Soixante ans après la sanglante répression de l’insurrection juive, soldée par la destruction du Temple, une seconde grande révolte juive éclate . Lorsqu’il devient empereur, Hadrien se considère comme le meilleur défenseur de la civilisation gréco-romaine.

A la suite de sa visite en Judée, il prend des mesures antijuives. Il veut reconstruire Jérusalem pour en faire une ville « romaine » qui portera désormais le nom romain d’Aelia Capitolina où un temple est dédié à Jupiter sur l’emplacement du Temple des Juifs.

Il interdit la circoncision. Les Juifs voient en Hadrien un nouvel Antiochus IV et sont persuadés que va se lever, pour le combattre un nouveau Juda Maccabée !
La première année de la guerre, en 132, les révoltés juifs conduits par Bar-Kokhba enregistrent des victoires contre les armées romaines : un semblant de service est rétabli sur les ruines du Temple. Rabbi Akiva approuve totalement l’idée de cette guerre, prescrite pour le bien du peuple.

Pièces frappées en hommage à la royauté rétablie

Au début les Romains ne prennent pas au sérieux cette révolte puis La riposte est terrible, l’empereur Hadrien revient en Judée : Jérusalem est reprise et les Juifs atterrés par cette nouvelle se replient vers la Mer Morte, Massada et Bethar.

Bethar résiste sept mois mais la faim, la soif et les querelles internes entrainent la chute de la citadelle qui tombe aux mains des Romains le 9 Av 135.

Les survivants sont tués par les Romains, ceux qui sont épargnés, sont vendus comme esclaves. L’empereur interdit d’enterrer les morts et leurs cadavres sont abandonnés autour de Bethar. Les Romains pourchassent les Juifs et leurs familles réfugiées dans les grottes et toutes les poches de résistance sont vaincues.

Jérusalem est alors complètement rasée. Débaptisée, elle porte désormais le nom romain d’Aelia Capitolina où un temple est dédié à Jupiter sur l’emplacement du Temple des Juifs qui n’ont plus le droit d’entrer dans la Ville sous peine de mort, la Judée désormais baptisée Palestine, est désertée.

Les chrétiens, violemment opposés à la guerre de Bar- Kokhba, se sentent étrangers aux préoccupations des Juifs. Une méfiance, suivie d’une rupture définitive s’installe entre Juifs et Chrétiens.

Pendant ce temps, le centre de la vie juive se reconstitue en Galilée autour de rabbins et d’érudits installés à Safed, Tibériade et Zippori où ils rédigent le Talmud.

Safed sur une gravure ancienne. judaisme.sdv.fr

Après la première révolte juive, Johanan Ben Zakkaï était parvenu à sortir de Jérusalem caché dans un cercueil . Il avait obtenu de Vespasien, futur empereur, l’autorisation de fonder une école rabbinique à Yavné. Avec ses successeurs, il va refonder un Judaïsme privé du Temple et de tout pouvoir temporel : élaboration de la Mishna (codification de la loi orale), du Talmud dont celui de Babylone dépasse en renommée celui de Jérusalem.

Un des deux Talmud est appelé Talmud de Jérusalem, alors qu’il a été rédigé en Galilée.. Désormais, ce sont les docteurs de la Loi qui vont être les régulateurs de la religion juive. Jérusalem reste un vœu et un symbole d’espérance.


On relate cette histoire mettant en scène le célèbre rabbin Akiva qui a soutenu l’une des dernières révoltes juives antiromaines dirigée par Bar-Kochba Rabbi Akiva, raconte le Talmud, passa un jour avec ses élèves près du Mont du Temple, quand ils aperçoivent un renard qui rôde sur l’emplacement du Saint des Saints.
Les compagnons de Rabbi Akiva fondent en larmes, mais Rabbi Akiva sourit : « Pourquoi ris-tu ? » lui demandent-ils. « Et pourquoi pleurez-vous ?». « Nous voyons l’endroit où seul le grand Prêtre avait accès hanté par les renards et nous ne pleurons pas ?»
« C’est pour cela, répond Akiva que je ris. Si la menace divine de détruire son sanctuaire s’est bien réalisée, sa promesse de le reconstruire plus beau qu’avant s’accomplira certainement aussi » et les autres de s’écrier « Akiva, tu nous as consolés ». En fait, cette anecdote contient les thèmes majeurs de l’évolution de l’histoire des juifs : la splendeur, la destruction et la renaissance. Que les jours difficiles du mois d’Av se transforment en jours de liesse !

Joël GUEDJ

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