Le verrouillage du quartier de Jebel Mukaber par des blocs de béton, à la suite de l’attentat au camion-bélier commis par Fadi al-Qunbar, 28 ans. 

Avertissement : ce texte est rédigé par un historien syrien, partant d’un point de vue qui n’est pas sans empathie envers la cause arabe et palestinienne. D’où, a priori, des « circonstances atténuantes » enracinant le terrorisme dans la « misère » relative de Gaza, etc. Il n’empêche que le constat d’un glissement (irréversible? en fait dû à la bêtise du Hamas) de plus en plus prégnant vers Daesh est d’autant plus sévère, que s’il était écrit par un partisan d’Israël. 

Un Palestinien de 28 ans, Fadi al-Qunbar, du quartier arabe de Jebel Mukaber à l’Est de Jérusalem, a foncé en camion sur un groupe de jeunes soldats israéliens, le 8 janvier, par un modus operandi présentant des similitudes obsédantes avec les attentats qui se sont déroulés sur la Riviera (Côte d’Azur) française, à Nice, l’été dernier, le 14 juillet, tuant 86 personnes. Cette attaque-là avait été revendiquée par l’Etat Islamique, alors que l’attaque de dimanche a été attribuée à Daesh, par le Premier Ministre Binyamin Netanyahu, le groupe terroriste s’abstenant de tout communiqué, à ce stade.

Par une progression régulière, Daesh est en train de gagner en popularité dans les territoires palestiniens. En 2014, deux Palestiniens, inspirés par Daesh,  sont entrés dans la Synagogue d’Har Nof, en frappant à coups de haches et de couteaux des fidèles Juifs en prière, en tuant 4 sur le coup, ainsi qu’un policier qui tentait de les arrêter à l’extérieur du bâtiment, mort de ses blessures un peu plus tard. En octobre dernier, les services de sécurité israéliens ont arrêté six Palestiniens du camp de Shuafat dans le nord-est de Jérusalem, accusés d’être membres de Daesh. Les territoires palestiniens sont loin d’être immunisés contre l’endoctrinement et le lavage de cerveau mené par Daesh à travers tout le monde arabo-musulman et ses réseaux sociaux.

A l’intérieur du territoire syrien, on trouve des centaines, si ce n’est des milliers de Palestiniens répartis dans les deux camps derrière les lignes de front, combattant soit au sein de l’opposition armée dans le Camp de Yarmouk près de Damas, soit au sein de milices palestiniennes favorables au régime. Les membres de Daesh croient fermement dans la nécessité la plus haute de fonder un Etat Islamique gouverné par un Calife. C’est mentionné dans les hadith du Prophète et c’est un thème constant de la littérature djihadiste – toujours populaire dans les communautés, parfois assez pauvres et sous-développées, comme dans des endroits comme Gaza-City.

Détenue par le Hamas, qui est lui-même une milice djihadiste, toute cette dernière décennie,Gaza est un parfait incubateur d’Islam radical. Des années de guerres larvées, de siège et de mauvaise gouvernance font partie des trop nombreuses raisons poussant Daesh à toujours trouver de nouvelles recrues dans ce terreau fertile. Le chômage des jeunes stagne à 60% et 40% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, subissant un manque de services basiques, tels que l’électricité, l’eau et le sanitaire. Dans de telles conditions, le fanatisme ne fait qu’augmenter, rongeant les esprits des gens et les poussant vers des groupes de plus en plus extrêmes comme Daesh.

En 2015, une milice a émergé dans Gaza, se faisant appeler la Brigade Moar Hadid. Ayant débuté comme un groupe d’une cinquantaine d’individus, selon les sources des renseignements en Bande occidentale de Cisjordanie/ Judée-Samarie, il se vante à présent de pas moins de 3.000 hommes armés. Ce groupe s’est attribué le nom d’un jeune djihadiste irakien appartenant à Al Qaïda (en Irak, ancêtre de Daesh) qui s’est battu contre la présence américaine, a mis sur pied une cellule insurgée- terroriste dans sa ville native de Falluja 69 kms à l’ouest de Bagdad.

Il a éttué en 2004, mais so, histoire a inspiré des jeunes Palestiniens dissidents du Hamas à fonder une milice portant son nom, dix ans plus tard. Hadid était originaire de la puissante tribu Dulaim en Irak, ce qui fait de lui un parent de la troisième femme du chef de Daesh, Abu Bakr al Baghdadi, Sajida al-Dulaimi. Ce choix de nom n’est donc pas dû au hasard : « Omar Hadid » aura une résonance familière et particulière aux oreilles d’Al-Baghdadi, car nombreux sont les Irakiens qui ont vécu le soulèvement insurrectionnel de Fallujah et qui sont à présent devenus des membres fondateurs de Daesh.

