Le coin touristique : le mont des Oliviers
Jérusalem est entourée de montagnes : le mont Sion, le mont Moriah, le mont des Oliviers… C’est sans doute ce dernier, dont l’histoire est plurimillénaire, qui est le plus connu. Son nom vient des oliviers qui poussent sur ses collines depuis la nuit des temps.
Le mont des Oliviers, situé sur le côté est de la vieille ville de Jérusalem, domine la vallée du Cédron. C’est d’ailleurs le point le plus haut de Jérusalem : alors que la vieille ville se situe à 700 mètres d’altitude, le mont des Oliviers culmine à 830 mètres. C’est la frontière naturelle entre Jérusalem et le désert de Judée, cette grande étendue aride qui s’ouvre sur la mer Morte.
Lorsqu’on arrive à Jérusalem depuis la mer Morte, on peut identifier le mont des Oliviers à plus de quinze kilomètres, aux trois bâtiments qui dominent : l’Université Hébraïque du mont Scopus (la dernière crête du mont des Oliviers), l’église Augusta Victoria et l’église de l’Ascension.
L’histoire du mont des Oliviers, qui apparaît dans les trois religions monothéistes, est très riche. Chez les Musulmans, une tradition raconte qu’à la fin des temps, un pont suspendu par sept arches reliera le mont des Oliviers à la vieille ville de Jérusalem, et que seuls les justes pourront le traverser. Pour les Chrétiens, c’est un lieu de grande importance car il est mentionné à de nombreuses reprises dans le Nouveau Testament (dans les discours et les prières, dans les épisodes du baiser de Judas, de l’arrestation de Jésus, de son ascension quarante jours après sa résurrection…). Pour les Juifs, c’est un lieu unique à l’histoire exceptionnelle.
À l’époque biblique, les rois, désignés par Dieu pour guider le peuple, étaient oints par le Grand-prêtre, qui leur versait de l’huile sur la tête. Et d’où venait cette huile ? Du mont des Oliviers, bien sûr ! Plusieurs rituels de purification, dont celui de la vache rousse, se déroulaient également sur le mont des Oliviers. C’était aussi l’endroit où, à Yom Kippour, le jour le plus important du calendrier juif, devait être accomplie une autre prescription, mentionnée dans le troisième livre de la Torah : c’est depuis le mont des Oliviers qu’un bouc était envoyé dans le désert pour expier les fautes de la communauté. « Le bouc emportera sur lui toutes leurs fautes dans une terre aride, il sera chassé dans le désert » (Lévitique 16, 22) : de là vient l’expression « bouc émissaire ».
Du mont des Oliviers, le point de vue sur la vieille ville de Jérusalem est splendide : au premier plan, le côté oriental des remparts construits par Soleiman le Magnifique – ces fortifications longues de quatre kilomètres protègent la ville depuis 450 ans. Juste derrière, le mont du Temple semble occuper tout l’espace de la vieille ville ; il est vrai que cet emplacement, dominé par le Dôme du Rocher, fait l’équivalent de dix-huit terrains de football ! Depuis le mont des Oliviers, on peut également voir les quatre quartiers de la vieille ville, identifiables par leurs bâtiments historiques et religieux.
Entre le sommet de la montagne et la vieille ville de Jérusalem, surplombant la vallée du Cédron, s’étend le cimetière du mont des Oliviers. C’est le plus ancien et le plus important de Jérusalem. On a commencé à y inhumer des corps il y a plus de 3000 ans, et l’on y dénombre plusieurs dizaines de milliers de tombes. Depuis l’époque biblique, les Juifs ont voulu y être enterrés, car il est dit que lorsque le Messie viendra, la résurrection des morts commencera par le mont des Oliviers (Zacharie 14, 4). De nombreux rabbins, des hommes politiques et des écrivains y reposent – parmi eux : le rav Kook (le premier Grand-rabbin ashkénaze d’Israël), Shai Agnon (le premier écrivain de langue hébraïque à avoir remporté le prix Nobel de littérature, en 1966) ou encore Éliézer Ben-Yehoudah, le père de l’hébreu moderne. C’est aussi le cas du Premier ministre Menahem Begin, signataire de la paix avec l’Égypte en 1979, décédé en 1992. Alors que les Premiers ministres et les présidents d’Israël sont d’ordinaire enterrés au mont Herzl, Menahem Begin avait spécifiquement demandé à reposer au mont des Oliviers. Il souhaitait être inhumé en toute simplicité, à proximité de ses amis tombés au combat pour l’indépendance d’Israël.
Jérôme Haas – guide touristique – www.guideisrael.fr
Photo Yonatan Sindel / Flash 90