L’effet Coronavirus, par Shaï Doron, Président de la Fondation de Jérusalem

Souvent, en période de crise, se révèle en chacun de nous une force, dont nous ne soupçonnions pas l’existence en temps normal. C’est ce qui m’est arrivé avec le coronavirus qui s’est abattu sur Jérusalem et le reste du monde.

J’ai tout de suite pensé que Jérusalem serait la ville la plus difficile à gérer en Israël en cette période de crise: La plus grande ville du pays, la plus complexe et la plus sensible. Ville où chaque communauté est un monde à part, déconnectée souvent du monde l’entourant.

Ville regroupant toutes les populations d’Israël, sorte de microcosme – laïcs, religieux, Harédim, Juifs, Arabes – où il faut savoir au quotidien ménager les sensibilités et susceptibilités de chacun et maintenir un subtil équilibre.

Le coronavirus a surpris la ville de Jérusalem de façon absolue.

Après un hiver tout particulièrement pluvieux et un début du printemps prometteur, lorsque chacun prévoyait de célébrer la fête de Pessah et Yom Haatzmaout (Jour de l’Indépendance) et que les parcs et jardins attiraient la foule, le confinement a été instauré sur la ville où le taux de morbidité est l’un des plus élevé d’Israël.

Que peut faire une famille harédi logeant dans un petit appartement avec 7 enfants ? Que peuvent faire les parents d’un enfant à besoins spécifiques en l’absence de toute structure ? Comment les survivants de la Shoah peuvent-ils se procurer de la nourriture et des médicaments alors qu’ils ont l’interdiction de sortir ? Comment une famille issue de Jérusalem-Est subvenant difficilement à ses besoins, peut-elle survivre alors qu’elle n’a plus de source de revenus ? Comment les femmes battues et issues de tous milieux, peuvent-elles vivre alors qu’elles sont en danger ?

Ensemble, les habitants de la ville ont fait preuve de responsabilité mutuelle, de fraternité et n’ont pas hésité à s’engager dans la vie des communautés les entourant et ce bien qu’ils n’en font pas partie. C’est cela le bon côté de la société israélienne à Jérusalem.

Les organisations et associations œuvrant dans la ville, davantage que dans les autres villes d’Israël, ont tout fait pour se mobiliser en quelques jours, modifiant leurs priorités et plans de travail en vue d’un objectif unique : s’assurer qu’aucun hiérosolomytain ne soit seul durant cette ‘guerre’.

Nous aussi, à la Fondation de Jérusalem, avons dû changer de cap du jour au lendemain et nous adapter rapidement à cette nouvelle réalité : d’une fondation récoltant des fonds importants pour de grands projets en ville, planifiant le devenir de Jérusalem en 2030, nous avons dû venir en aide immédiatement aux populations les plus défavorisées de la ville : Enfants à besoins spécifiques, jeunes à risque, enfants vivant dans les refuges pour femmes battues, personnes ayant un handicap, familles démunies ne pouvant s’acheter à manger et bien évidemment les personnes âgées, population à risque et devant s’isoler plus que les autres.

Il était impressionnant de voir la mobilisation des amis de Jérusalem, d’Israël et du monde entier, disposés à aider la ville durant cette situation d’urgence.

Lorsque le monde était en confinement, chacun d’entre nous à Jérusalem, a été témoin de la générosité de cœur de l’autre et ce ne sont pas des paroles en l’air: des Harédim préparant des colis de nourriture destinés aux Arabes de Jérusalem-Est afin qu’ils puissent casser le jeûne du Ramadan dignement ; des Arabes de Jérusalem-Est se portant volontaires pour acheter les médicaments aux personnes âgées issues de tous milieux et ne pouvant sortir de leurs maisons ; de jeunes adolescents faisant du porte à porte pour s’assurer que chaque survivant de la Shoah a bien reçu son panier de nourriture, des volontaires à l’écoute prenant le soin d’appeler les personnes ayant un handicap pour les soutenir ; des femmes cuisinant bénévolement des repas chauds pour les jeunes isolés afin qu’ils n’errent pas pendant la période du confinement ; la mise en place d’activités extra-scolaires pour les enfants vivant dans les refuges pour femmes battues afin de les distraire.

Les associations à but lucratif pour qui Jérusalem est la priorité par rapport aux autres villes d’Israël, ont œuvré ensemble, sachant faire preuve de sensibilité à l’égard de toutes les populations de la ville.

Les médecins de Jérusalem-Est ont reçu de paniers contenant des friandises à l’occasion du Ramadan tandis que des colis de nourriture distribués à la communauté éthiopienne, ont été achetés dans des magasins spécifiques au marché de Mahané Yehouda important des produits originaires d’Ethiopie.

Je suis fier de dire que durant ces courtes semaines, nous avons réussi à mobiliser plus d’un million de dollars pour les besoins urgents de Jérusalem. Nous avons apporté une bouffée d’oxygène aux organisations pour qu’elles puissent réaliser leurs buts et fournir de l’aide.

Sous la direction du Maire de Jérusalem Moshe Leon, qui a su mener cette crise avec efficacité et rapidité, toutes nos actions ont été coordonnées avec les professionnels de la Mairie et les employés de la Fondation de Jérusalem, pour répondre aux besoins les plus basiques des nécessiteux de tous milieux à Jérusalem.

Ces derniers jours, nous essayons de revenir à la normale – routine à l’ombre du coronavirus. Nous avons décidé de soutenir en premier lieu les organisations culturelles afin de faire revivre la culture et l’art dans la ville, et ce, en adéquation avec la nouvelle réglementation. Nous ferons tout notre possible afin d’aider les organisations et instituts culturels, qui font de Jérusalem une ville source d’inspiration.

Il est évident pour moi, qu’en fin de compte, les scientifiques trouveront un vaccin pour le coronavirus et ainsi nous pourrons retrouver une vie normale, même si différente.

La Fondation de Jérusalem espère ainsi revenir à ses projets à long terme et les mettre en place dans la ville, pour renforcer les différentes communautés, préserver la culture, développer la créativité et garantir le leadership de demain.

Pour moi, il ne fait aucun doute que les hiérosolomytains, qui ont su s’adapter à cette nouvelle situation et faire face à ce virus, n’oublieront pas de sitôt ce moment où nous tous avons été unis.

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