La sidra de cette semaine, Hayé Sara,  met en scène deux femmes de beauté exceptionnelle mais aussi de « dimension » au-dessus du commun car entre elles des points communs se dégagent telle  leur stérilité, leur origine et bien d’autres.

La péricope commence par le mot « vayihyou » ; en général lorsqu’un verset commence par le mot vayéhi nous savons que nous allons apprendre une nouvelle peu agréable.

Le début de cette parasha est décidément peu habituel étant donné que cette portion de Tora est la seule de tout le Pentateuque à  être nommé sur le prénom d’une femme : la vie de SARA et au lieu d’être au singulier, vayéhi est au pluriel.

Nous apprenons ainsi que d’une part Sara est une femme unique dont la vie de femme vertueuse n’a d’égale que sa vie de prophétesse et dont la vie dans ce monde est égale à celle du monde futur voici pourquoi il est écrit vayihyou au lieu de vayéhi.

Les commentaires  s’attachant à l’âge de Sara sont connus mais nous résumerons le fait qu’à chaque étape de sa vie Sara est restée l’égale d’elle-même en beauté et en innocence.

Lors de l’Alliance « beynhabetarim » (alliance entre les morceaux voir article ci-joint), Abraham demanda à avoir une preuve de propriété du pays pour qu’un jour, il puisse montrer que ce pays fut attribué à ses descendants et arraché aux Cananéens.

C’est un peu selon le même principe qu’est conclu cet acte de propriété sur le caveau de Makhpela à Hébron. Et, ceci nous enseigne qu’une transaction quelle qu’elle soit doit être menée, réglée et conclue dans les moindres détails de manière à éviter tout conflit par la suite.

Il pourrait sembler étrange qu’Abraham se présente aux enfants de Heth comme un étranger cependant, si l’on reprend les explications de Rashi, Abraham s’est appuyé sur la promesse divine dont les termes sont : « c’est à ta descendance » que ce pays sera donné et donc pas aujourd’hui, à lui-même.

C’est donc pour cette raison, qu’Abraham a mené cette acquisition de terrain dans ses moindres détails de manière à produire dès que cela serait nécessaire cet acte de propriété sur ce tombeau familial.

Kyriat’ Arbâ est Hébron’. Pourquoi cette cité est-elle appelée Kyriat’ Arbâ ? Une première raison est évoquée dans le livre des Nombres 13,22 : c’est en souvenir du géant qui y habitait et qui avait effrayé les explorateurs ANAK – c’est d’ailleurs de son nom que vient le mot géant – et ses trois fils : Ahiman, Sheshaï et Talmi.

Mais il y a une autre raison : dans la parasha de vayéra, Abraham a  poursuivi un veau et l’endroit où le veau s’est laissé capturer était l’entrée du Gan Eden.

Abraham sut que dans ce lieu était enseveli le premier couple de l’humanité et, à présent, il désira enterrer Sara auprès de ce premier couple et ainsi créer un caveau de famille puisqu’il sera lui-même enterré là-bas ainsi qu’Isaac et Rivka et Jacob et Léa donc les 4 premiers couples se sont retrouvés ainsi pour l’éternité.

La spécificité de Sara était d’être entièrement vouée à D. et au peuple juif. En ceci réside la raison pour laquelle dans la tente de Sara se perpétuaient trois miracles : les lumières du shabbat restaient constamment allumées, le pain de Sara était un pain particulier que l’on ne pouvait trouver dans aucune demeure et la Shekhina reposait constamment sur la tente de Sara car dans cette tente le couple préservait l’amour qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre dans une pureté et une pudeur extrêmes et dans une harmonie à nulle autre pareille si ce n’est après les épousailles d’Isaac et de Rebecca lors que l’harmonie qui régnait entre Sara et Avraham sera également concrète dans le nouveau couple au point qu’Isaac se consolant ainsi de la perte de sa mère, la Shekhina va revenir résider au-dessus de la Tente de Sara/Rebecca.

Ces trois miracles se rattachent directement aux trois mitsvoth « féminines » l’allumage des bougies du shabbat, le prélèvement de la halla de la pâte pétrie[1] et la mitsva de nidda (pureté familiale).

Ces mitsvoth entraînent la femme vers un terrain spirituel bien que matériel à la base.

Dans la rencontre de Rebecca et Eliezer les qualités de la jeune fille parlent d’elles-mêmes ainsi l’empressement et toute l’énergie qu’elle met pour étancher la soif  du voyageur et de ses chameaux prouvent au serviteur d’Abraham, qu’il ne s’est pas trompé de personne.

