Hommage à Imré Kovacs, le chasseur de nazis. Un Juif chez les SS .

Voici l’incroyable histoire d’Imré Kovacs échappé à l’holocauste, devenu membre de la Waffen SS .
Quiconque, célébrité de la politique ou du spectacle, vous, moi, qui serait allé déjeuner chez Lipp dans les années 1960, 1970 ou 1980, aurait eu toutes les chances de rencontrer un garçon de salle jovial, «Monsieur Serge», un bon franchouillard au visage sympathique et rond, souriant et chauve, portant serviette au bras, uniforme impeccable et noeud pap de circonstance.

L’épopée d’un guerrier juif

À vrai dire, personne ne connaissait son passé, sur lequel il maintenait un mutisme absolu, même avec ses proches. Il se nommait Kovacs Imré (en Hongrie le nom de famille passe avant le prénom), ou, en bon français, Imré Kovacs. Il était installé à Paris depuis 1956, passa 30 ans comme garçon chez Lipp, se retirera, la retraite venue, quelque temps en Bourgogne, mais retournera en Hongrie pour y vivre ses dernières années, à Oroshaza, jusqu’à sa mort en 2003.
Son fils Serge retrouvera par hasard, dans un placard, les mémoires de ce paisible retraité, écrites à 55 ans, en 1981, qui seront publiées après sa mort en 2006 .

Un Hongrois comme les autres

Imré Kovacs était hongrois, et pour être plus précis, juif hongrois. Il était né en 1926 à Mako, ville de 20 000 habitants située à 200 kilomètres de Budapest. L’antisémitisme qui avait resurgi en Hongrie en 1882, prit de l’ampleur après la première guerre mondiale avec l’arrivée au pouvoir de la droite conservatrice en la personne de Miklos Horthy. Puis des lois anti-juives furent adoptées en 1938 et en 1941, et la Hongrie entra en guerre aux côtés de l’Allemagne. Il y avait alors 725 000 juifs en Hongrie (seuls 100 000 survécurent). En 1944, Himmler débarqua à Budapest et appliqua avec zèle la «solution finale»; entre mai et juillet 1944, la moitié de la communauté fut envoyée à Auschwitz, dont une partie de la famille de Imré Kovaks, et parmi les victimes on compte sa propre mère, morte sans doute à Bergen-Bergen ou lors d’un bombardement.
En juillet 1944, les Russes sont aux portes de la Hongrie, Horthy est renversé par les SS, Ferenc Szalasi, fondateur du parti pro-nazi des «Croix-fléchées» est installé au pouvoir par les nazis, et les Juifs qui sont encore vivants à Budapest sont tués, parfois à mains nues.
Un Juif chez les SS
Imré Kovacs s’enfuit de Mako vers Budapest, alors que les combats font rage entre les armées hongroises et soviétiques. En chemin, il entre dans une synagogue encore épargnée par les combats, et tombe par hasard sur un garçon de 25 ans, au teint basané, un certain Yossef, qui lui parle en hébreu. C’est un résistant juif, venu de Palestine, membre de l’Hehalouz («Le pionnier») qui fournissait faux-papiers, certificats de baptêmes et faux passeports. L’Hehalouz infiltrait parfois les «Croix-fléchées», voire la SS, et ce petit groupe deviendra le noyau du futur Mossad.
Imré Kovacs demande comment il peut l’aider et Yossef lui suggère de s’engager dans la SS, afin de servir de taupe. Sans hésiter un seul instant et désireux de venger son peuple, Imré Kovacs accepte et devient membre de la SS dans les jours qui suivirent (il avait miraculeusement passé le contrôle médical bien qu’étant circoncis!). Imré Kovacs, juif, est devenu un SS.
Le cinéaste Quentin Tarantino s’inspira d’ailleurs de cette histoire pour l’un des personnages de son film Inglorious Basterds.
Le 24 décembre 1944, l’armée rouge encercle Budapest, les combats sont d’une extrême violence, 300 000 Hongrois qui avaient combattu aux côtés des nazis sont faits prisonniers et internés en Russie où ils retrouvent des soldats de la Wehrmacht, des membres des unités spéciales de la Waffen SS au sein desquels se cachent de nombreux criminels de guerre.
Parmi les prisonniers : un certain Imré Kovacs. Ce dernier est interné à Odessa, dans des conditions épouvantables (dans son camps, sur 3 000 prisonniers, seulement 124 survécurent), puis il est contacté par la résistance juive et par les services secrets de l’Union Soviétique: il devra rester un prisonnier lambda, se renseigner sur le passé exact des prisonniers SS, et identifier ceux qui n’avaient pas été repérés. Les SS avaient leur groupe sanguin tatoué sur le bras gauche, donc faciles à identifier, mais qu’avaient-ils fait exactement ? A Kovacs de le trouver. De plus, les nazis n’avaient pas eu le temps de tatouer les dernières recrues. Imré Kovacs fait de son mieux pour renseigner Juifs et soviétiques, puis il est libéré en 1945.

L’appel de la Terre promise

De retour à Budapest, il est contacté par des émissaires de l’Agence Juive, ou Sokhnout, qui le recrutent pour partir illégalement en Israël, afin de se joindre d’abord aux combats contre l’armée britannique puis à ceux qui ne manqueront pas de se déclencher avec les Arabes lors de la constitution de l’État d’Israël. Imré Kovacs fait d’abord partie de l’Organisation armée de libération, ou Irgoun Zvaï Leoumi, dirigée par Menahem Begin, puis rejoint une branche dissidente, le groupe Stern, ou Lehi, dont l’aile droite était dirigée par Yitzhak Shamir.
Le groupe Stern était honni par David Ben Gourion qui penchait vers une solution diplomatique alors que le groupe Stern ne voyait d’autre solution que le recours à la force, voire au terrorisme, en particulier contre les Britanniques qui, selon eux, ne quitteraient pas la Palestine sauf forcés et contraints.
Imré Kovacs fut stationné sur les rives du Jourdain, qui contrôlaient la route de Damas. C’est là qu’il affronta les armées arabes, constatant hélas que ses camarades étaient tout sauf -comme lui- des professionnels de la guerre. Le conflit fut cependant gagné en 9 mois, et les membres du groupe Stern furent versés dans les rangs de Tsahal, l’armée israélienne.

Guerre d’indépendance, Israël. Combattants de la brigade Carmel.

Imré Kovaks, ou «Asher Cohen», selon sa nouvelle identité, fut versé dans l’unité Givati, unité d’élite de la Haganah (5 bataillons de 3 000 hommes, Kovaks faisant partie du régiment 52), dont la devise était «Ne jamais quitter une position».
Selon les propres termes de Kovacs, «de toutes les batailles ou guerres que j’ai vues là-bas, aucune n’a mis aux prises Juifs et Palestiniens : tous les affrontements opposaient l’armée israélienne aux Arabes venus des pays voisins». Puis Imré Kovacs voulut…
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