La Turquie en action militaire sur trois fronts du Moyen-Orient, ajoute désormais le Yémen

La Turquie intensifie son intervention militaire dans les conflits du Moyen-Orient pour prendre la main dans la détermination – et la valorisation – de leur issue. Face à une montée de l’opposition chez lui, le président turc Tayyip Erdogan est au cœur d’aventures étrangères en pleine expansion. Contre la Russie en Libye et en Syrie, il défie maintenant la coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen avec un financement qatari.

Pour sa tentative au Yémen de briser la coalition combattant l’insurrection des Houthis, Ankara utilise un transfuge du gouvernement yéménite, l’ancien ministre des Transports Saleh al-Jabwani et son allié, les Frères musulmans. En suivant le scénario turc, ils envisagent de conquérir la province du sud-est de Shawba, riche en pétrole et assiégée, où la Confrérie a été vaincue. Le centre de recrutement Jabwani installé à Ataq, la capitale de Shabwa, a jusqu’à présent attiré 600 combattants par la promesse d’un salaire et d’armes de contrebande payées par le Qatar. Ils espèrent aussi détacher les transfuges de la coalition dans d’autres provinces

En Libye, les enjeux sont importants – Erdogan cherche deux bases permanentes sud-méditerranéennes. Là-bas, il a directement déployé sa propre armée, sa force aérienne et sa marine (également des sous-marins cette semaine) ainsi que des mercenaires syriens, pour soutenir le gouvernement reconnu par l’ONU (GNA) à Tripoli contre son rival, le général Khalifa Haftar, l’Armée Nationale Libyenne. L’intervention turque, qui gagne du terrain, a mis Erdogan en désaccord avec le Russe Vladimir Poutine qui soutient Haftar. Ankara négocie actuellement l’utilisation de la base navale de Misrata et de la base aérienne d’al-Waitya, que le GNA a récemment reprise avec l’aide militaire turque.

Erdogan a déjà assez bien réussi son aventure libyenne. En novembre, il a signé avec le gouvernement de Tripoli un accord maritime qui ignore les eaux territoriales de Chypre, de la Grèce et de l’Égypte et coupe leurs zones économiques et leurs sites d’exploration énergétique. La Turquie a également conclu des accords sur l’énergie et la construction avec Tripoli, une fois les combats terminés.

Les inquiétudes à Athènes concernant l’accord maritime et la volonté d’Ankara d’une présence militaire nord-africaine ont très probablement été soulevées lors des entretiens que le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a eu avec son homologue israélien Binyamin Netanyahu à Jérusalem mardi.

Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a, quant à lui, annulé une réunion avec son homologue turc Mevlut Cavusoglu, prévue dimanche. Il a déclaré qu’il reporterait la réunion à condition que la Turquie et le GNA arrêtent les opérations militaires, et s’abstiennent notamment d’attaquer Syrte, Jufra et le croissant pétrolier. Cette demande a d’abord été rejetée par Ankara.

À défaut d’un accord Moscou-Ankara, la guerre en Libye pourrait observer une nouvelle escalade. En Syrie également, ils se battent dans des camps opposés. La Turquie a envoyé des troupes et des armes dans la province d’Idlib, dans le nord du pays, pour stopper l’avancée du régime syrien contre les rebelles djihadistes, tout en effectuant des patrouilles conjointes avec les Russes, qui soutiennent le régime, sur l’autoroute M4 dans la même province.

Une présence aérienne et navale permanente en Libye ainsi que sa base militaire au Qatar et un fort effet de levier en Syrie renforceraient considérablement l’influence de la Turquie dans la région à un niveau qui inquiète gravement ses voisins et ses adversaires.

Erdogan n’était pas trop occupé par ses escapades à l’étranger pour pouvoir riposter à une impressionnante marche de protestation kurde lancée cette semaine à domicile contre son gouvernement répressif. Lundi soir, l’armée de l’air turque est entrée en action pour frapper les bastions du PKK kurde dans les montagnes du Kurdistan, dans le nord de l’Irak. Le lendemain, le Parti démocratique du peuple (HDP) pro-kurde de Turquie a mené une marche à deux voies depuis deux extrémités du pays: Edirne au nord-ouest et Hakkari au sud-est. S’ils parviennent à surmonter les frappes des balles en caoutchouc et les détentions massives, les manifestants envisagent de converger à Ankara le 20 juin. Le gouverneur d’Istanbul a interdit toutes les manifestations et rassemblements pendant deux semaines sous prétexte de lutter contre le coronavirus.

Turkey in military action on three Mid-East fronts, now adds Yemen

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