Par la suite, Abraham se remaria et eut d’autres enfants désignés sous l’appellation globale de Bené Kedem car, le Patriarche, comblé par une existence exceptionnelle (par le fait de constater d’après Rashi qu’Ishmaël fit repentance) et soucieux de ne point créer de litiges graves entre les frères d’un même père, désigna aux autres enfants d’Agar (Ketoura est Agar) de s’installer en Extrême-Orient.

La tradition nous enseigne qu’Abraham aurait dû vivre 180 ans. Cependant, pour ne pas s’affliger de la conduite de son petit-fils Esaü,  le patriarche ne vécut que 175 ans et fut à son tour enseveli au caveau de makhpela aux côtés de Sara.

Caroline Elishéva REBOUH

[1]– La halla est une mitsva féminine car c’est la femme qui en général pétrit le pain pour sa famille bien qu’un homme qui pétrirait du pain doit aussi prélever la halla.

 

Hayé Sara: Abraham et Sara, nouveaux Adam et Eve- vidéos

La péricope Hayé Sara contient de multiples enseignements  parmi les plus passionnants.

Nous commencerons par nous étonner lorsque nous voyons le mot shana (année) se répéter à l’annonce de l’âge atteint par Sara à sa mort et nous connaissons le sens classique donné à ceci sur la beauté, la pureté et la vertu de Sara à chaque étape de sa vie, cependant, ainsi que nous le verrons plus loin, lorsque la Torah nous dit : ויהיו חיי שרה…..שני חיי שרה.  « La vie de Sara fut….. telle fut la durée de sa vie ».

Nous savons qu’en général, lorsqu’un verset commence par « vayehi » (et vayhyou est la conjugaison à la 3ème personne du pluriel de vayehi), cela annonce un malheur or, un être humain mourant à l’âge de 127 ans, on ne peut appeler ceci un malheur véritable  sauf que l’enseignement contenu dans ceci est que la vie de Sara est séparable en deux parties inégales en tous points la première étant que 100 ans durant (90, jusqu’à la naissance d’Isaac, puis encore 10 années en cohabitation avec Agar et Ismaël), Sara a été malheureuse tant elle avait enfoui profondément en elle un désir légitime de maternité puis elle a  souffert pendant les 10 années qui ont suivi la naissance d’Isaac en supportant les railleries et les manifestations d’inimitié d’Ismaël.

Ce ne sont, par conséquent, que 27 années d’un bonheur incomparable qu’a vécues Sara, nous enseigne le « Orah Hayim[1] ».

Le midrash raconte que lorsque D. ordonna à Abraham de Lui sacrifier son fils, son unique fils, Isaac, Abraham, entier dans sa foi pour l’Eternel, et sans aucune réticence, ni sans aucune peur, alla se coucher tranquillement le soir puisqu’il est écrit : וישכם : le matin, il s’est levé et le texte ne nous dit pas qu’Abraham n’a pas dormi de la nuit, ceci  révèle donc à quel point Abraham était confiant.

Puis, le Satan, vint rapporter à la mère d’Isaac que celui-ci avait failli être égorgé par son père.

C’est alors que Sara a poussé 3 très grands cris et s’effondra rendant son âme au Créateur.

Se posent alors des questions :

  • Pourquoi Sara fut-elle surprise d’apprendre la nouvelle ? Abraham ne lui avait-il donc pas parlé de cette ligature qui allait avoir lieu ?  Réponse : En effet, Abraham garda cette « expédition » pour lui car, sachant que Sara était d’un niveau de prophétie supérieur au sien, il a jugé qu’il n’avait pas à la mettre au courant si HaShem ne le lui avait pas appris.
  • Que s’est-il passé lorsque le Satan s’est adressé à Sara ? Elle « reconnut » le serpent qui s’était adressé à elle (Hava)
  • Pourquoi Sara s’est-elle effondrée ? Elle avait une foi inébranlable en D alors pourquoi n’a-t-elle pas réagi avec calme ? C’est parce qu’elle savait que les incrédules de l’époque soupçonnaient Sara d’avoir été enceinte du fait d’Avimelekh et en conséquence, ils pensaient qu’Abraham voulaient sacrifier Isaac pour « laver » son honneur. A quoi Abraham répondit que si D lui avait demandé de sacrifier Isaac c’est, justement, parce qu’il est pur et ne porte en lui rien de répréhensible !

Les Sages rapportent que les 3 sonneries du shoffar de rosh hashana sont en rapport avec les 3 hurlements poussés par Sara.

