De gauche à droite : Georges Silber, Micheline Silber, Rosalie Silber (sa mère, assise), Samuel Silber (le père), Denise Silber (assise) et Edmond Silber. (©DR)

Il cherche des infos sur le couple, originaire de La Ferté-Macé, qui a caché sa famille en 1942

Installé au Canada, Edmond Silber recherche dans l’Orne des infos sur M. et Mme Fournier afin qu’ils obtiennent le titre  de Justes parmi Les Nations suite à leur geste en 1942.

Par Michel Moriceau Publié le 21 Nov 20 à 9:23

Edmond Silber est né en 1936 à Vigneux-sur-Seine dans l’Essonne. « Mes parents ont été naturalisés français l’année de ma naissance. Mon père travaillait dans la métallurgie ».

En 1938, la famille déménage à Choisy-le-Roi dans le Val-de-Marne. « Je n’ai connu que la guerre. Mes souvenirs commencent avec le bruit des bottes allemandes et ces voitures de la Gestapo ou de la milice française qui passaient dans notre rue pour venir embarquer des gens un peu plus loin, raconte Edmond, dans une vidéo du Musée de l’Holocauste à Montréal.

Nous survivions avec la peur au ventre, en espérant que cette voiture ne s’arrête jamais chez nous

Edmond Silber

En 1940, quand sa mère va à l’hôpital à Paris pour donner naissance à la plus jeune de ses sœurs, elle se lie d’amitié avec une infirmière.

« Il s’agissait de Mme Fournier, qui habitait rue Waldeck Rousseau à Choisy-le-Roi, et qui était née Gabrielle Leboucq à La Ferté-Macé dans l’Orne ».

En juin 1942, alors que la loi obligeant les Juifs à porter l’étoile jaune est effective, Edmond n’a pas encore 6 ans et n’est donc pas obligé de la porter. « Comme mon nom n’apparaissait nulle part dans le document de naturalisation, la police française voulait me déclarer juif étranger et ainsi inscrire mon nom sur la liste des enfants à ramasser pour la déportation. Il a fallu demander un avis légal au ministre de la Justice pour qu’il dise que, par la naturalisation de mes parents, j’étais bien Français. Mais la lettre envoyée par le Garde des Sceaux, qui confirmait ma nationalité française, stipulait que l’attestation datée du 7 juillet 1942, en pleine période des rafles, n’était valable que 3 mois. Il n’y avait pas de temps à perdre, nous devions nous cacher ».

La chance

C’est alors que Mme Fournier et son mari proposent à la famille Silber d’aller se cacher dans leur maison de campagne à Morsang-sur-Orge. « Cette maison a été mise à notre disposition gracieusement, sans rien exiger en retour, se souvient Edmond. Nous ne devions pas parler aux voisins. Mon père continuait à travailler à Choisy-le-Roi et venait nous rejoindre le week-end ».

Cette cachette leur a servi jusqu’à la libération. « Nous avons ainsi échappé à la rafle du Vel d’Hiv. Grâce à eux, de six que nous étions dans les années 1940, notre famille compte aujourd’hui de nombreux nouveaux venus. Mais, j’ai aussi une pensée pour les 81 membres de ma famille proche, restés en Hongrie, qui n’ont pas eu cette chance de trouver des Fournier dans leur entourage. Ils ont tous été massacrés dans les fours crématoires d’Auschwitz ».

Une bouteille à la mer

A leur retraite, M. et Mme Fournier sont retournés en Normandie, dans la région de La Ferté-Macé / Bagnoles. « Mes parents ne sont malheureusement plus de ce monde pour me donner leurs prénoms ainsi que le lieu de leur retraite, je ne connais que le nom de famille », regrette Edmond.

Aussi, ses premières recherches pour retrouver leur famille et leurs descendants ayant été vaines, en septembre dernier, l’octogénaire lançait une bouteille à la mer sur les réseaux sociaux, particulièrement sur Facebook, « dans l’espoir que quelqu’un s’en saisisse et aboutisse là où j’avais échoué ».

De façon inattendue autant qu’espérée, cette bouteille a été ramassée par une vingtaine de personnes, en France et à l’étranger : une généalogiste de Rouen, un membre de l’association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France.

Des premiers résultats

Les recherches conjointes de ces personnes, aidées par les agents du service municipal des archives de Choisy-le-Roi, ont permis de retrouver l’identité des personnes recherchées : François Fournier, né à Chamoux (Savoie) le 22 avril 1900, décédé à Nantes le 21 juin 1973 ; Gabrielle LeBoucq, épouse Fournier, née le 1er mai 1897 à La Ferté Macé (Orne), décédée à Saint-Nazaire le 22 novembre 1983.

« Mme Fournier a eu deux enfants d’un premier mariage, nés à La Ferté Macé en 1921 et 1923. Son fils, Maurice Hays est décédé en déportation le 15 février 1945 à Hildesheim, Kommando de Neuengamme. Sa fille, Paulette Hays, s’est mariée et a eu des enfants et des petits-enfants, avec qui j’ai pris contact. Leur réaction a été merveilleuse. De suite, Chloé Maygnan Guérin, arrière-petite-fille de Mme Fournier, a accepté de se porter ayant cause de son aïeule ».

Si la procédure d’attribution du titre de « Juste Parmi Les Nations » a pu, dès lors, s’engager, Edmond Silber lance donc un appel aux personnes qui auraient connu ce couple Fournier, pour compléter son information. « Ces gens ont risqué leurs vies pour nous, ne les oublions pas » conclut-il.

https://actu.fr/normandie/la-ferte-mace_61168/il-cherche-des-infos-sur-le-couple-originaire-de-la-ferte-mace-qui-a-cache-sa-famille-en-1942_37557525.html

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Emmanuel

C’EST CURIEUX CE REVEIL , 78 années plus tard .

CERTAINS DIRONT  » MIEUX VAUT TARD QUE JAMAIS  »

Emmanuel