DU DANGER DES COMITES D’EXPERTS « DE CONSENSUS » ET D’ETHIQUE

Le principe d’un comité de consensus, qui réunit des professionnels de diverses spécialités, est de réunir des expériences et des sensibilités différentes, susceptibles d’aborder les différentes facettes d’un problème et de proposer un solution réaliste adaptée à la gravité de la situation.

Le comité réuni par le président de la République, Monsieur Emmanuel Macron, n’y fait pas exception.

Le président de ce comité jouant les « faux modestes », ou suffisamment habile pour faire reposer la responsabilité de la décision sur le Président, déclare à l’envi devant la presse que ce n’est pas le comité qui décide, mais le Président.

Certes, en apparence.

Mais c’est oublier volontairement que ce comité sert à protéger le président de la critique qui pourrait venir de mauvaises décisions prises au mauvais moment. En cas de problème, il pourra toujours dire, « j’ai suivi l’avis de spécialistes reconnus, n’étant pas spécialiste moi-même ». Nous nous trouverons donc devant une construction assez classique où chacun s’exonérera de toute responsabilité en s’appuyant sur la décision de l’autre, dans un circuit bien rôdé et sans failles. La technique bien connue de la « patate chaude ».

S’il est souhaitable et louable que le président consulte des spécialistes, il ne peut se retrancher totalement derrière leurs avis car les commissions de consensus ont un très grave inconvénient qui vient de leur finalité même : refléter un « consensus ».

Dans une réunion de consensus, on cherche à parvenir à une déclaration commune. Pendant la réunion, des avis divergents vont être émis. Des personnes seront très optimistes, d’autres très pessimistes. Certaines voudront ménager les Français, permettre à l’économie de continuer à fonctionner pendant la crise, minimiser donc l’impact et la progression ou avancer qu’il faut « gagner du temps » pour permettre au secteur de la santé de se mettre en ordre de marche et au public d’intégrer psychologiquement que l’on est en période d’épidémie, ce que visiblement beaucoup ont essayé (et essaient encore) de nier.

D’autres, montrant l’exemple chinois, d’un côté, les exemples coréen, japonais, hong kongais et taiwanais de l’autre, ainsi que la progression de l’épidémie en Italie et en Espagne, prôneront des mesures drastiques immédiates : confinement total, interdiction de quitter les villes et suppression des transports inter régions…

Les débats seront sans doute très vifs à l’intérieur de la cellule, limités peut-être à une minorité de participants partisans de l’une des deux extrêmes. L’argument de l’absence de masques et de produits et matériels de tests a dû peser beaucoup aussi dans la décision du comité : il ne fallait surtout pas « inquiéter » la population et créer des scènes de panique. La tactique « Tchernobyl » du nuage radioactif était réactivée : il n’y a pas assez de protections pour les civils, donc ces protections ne sont pas nécessaires ! Pinocchio avait désormais des belles journées devant lui !

Dans une telle situation, le consensus ne pouvait venir que d’une position moyenne, qui ne satisferait, ni les « optimistes », ni les « pessimistes ».

Et cette décision moyenne, automatiquement validée par le président, conduira à prendre des demi-mesures favorisant la diffusion du virus : exode massif de populations, réunions de personnes limitées à 1 000 puis 100 puis 50, chiffres absurdes qui toutes favorisent la propagation et distanciation de un mètre (porté ensuite à deux mètres), dans les réunions, pour éviter la diffusion alors qu’il nous est indiqué que le virus se diffuse par les gouttelettes émises lors de la prise de parole, de la respiration et que lorsque l’on est un certain temps dans un local clos, ces gouttelettes ont de fortes chances d’être absorbées par les participants. Aujourd’hui, les journalistes ce qui n’est pas vraiment une « révélation », que la réunion évangélique de Mulhouse, a été une véritable « bombe atomique » contribuant à diffuser le virus à des milliers de personnes. Preuve s’il en était de l’inconséquence des « spécialistes » consultés par le président.