Dans la sidra précédente, Abraham avait, on s’en souvient,  poursuivi un veau qu’il voulait faire apprêter pour ses illustres visiteurs. Le midrash rapporte qu’en poursuivant cette bête, Abraham avait aperçu Adam et Eve allongés et des bougies allumées à côté d’eux.

En racontant ceci à son épouse, celle-ci  émit le vœu d’être enterrée là-bas. Le texte appelant ce veau bakar les Sages en ont tiré un enseignement car en plaçant les lettres de bakar (beith-kouf-resh) dans un ordre différent : kouf-beth-resh on obtient le mot kever qui signifie tombeau.

Or, depuis le début de Bereshit et jusqu’au chapitre XV de ce même houmash, de nombreuses générations se sont succédées (20) et 2000 ans se sont écoulés sans que ne soit faite une allusion à un tombeau quelconque ce n’est que lors de l’alliance conclue entre D et Abraham –Brith beynhabetarim – que D fait allusion au tombeau en promettant : ואתה תקבר בשיבה טובה   : « tu seras  enterré à un grand âge ».

Auparavant, à chaque fois qu’il est question de la mort de l’un des personnages bibliques il est simplement écrit : וימת   il est mort.

Avant que Sara ne meure, Abraham apprend qu’à Haran est née une fille du nom de Rivka.

Le Zohar haKadosh, à ce propos, enseigne que D ne laisse jamais une lumière (entendez un être d’exception, un juste) ne s’éteigne sans envoyer sur terre quelqu’un pour le remplacer et donc, Rivka ou Rebecca, est considérée comme celle qui remplaça Sara.

Dès la mort de Sara, la lumière  et le nuage disparurent, pour ne réapparaître qu’après l’union d’Isaac et Rebecca.

Ces trois fautes ont une importance si grande que l’être qui faute dans l’un de ces trois domaines doit mourir plutôt que de faire ce péché.  Nous y reviendrons dans quelques lignes.

Adam et Eve en mangeant du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal ont, en quelque sorte, perpétré le premier vol de l’humanité car il leur était interdit de prendre ce fruit et ils sont passé outre.

Mais, en écoutant le mensonge du serpent ils ont, en quelque sorte, imaginé que l’arbre de la connaissance était présent avant tout et donc c’est une digression de l’idolâtrie.

En consommant le fruit interdit ils ont entraîné la « peine de mort » sur l’homme, (shefikhoutdamim) et le guilouyârayot s’est produit dans la séduction de la femme par le serpent (guilouyârayoth) et le fait que la femme a été sujette aux « écoulements » menstruels (nidda).

Les 3 patriarches ont « réparé » ces 3 fautes par leur attitude :

Abraham, en détruisant les idoles et en enseignant le monothéisme aux idolâtres et en enseignant qu’il est interdit de voler,

Isaac, qui répara la faute de verser du sang pour rien en acceptant d’être sacrifié (âkeda),

Jacob qui répara le guilouyârayoth car il a commencé sa vie « d’homme » à 84 ans, comme le démontre la guemarat shabbat.

Mais, où est le lien avec les 3 mitsvoth de la femme ?

ALLUMAGE DES BOUGIES : En entraînant Adam à transgresser la parole de D., Eve a éteint une certaine lumière qui éclairait le monde et, il appartient donc à la femme de rallumer cette lumière chaque veille de shabbat.

PRELEVEMENT DE LA HALLA : En élevant la halla prélevée sur la quantité de pâte pétrie, la femme annule les pensées idolâtres.

NIDDA :  Car, en respectant la pureté conjugale, elle participe au fait que la Shekhina (présence divine) soit toujours présente.

Par ces trois actes, la femme rappelle l’allumage de la ménorah au Temple ainsi que la présentation des pains de proposition (lehemhapanim) et la Shekhina dans le Temple.

La  question qui se pose sur la façon dont est morte Sara :

Pourquoi Sara – qui avait une foi inébranlable et un niveau de prophétie élevé- a-t-elle rendu l’âme en apprenant la ligature d’Isaac, c’est parce que, nous dit le Sifté Hakhamim[2],  étant la réincarnation d’Eve, elle a « reconnu » dans le Satan venu lui apprendre la ligature d’Isaac, le serpent qui l’avait entraînée à fauter et, plutôt que de faillir une autre fois, elle a rendu son âme au Créateur.

Caroline Elishéva REBOUH

[1]Orah Hayim = Rabbi Hayim Ben Atar naquit à Salé au Maroc en 1696 et décéda à Jérusalem (enseveli au HarHaZeitim) en 1743.

[2]Shabtay Bass 1641-1718  auteur du Îkar Sifté Hakhamim sur Rashi.

 

 

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Clement levy

amen ken yihyie ratson