Les vacances d’été se terminent et déjà s’annoncent les fêtes solennelles qui sont si pleines de sens avec le douzième mois de l’année hébraïque: le mois de ELOUL אלול, qui débute ce soir mercredi 16 août, que certains écrivent sous forme d’un sigle car les lettres qui forment ce nom sont les initiales de : אני לדודי ודודי לי ou Je suis à mon Bien-Aimé et Il m’appartient.

ELouL אלול: le mois propice au renouveau (vidéo)

Cet acrostiche du nom Eloul est l’abréviation d’un vers du Cantique des Cantiques qui, comme on le sait, un hymne allégorique célébrant l’amour qui existe entre Israël et l’Éternel.

Chacun de ces quatre mots se termine par la lettre youd qui symbolise à la fois D., la perfection et aussi le chiffre 10.

Chacun de ces mots symbolise dix jours (quatre fois dix = quarante : les quarante jours qui s’écoulent entre le jour de Rosh hodesh Eloul et le jour de Yom Kippour et qui rappellent que Moïse, après avoir brisé les premières tables est remonté sur le Mont Sinaï pour y recevoir les secondes tables de pierre et que, pendant toute cette période, le peuple a été appelé à procéder à un examen de conscience véritable de manière à comprendre et à conclure que la faute qui fut commise devait être réparée par une imploration gigantesque.

Il existe une autre interprétation du nom Eloul, beaucoup moins courante et moins connue mais qui rejoint la première en ceci que les deux phrases se rejoignent sur l’idée de teshouva : il est écrit : את לבבך ואת לבב c’est-à-dire l’Éternel circoncira ton cœur et celui de ta descendance (le verset complet est celui-ci : ומל ה’ אלו-היך את לבבך ואת לבב זרעך…… (Deutéronome XXX, 6).

Cette « circoncision » du cœur vient souligner le fait que cette époque est propice au « retour » sur soi, à un examen de conscience, à une « teshouva » mot qui signifie retour, on s’amende et l’on prend de bonnes décisions pour tenter de mieux agir, de mieux assumer nos responsabilités en tant qu’individu indissoluble du tout qu’est le Peuple dans son entier.

Pourquoi ce nom ?

C’est parce que Eloul marque chez les Séfaradim le début des Selihoth ou début de la période de teshouva – repentance – et que ces prières récitées au petit matin ou au milieu de la nuit sont propres à provoquer un repentir et donc une remise en question de chaque être humain, cette période de selihoth se terminant à Yom Kippour, point culminant du repentir et du Pardon accordé par D. à Ses Sujets.

La période des selihoth est différente selon qu’il s’agisse de séfaradim ou d’ashkenazim. En effet chez les séfaradim on commence des selihoth depuis Rosh hodesh Eloul jusqu’à la fin de Kippour alors que chez les Ashkenazim, on commence à réciter les selihoth le dimanche qui précède Rosh Hashana. De sorte que si Rosh Hashana tombe en début de semaine, on commencera à dire les selihoth le dimanche précédent.

Pourquoi y-a-t-il des divergences entre les deux « communautés » ? C’est parce que les Ashkénazim se basent sur le fait qu’il est conseillé de jeûner pendant – au moins dix jours – avant le jour de Kippour et, comme on ne jeûne pas pour Rosh Hashana ni pour Shabbat, on commence donc les jours de selihoth environ une semaine avant Rosh Hashana.

Les selihoth

Les Min’haguim sont divers selon les communautés : on fait netilat yadayim avant ou avant et après, avec le talith ou sans, ou bien parfois c’est seulement le hazan qui s’enveloppera du talith.

Les selihoth qui commenceront lundi 29 août 2022, sont une série de textes ou de poésies liturgiques empruntées aux poètes classiques ou bien encore ce célèbre poème dont on ne connaît l’auteur ? בן אדם מה לך נרדם Homme, que ne t’éveilles-tu pas (pourquoi es-tu endormi) rappelant la brièveté de la vie et le fait que le temps s’écoulant vite, l’homme doit se lever tôt pour demander pardon sur ses actes et faire pénitence.

Généralement, on sonne du shofar pour rappeler que Moïse, avant de monter sur le Sinaï pour recevoir les Tables de la Loi avait prévenu le peuple de son ascension en sonnant du shofar. Ce son si particulier a pour but de déchirer l’âme en lui donnant l’impulsion nécessaire au retour vers D.