Le président aurait été plus inspiré à prendre connaissance des courbes de déclarations de cas d’infection pour prendre ses décisions.

En effet, l’argument d’épargner l’économie nous fait penser au raisonnement qui a conduit, en son temps, dans une optique d’« économie », à l’utilisation du sang contaminé pour solder les stocks, décision aberrante qui a permis de multiplier les contamination pour un coût financier (et humain) considérablement plus important.

Dans le cas du confinement, un confinement fait dès le début aurait limité la diffusion du virus et donc la saturation des hôpitaux et le nombre de décès. Le déblocage, partiel, du confinement, se serait réalisé sur la base de tests largement répandus et à partir de ces tests après identification des contacts et lieux fréquentés pour rechercher les personnes potentiellement contaminées. Ces tests, qui ne toucheront qu’une partie de la population, ne seront réalisés qu’après le début de la baisse du nombre de contaminations. Le même argument de non nécessité nous est présenté aujourd’hui pour justifier leur quasi-absence.
A trop vouloir “épargner” ou “rassurer” la population, on la met en danger.

On peut même s’interroger sur le vrai motif de la nomination d’un comité de consensus. Était-ce pour avoir un réel avis, sans concessions, sur la situation, ou pour fournir un message apaisant à la population, justifier la prise de demi-mesures et accorder un alibi au manque de précautions initiales…

Article envoyé à la rédaction de Le Point par courriel le 29 mars 2020.

POURQUOI L’EPIDEMIE NE SERVIRA PAS DE LECON POUR LE FUTUR

Certains journalistes ou éditorialistes laissent entendre que la crise que nous vivons aura un impact durable sur notre politique en matière de prévention. D’autres rappellent qu’aucune leçon n’a été tirée d’autres crises et qu’il faudrait que cette crise se prolonge longtemps pour que changent nos comportements.

Certes, à la fin de l’épidémie, nous disposerons d’un stock pléthorique de masques chirurgicaux et FFP2, de combinaison isolantes, de produits de tests et de systèmes de ventilation et réanimation, mais, les années passant, les stocks se périmeront, leur coût de remplacement sera souligné et l’on reprochera à l’État de gaspiller les deniers publics.

Des usines, en France, auront développé une capacité de production importante des articles manquants. Enfin, nous disposerons, clamera-t-on alors, d’une quasi-indépendance en matière de fournitures médicales d’urgence !

Mais la « paix » sanitaire revenue, ces mêmes produits nous arriverons moins cher de l’étranger, et notamment de Chine. Limiter les importations ? Cela serait engager un bras de fer avec la Chine et risquer des représailles. Ce serait se faire attaquer en Justice par d’autres États européens qui, soit les fabriqueront aussi à moindre coût, soit les importeront à bas coût de Chine ou d’autres pays à faible coût de main-d’œuvre.

Nous serons donc obligés de laisser la « libre concurrence » s’exercer et, produisant trop cher, les entreprises françaises, soit feront faillite, soit arrêteront cette production pour revenir à leurs productions traditionnelles.

Et nous nous engagerons dans une courbe descendante des équipements indispensables, jusqu’à la pénurie lors d’une prochaine crise.

Le même retour en arrière se produira pour les hôpitaux, dont les budgets seront réduits et dont les capacités d’accueil et de traitement seront obérées.

Pour que cela ne soit pas le cas, il faudrait une concertation européenne qui définisse des secteurs stratégiques, imposent la constitution de stocks de sécurité et une capacité de production européenne capable de faire face à des besoins exceptionnels, mais formidables.

Et cela, à l’examen de la réaction égoïste et de courte vue de chaque membre du l’Union Européenne et des ressentiments qui s’incrustent, face à la « préférence nationale », nous ne sommes pas près de le voir !

 

Par Michel Rozenblum

I.S.I.S.

INSTITUT DE STRATEGIE INTERNATIONALE ET DE SIMULATION

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de Hur

DANS UNE AUTRE GALAXIE À 13 MILLIARDS D’ANNÉES LUMIÈRES ‼️LA TERRE PROMISE