidature de Joe Biden, politicien plutôt centriste, une partie des électeurs n’a pas abandonné l’espoir d’une transformation en profondeur du système. Dans une Amérique plongée dans une double crise sanitaire et économique, des idées de réformes comme la création d’une sécurité sociale ou d’aides de l’État aux chômeurs, n’apparaissent plus comme aussi utopiques.

Donald Trump a commenté la défaite de Joe Kennedy III comme étant un signe supplémentaire de la domination de la gauche radicale sur le Parti démocrate.«Vous voyez, même un Kennedy n’est pas en sécurité au sein du nouveau parti radical de gauche démocratique, a-t-il écrit sur son compte Twitter. Hausse d’impôts, plus de 2e amendement. Biden a complètement perdu le contrôle. Pelosi a soutenu le perdant!»

Trump s’est lui-même souvent targué d’avoir vaincu en 2016 d’autres dynasties politiques américaines. Celle des Bush, d’abord, après avoir battu Jeb Bush aux primaires républicaines, puis celle des Clinton ensuite au moment de l’élection présidentielle.

Mais la chute de la dynastie Kennedy ne signifie pas forcément la fin de la domination de quelques grandes familles politiques. Quatre ans après son élection, Trump est apparu pendant la convention républicaine comme le chef d’un parti de plus en plus clanique. Son épouse et ses quatre enfants adultes ont chacun prononcé un discours, dans une atmosphère de feuilleton télévisé.

Source: https://www.lefigaro.fr/international/la-defaite-dans-le-massachusetts-d-un-kennedy-marque-la-fin-d-un-clan-20200903

 

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