Chaque fidèle s’efforce de multiplier les bons et beaux actes, le don de tsedaka. On se hâtera de prendre de bonnes résolutions pour la nouvelle année qui se profile : on ajoutera par exemple une mitsva (une ou plusieurs) à celles que l’on fait déjà et que l’on pourra tenir (ajouter une pièce avant d’allumer les bougies de shabbat, rendre visite à des malades, à des personnes isolées, lire des psaumes ou en ajouter etc………) on essaiera de faire la tsedaka un peu plus largement, aider des enfants à faire leurs devoirs, aider une personne âgée à faire ses courses de moins pratiquer le lashon harâ ou médisance ……………à chacun de trouver quelque chose « qui lui parle »……..

Eloul est aussi la date limite à laquelle les propriétaires de bétail devaient offrir le dixième de leur bétail au Temple de Jérusalem (le dixième des bêtes nées pendant le courant de l’année).

Eloul est donc la période propice pour un renouveau de l’être et pour que l’âme de l’homme ressente un bien-être particulier.

JForum avec Caroline Elisheva REBOUH

Histoires d’Eloul…par R. Ahouva

Le Hafets Haim, zatsal, racontait une histoire qui nous aidera à comprendre un autre objectif à nous fixer en ce mois.

C’est l’histoire d’un petit commerçant qui vint à la ville pour acheter de la marchandise. Il entra chez son grossiste habituel et voulut passer une grosse commande à crédit. Le grossiste lui dit : « Je ne peux pas accéder à ta demande. J’ai consulté mes registres, et tu ne m’as pas encore réglé tes commandes d’il y a un mois, deux mois et même d’il y a trois mois. A chaque fois, tu m’as promis de rembourser tes dettes et de me faire parvenir la somme dès ton arrivée chez toi, mais tu n’as jamais tenu tes promesses, tu comprendras donc que je ne suis pas en mesure de te fournir de marchandise. »
Le commerçant commença à expliquer pourquoi il n’avait pas pu rembourser jusqu’à présent. Diverses raisons l’avaient retardé, divers empêchements… Mais à présent, il promettait de tenir sa parole. Au moment où il recevrait la marchandise et une fois de retour chez lui, il encaisserait immédiatement les sommes qu’on lui devait et couvrirait ensuite sa propre dette. Le grossiste céda et lui fournit la marchandise à crédit, comme il l’avait demandé.

Un mois s’écoula, sans nouvelle du commerçant, pas un signe. Deux autres semaines passèrent, et il se présenta à nouveau avec une faveur: acheter de la marchandise à crédit…

« Non ! » Dit le grossiste, « Cela suffit. A partir de maintenant, même si tu rembourses toute ta dette, tu as perdu ma confiance. Ta parole n’est pas juste, ta promesse n’en est pas une. Je suis désolé, mais tu n’obtiendras plus de marchandise ! »

Alors qu’ils continuaient à se disputer, un autre commerçant entra dans le magasin, il avait tout entendu. Il s’adressa au commerçant : « Ecoutez-moi, c’est perdu pour vous. Acheter à crédit exige une relation de confiance, et à présent, par votre conduite, vous avez ruiné la confiance qu’on avait en vous. Votre seul choix est de reconstruire cette relation de confiance. Je vais vous dire comment procéder. Pourquoi acheter en si grosses quantités, et s’engager dans des sommes que vous ne pourrez pas rembourser ? Achetez donc une petite quantité que vous pourrez payer en liquide, revendez-la de manière à en tirer un petit profit, et revenez acheter une quantité semblable. Petit à petit, on reconnaitra votre sérieux, et votre affaire commencera à prospérer. On oubliera le passé, le grossiste vous estimera à nouveau et acceptera de vous revendre à crédit ! »

La morale – est que pendant le mois d’Eloul, à l’approche des jours de jugement, nous nous lèverons et nous demanderons une bonne et heureuse année, pleine de bonté et de bénédictions. Et dans le ciel, on questionnera : De quel droit ? Contre quoi ?

Et nous répondrons : à crédit. Parce qu’à partir de maintenant, nous allons tout faire pour être bons et dignes de cela.

Alors, dans le ciel, on consultera les registres et l’on nous répondra : « Effectivement, c’est ce que vous avez dit aussi l’année dernière, il y a deux ans et il y a trois ans aussi, et pourtant, rien n’a changé. Comment croire en vos promesses ? Puisqu’une parole est une parole, une décision est une décision, une confession est une confession… »

Et nous, que répondrons-nous à cela ? Tout est vrai et justifié…

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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