Le maire de Rotterdam Ahmed Aboutaleb sur la chaîne Al-Arabiya (Dubaï / Arabie saoudite, le 23 septembre 2016 : 

Journaliste : M. Aboutaleb, il vous arrive de faire état de votre expérience personnelle, afin de montrer que tout ce que l’on raconte sur le racisme anti-musulman à Rotterdam est absurde et que la Hollande est le pays où les musulmans sont le mieux traités. Mais certains disent que votre expérience – votre ascension à des postes haut-placés aux Pays-Bas – est une exception, et non la règle. Est-ce vrai ?

Aboutaleb : Je ne pense pas que cela soit vrai. Il y a des Arabes et des musulmans au Parlement. Et il y a d’autres figures importantes du monde de la culture. Certains des romanciers les plus appréciés aux Pays-Bas sont d’origine marocaine. C’est également le cas dans le monde du sport, du théâtre et de l’économie.

Il est vrai qu’il s’agit de nombres peu élevés, mais ils sont en engmentation. Je ne dis pas – et je n’ai jamais dit – qu’il n’y a pas de discrimination à fondement racial. La discrimination raciale existe. Mais ma question à la communauté musulmane est : est-ce que nous, en tant que musulmans, ne jouons pas un rôle dans la propagation de la haine envers l’islam et les musulmans ? Si c’est le cas, nous devons nous en occuper nous-mêmes, comme dit le proverbe arabe et marocain : “Nous grattons notre peau avec nos propres ongles, avant que quelqu’un d’autre vienne le faire à notre place”. Nous devons nous acquitter de nos obligations…

Journaliste : M. Aboutaleb, si l’on met de côté vos aptitudes, que beaucoup de gens reconnaissent, certains disent que la seule raison de votre réussite et de votre situation aux Pays-Bas est que vous vous adaptez aux opinions des Hollandais et des Européens en général concernant l’islam et les immigrants ; est-ce juste ?

Aboutaleb : Ce n’est pas vrai. Depuis que je suis entré en politique, j’ai toujours dit que j’étais un Arabe et un musulman, et un amazigh [Berbère], que je suis un musulman religieux et que je suis fier de mes origines musulmanes. La différence entre moi et les autres, c’est que je ne crois pas que les musulmans en Occident soient victimes de la soi-disant “immigration” ou de la “discrimination raciale”. Tout ce que je souhaite est que les musulmans jouent un rôle constructif dans la société pour progresser, par la voie de la modération bien connue des musulmans, que nous soyons modérés et nous efforcions, autant que possible, de devenir une communauté constructive et de montrer à l’Occident que nous pouvons jouer un rôle dans ces sociétés et que nous ne sommes pas des victimes de l’immigration. C’est la différence entre moi et les autres.

Journaliste : M. Aboutaleb, je dois vous poser une autre question. Certains disent que ce que vous demandez aux musulmans de Hollande – à savoir de prendre leurs distances vis-à-vis de l’EI et des idées extrémistes -, revient à leur demander de prouver qu’ils sont innocents d’un crime qu’ils n’ont pas commis. Cela revient donc à porter des accusations non fondées contre les musulmans de Hollande. N’est-ce pas le cas ?

Aboutaleb : C’est entièrement faux. Depuis le début, j’ai affirmé qu’en tant que musulmans vivant dans ce pays, et en Occident en général, nous ne pouvons pas prétendre que l’islam n’a pas sa part dans ce qui se passe aujourd’hui.

Ces attentats et attaques terroristes dont l’Europe est le témoin actuellement, les musulmans et l’islam y sont pour quelque chose, parce que ces terroristes tirent leurs idées et leurs actions de l’islam. Ils citent le Coran et les Hadith pour démontrer qu’ils ont le droit de mener le djihad. En tant que musulmans vivant dans ce pays, nous ne pouvons pas rester bras croisés à regarder comment ces terroristes détruisent, avec une seule bombe, tout ce que nous avons construit dans cette société…

Journaliste : M. Aboutaleb, on dirait que vous considérez ces terroristes comme des vrais musulmans.

Aboutaleb : Pour le moins, ces terroristes prétendent être musulmans. Nous ne pouvons pas rester indifférents. Le minimum que nous pouvons faire est de dire : “Par Dieu, cela est mal”. C’est ce que je dis à la diaspora musulmane en Occident : “Dites au moins, par Allah, cela est mal”. Nous ne pouvons pas rester silencieux, bras croisés, parce que l’Europe et l’Occident interprètent notre silence comme un accord tacite avec les terroristes. C’est la différence entre moi et d’autres politiciens européens…

Journaliste
: M. Aboutaleb, le négationnisme de l’Holocauste des Juifs, perpétré par les nazis, est interdit par la loi en Occident, comme vous le savez. Le blasphème, y compris contre l’islam, ne devrait-il pas l’être aussi ?

Aboutaleb : On ne peut pas comparer la Deuxième Guerre mondiale à ce qui se passe aujourd’hui. Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, un homme puissant en Allemagne a conçu un plan, dont le seul but était d’exterminer un grand nombre d’être humains qui n’avaient pas commis d’autre ‘crime’ que d’appartenir à la religion qu’il abhorrait. Rationnellement, nous ne pouvons pas comparer ce qui s’est produit pendant la Deuxième Guerre mondiale et ce à quoi nous assistons aujourd’hui. Le nazisme fut un problème entièrement différent, et on ne peut aucunement le comparer à l’atmosphère qui règne aujourd’hui en Europe.

MEMRI

 

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