Holocaust survivor Liliana Segre speaks with young students on the occasion of an Holocaust remembrance, at the Arcimboldi theatre in Milan, Italy, Wednesday, Jan. 24, 2018. Segre, a senator for life, unwittingly provoked one of Italy’s most intense confrontations with anti-Semitism since the fall of the Fascist dictatorship when she proposed a motion to create a parliamentary commission against anti-Semitism which the center-right abstained from voting. (AP Photo/Luca Bruno)

Liliane Segre, rescapée de la Shoah, prête à diriger une commission contre la haine

Par Le Figaro avec AFP

Liliane Segre, une rescapée italienne de l’Holocauste de 89 ans, qui a été au cœur d’une récente polémique impliquant le chef des souverainistes Matteo Salvini, s’est dite «prête» vendredi à prendre la tête d’une commission parlementaire contre la haine et l’intolérance.

«Je suis épuisée. J’ai été trop mise en exergue, il y a eu trop de haine, trop de polémiques, trop de popularité. A mon âge, je me retrouve à mener une existence comme je ne l’aurais jamais imaginé», a confié cette sénatrice à vie, au quotidien Corriere della Sera.

En dépit de sa fatigue, Liliane Segre, survivante du camp de concentration d’Auschwitz, a souligné qu’elle «n’est pas du genre à laisser tomber» une cause. «Si on me propose la présidence (de la commission), je suis dans l’idée de dire oui parce que je crois en ce projet», a souligné la parlementaire, nommée par le président Sergio Mattarella début 2018 et qui était jusqu’à récemment peu connue en Italie.

Tout a démarré le 30 octobre quand la droite composée du parti centriste Forza Italia de Silvio Berlusconi, la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini et les néo-fascistes de Frères d’Italie se sont abstenus lors d’un vote décidant la mise en place d’une commission chargée de lutter contre l’intolérance, le racisme, l’antisémitisme et l’incitation à la haine et à la violence.

Invoquant la liberté d’expression, Matteo Salvini, également sénateur, avait alors expliqué au nom de l’opposition de droite, être «sans réserve, contre le racisme, la violence et l’antisémitisme mais refuser les bâillons et les Etats policiers nous ramenant à Orwell». Selon les médias, lui et Liliane Segre se sont ensuite rencontrés.

Placée sous protection policière

Mais dans l’interview, Liliane Segre a jugé paradoxal qu’on accuse «une juive sépharade de devenir la cheffe de l’Inquisition espagnole», soulignant que la commission dont elle est à l’initiative se propose seulement d’étudier le phénomène de «la haine en ligne» et de chercher des moyens de la combattre.

Juste après le vote au parlement, les insultes ont commencé à pleuvoir sur la rescapée de la Shoah. Des menaces d’une gravité telle que la préfecture de Milan a décidé de la mettre sous protection policière.

«Ni moi ni ma famille n’avons rien demandé. A quasi 90 ans et uniquement parce que je suis une rescapée de la Shoah et que j’expose tranquillement mes convictions, ma sécurité doit être protégée?», s’est-elle étonnée dans l’interview.

Pas question en revanche pour celle qui sillonne les écoles de cesser de témoigner: «j’ai passé 45 ans à ruminer le remords de ne pas réussir à parler. Et à 60 ans j’ai trouvé les mots pour accomplir mon devoir».

«Si aujourd’hui j’arrêtais, j’aurais une vie plus sereine mais je ne serais pas en paix et ce sont les gens remplis de haine qui l’emporteraient», a-t-elle ajouté.

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