La majorité des Palestiniens qui ont rejoint la Brigade Omar Hadid sont d’anciens combattants du Hamas qui connaissent parfaitement Gaza-City et qui ont accès à ses armes, à ses dépôts d’armements et à ses coffres-forts secrets. Ils connaissent aussi les adresses et l’intérieur des maisons des commandants du Hamas et ils ont commencé à en traquer certains, en les accusant d’être trop mous, s’agissant d’Israël, en particulier à la suite de la diffusion d’une notion de « trêve durant dix ans » avec l’Etat Juif [en somme, autant que lors du Traité d’Hudabyiah signé par Mahomet avec les tribus Koreichites]. En mai 2016, ils ont assassiné le commandant du Hamas  Saber Siam, en plein jour, dans la boutique et devant les yeux de membres de sa famille, et commis des attentats à la bombe contre des véhicules vides d’autres chefs du Hamas,menacés de mort. Ils prétendent que le Hamas a manqué à sa vocation initiale, la destruction d’Israël et qu’il est gagné par la cooruption liée à l’exercice du pouvoir. Daesh a donc promis de libérer Gaza du Hamas, à cause de son échec patent depuis juin 2007, lorsqu’il a lui-même chassé le Fatah de Gaza.

Ils affirment que le Hamas a échoué dans sa mission initiale, la destruction d’Israël et qu’il a commencé à se laisser gagner par l’appât des signes extérieurs (la corruption) du pouvoir

La plupart des membres Palestiniens de Daesh sont naturellement attirés par le terrorisme comme seconde nature, dans la lutte multi-décennale contre Israël, autant que par l’endoctrinement mis en oeuvre par une autre filiale de Daesh, l’Ansar Bayit al Maqdis, actif dans la Péninsule du Sinaï depuis 2012 : les fondateurs de la branche égyptienne de Daesh ont aidé leurs camarades palestiniens à bâtir le groupe affilié à Daesh dans Gaza. En utilisant des faux-passeports yéménites, soudanais et libyens, ces djihadistes palestiniens se sont infiltrés dans le Sinaï en se faisant passer pour chauffeurs ou cuisiniers afin de se prodes armes. On leur a offert des armes de l’OTAN (missiles Milan, etc.), pillés sur les champs de bataille libyens, armes qui ont été introduites clandestinement dans la Bande de Gaza, puis ont, de la même façon, trouvé leur voie vers Israël même et la Bande occidentale de Cisjordanie/Judée-Samarie.

Dans leurs propres vidéos en ligne, ces Palestiniens chantent des hymnes de Daesh, portent son drapeau noir et ont prêté serment ou « bay’a » à son « Calife », Abu Bakr Al Baghdadi. Ils caressent aussi l’idée de se donner un nom plus « palestinien » qui ait un meilleur écho localement, à Gaza ou Ramallah. Une des options retenues serait “Ahfad al-Sahaba” (Les descendants des Compagnons du Prophète). Ils n’ont encore aucune assistance directe de la part du Calife, cependant, puisque Baghdadi n’étend pas ses ressources et qu’il ne broie pas plus de nourriture qu’il ne peut en mâcher (évite d’avoir les yeux plus gros que le ventre).

D’autres groupes affiliés ou proches ont poussé comme des champions ces dernières années au Nigéria, au Liban, en Libye et en Egypte – mais Baghdadi a refusé de leur envoyer de l’argent, des armes et des combattants. Le mieux qu’il ait apporté, c’est sa bénédiction et son sigle (franchise) –  C’est déjà beaucoup d’un point de vue djihadiste, puisque cela provient du « Calife » en personne.

Plus la Bande de Gaza s’enfoncera, par absence de volonté politique du Hamas autant que du Fatah de trouver une résolution en vue de la reconstruction de Gaza – plus le taux de défection des rangs du Hamas vers Daesh augmentera. Si les dirigeants du Hamas étaient avisés et pragmatiques – et selon toutes les apparences, ils ne sont pas capables de l’être- se repositionneraient rapidement comme des partenaires dans la guerre contre ce terrorisme-là -plutôt que de se comporter en horsd-la-loi, et ils tendraient la main vers quiconque veut les aider à combattre Daesh : même si c’était Israël lui-même. Mais, au contraire, il ont diffusé un communiqué officiel sur Twitter, dimanche dernier, pour asperger de leurs louanges les plus lyriques le tueur de Jérusalem et en l’honorant du rang de Martyr. Avec de tels amis pour les Palestiniens et Daesh proliférant jour après jour, qui a encore besoin d’ennemi?

 

 11 JANVIER 2017 1:03 PM (UTC+8)

www.atimes.com

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