Christophe Barbier, éditorialiste à BFMTV, analyse la montée des actes antisémites en France annoncée par le ministre de l’Intérieur lundi soir.
Les actes antisémites ont progressé de 74% en France en 2018, a déclaré Christophe Castaner lundi soir.
Le ministre de l’Intérieur s’exprimait en réaction aux actes anti-juifs commis récemment à Paris et dans l’Essonne. Ces actes antisémites ont bondi de 311 à 541 l’an passé, a précisé le ministre.
« L’antisémitisme se répand comme un poison, comme un fiel. Il attaque, il pourrit les esprits, il assassine », a déclaré Christophe Castaner à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne).
Pour notre éditorialiste Christophe Barbier, l’exécutif doit faire preuve de beaucoup plus de fermeté face à l’antisémitisme.
> « Il faut être beaucoup plus dur avec l’antisémitisme »
« On connait les trois fibres de l’antisémitisme structurel dans notre société actuelle. D’un côté un antisémitisme ancestral, presque médiéval si j’ose dire, qui a commencé quand les Chrétiens accusaient les Juifs d’avoir crucifié Jésus. Ensuite, un antisémitisme bien entendu lié au nazisme et au néo-nazisme, qui nous poursuit depuis les années 1930 et même en France depuis l’affaire Dreyfus [1894]. Et puis un dernier antisémitisme importé des conflits au Proche-Orient, et qui a fait beaucoup de ravages dans les sociétés des banlieues.
Et on a l’impression que ces derniers temps, les trois antisémitismes reviennent, que ces trois là s’expriment à travers des actes absolument immondes. Comme les arbres coupés alors qu’ils avaient été plantés en hommage à Ilan Halimi ou bien les portraits de Simone Veil tagués, ou encore cette expression ‘Juden’, taguée sur un magasin dans un quartier juif. Ces trois fibres sont en train de s’exprimer comme si les volcans se réveillaient, c’est ça qui est inquiétant.
On n’a pas vu des gilets jaunes sur des plateaux tenir des propos antisémites, mais on n’a pas eu non plus de condamnation immédiate, virulente ferme des leaders du mouvement contre ces actes quand ils surgissent. Ce mouvement, c’est un grand défouloir de toutes les haines, de tous les ressentiments, évidemment les antisémites en ont profité. Ensuite ce mouvement passe par les réseaux sociaux, où on a l’impression que l’on peut tout dire, tout faire, pousser à tous les actes. Et puis il y a les ravages du complotisme, or le complotisme, ça nourrit aussi l’antisémitisme.
Il faut être beaucoup plus dur avec l’antisémitisme. »