MAREK YANAI , PEINTRE DE LA JÉRUSALEM D’EN-BAS, PIERRE LURÇAT

Comme l’écrit Pnina Gefen dans un long article consacré au peintre Marek Yanai, à l’occasion de l’exposition rétrospective de ses œuvres qui se tient actuellement à Jérusalem, “contrairement au regard traditionnel sur la ville qui se focalise sur l’esthétique, comme dans les tableaux de Gutman, de Rubin ou de Ticho – Yanai offre une place d’honneur également aux facettes délaissées, et même moins belles, de la Jérusalem d’en bas. Il ne dissimule pas les ballons d’eau chaude, de gaz ou les gouttières rouillées, et mêle dans sa peinture la Jérusalem splendide et touristique à la Jérusalem des quartiers pauvres et moins visités”.

Vue sur la Knesset, aquarelle

 

En réalité, Yanai va précisément trouver une forme de beauté dans des lieux inattendus de la ville sainte, comme par exemple dans les “shikounim” (HLM) ou dans une carrière du quartier de Gilo. La très belle exposition qui lui est consacrée actuellement  au Bet Avi Chai s’ouvre par une citation du poète Yehuda Amihai, qui parle de Jérusalem : “Je voudrais vivre dans la Jérusalem du milieu, sans tourner ma tête vers le haut, sans que mes pieds ne s’égratignent sur la terre”. Comme Amihai, le peintre, né en Allemagne dans un camp de personnes déplacées et monté en Israël dans les années 1950, dépeint une Jérusalem qui est à la fois terrestre et céleste.

Carrière à Gilo, aquarelle

 

Sa manière de peindre Jérusalem (à laquelle il a consacré toute son œuvre depuis un demi-siècle) fait penser aux livres de David Shahar. Comme ce dernier, Yanai parvient à voir derrière les choses et les événements les plus anodins le côté poétique de l’existence, pleine de mystère et de charme. Il n’est pas, de toute évidence, un peintre “religieux” et ses sujets sont entièrement profanes. Pourtant la Jérusalem qu’il peint, comme celle de Shahar, est traversée par un regard attentif à l’au-delà des choses, à la poésie de la vie et à la beauté immanente qui nous est offerte à chaque moment.

 

 

En tant que professeur à l’école Betsalel, Yanai porte un regard acerbe sur l’art contemporain. “Dans le domaine de l’art plastique, n’importe quelle célébrité qui barbouille quelque chose est présentée comme un ‘artiste’. C’est un problème dans le monde entier, mais encore plus en Israël”.

Petit déjeuner à Talbiyeh

 

Ses natures mortes ne sont jamais vraiment mortes, et la seule présence d’un chat suffit à donner vie à un intérieur vide de toute présence humaine. Même lorsque les objets qu’il peint sont figés, les fenêtres sont ouvertes sur la ville qui est bien vivante…  Les paysages lumineux sur lesquels s’ouvrent les fenêtres des natures mortes de Yanai sont comme une promesse d’évasion, promesse d’un au-delà de la nature, promesse de résurrection et d’éternité. Pessah cacher vé-Saméah!

Pierre Lurçat    Overblog

 

Un regard attentif au mystère et à la poésie

Marek Yanai dans son atelier, photo Noam Rivkin Fenton Flash 90

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