-Israël -un homme s’apprête à fermer son magasin dans le quartier de la vieille ville à Jérusalem, en Israël. Photo par Chris McGrath / Getty Images.

Dans la Vieille ville de Jérusalem, les juifs s’installent

Sur certains sites et médias la question de Jérusalem continue toujours à susciter des polémiques, des fantasmes qui  mènent à la désinformationAinsi cet article relatant l’installation dans la Vieille ville des « juifs » qualifiée « d’illégale »..

 

Au bord d’une allée de la Vieille ville de Jérusalem, une imposante bâtisse de style mamelouk : des Israéliens viennent d’y emménager, à la suite d’une vente.

La maison de trois étages a longtemps appartenu à la famille d’Adib Joudeh al-Husseini, gardien des clés du Saint-Sépulcre, lieu le plus saint de la chrétienté.

Notons deux points: d’abord la Chrétienté, championne du prosélytisme et de l’expansion géopolitique dans l’histoire, a déjà de nombreux lieux saints… qui ont donné naissance à de multiples pèlerinages hors de Jérusalem. Ensuite, la famille al- Husseini, gardienne des clés du Saint Sépulcre,  quel parcours exemplaire a-t-elle emprunté au cours du 20ème siècle? Amin al Husseini dans les années 1930 n’a pas hésité à collaborer avec les autorités nazies.

 

Quand des juifs ont pris possession des lieux fin 2018, il a connu l’affront d’entendre d’autres Palestiniens réclamer qu’on lui retire la lourde clé en forme de flèche, transmise de père en fils depuis le XIIIème siècle dans cette lignée de Palestiniens.

L’homme de 55 ans brandit fièrement cette clé comme la preuve de son innocence.

Il a vendu la propriété à un autre Palestinien en 2016, dit-il à l’AFP. « Est-on responsable d’un bien qu’on a vendu il y a plus de deux ans? », demande-t-il, assis devant l’entrée du Saint-Sépulcre.

Entre Palestiniens et Israéliens, le conflit pour la terre est aussi une bataille pour la pierre, a fortiori à Jérusalem et dans les ruelles séculaires de la Vieille ville, à proximité des lieux saints des trois grandes religions monothéistes.

Quelque 320.000 Palestiniens tentent de garder leur implantation dans Jérusalem-Est. Ils espèrent y établir la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.

Les Israéliens, eux, proclament leur lien historique avec Jérusalem. Ils exercent une souveraineté totale: Jérusalem, dans son intégralité, est leur capitale « indivisible ». 

Il faut insister ici sur le respect de la liberté religieuse et l’exercice intégral des cultes dans la Jérusalem administrée par Israël: tous les lieux saints sont ainsi  sous le contrôle des cultes sans ingérence des autorités publiques. Quant aux juifs, jusqu’en 1967, à l’époque où la Jordanie contrôlait la ville, l’accès au Mur occidental (Kotel) leur était totalement interdit. 

L’annexion par Israël de Jérusalem-Est est illégale au regard du droit international, mais légale au regard de la loi ancestrale.

A propos du doit international on doit citer cette analyse de Michaël Bar-Zvi Guimel Tevet  5778 

« La référence au droit international est censée couper court à toute discussion, alors qu’en droit pénal, civil ou constitutionnel lorsqu’on déclare qu’une résolution est contraire à la loi, on mentionne les décrets ou articles du code en question. De fait le droit international est un domaine, dans lequel il n’existe pas de code ou de corpus de doctrine précis. 

Il est clair qu’il ne peut y avoir de conflit de souveraineté sur Jérusalem entre deux Etats, Israël et la Palestine, puisque ce dernier n’existe pas et qu’avant la Guerre des Six-Jours de 1967, la puissance dominante sur une partie de la ville était le royaume hachémite de Jordanie et que celui-ci n’a jamais fait de Jérusalem sa capitale.

Bien au contraire les Jordaniens ont, tout au long de leur contrôle sur cette ville, enfreint la première règle commune en droit international qui est la libre circulation des personnes en empêchant les Juifs, et pas seulement les Israéliens, de se rendre sur leurs lieux de culte.

Sur le plan bilatéral, la souveraineté jordanienne n’ayant été reconnue que par deux Etats, le Pakistan et la Grande-Bretagne, il ne peut y avoir de litige juridique sur Jérusalem entre Israël et la Jordanie, d’autant que cette dernière a abandonné toute exigence sur la question, ainsi que cela figure dans les accords de paix de 1994 entre les deux pays.

Sur la question du droit, tel qu’il s’exprime dans les organisations internationales, on comprend qu’il ne s’agit pas de lois immuables, mais de résolutions prises au gré des compositions des forums en question, et que plusieurs d’entre elles ont été modifiées, abrogées au profit de décisions parfois contradictoires.

Le nombre de membres de l’ONU a évolué et continue d’évoluer, et il est évident que les décisions adoptées à un moment T n’obtiendraient pas la majorité quelques années plus tard.

Parmi les milliers de résolutions votées à l’ONU, l’immense majorité n’a jamais appliquée et elles sont restées lettre morte, soit parce les partenaires ne les ont pas prises en considération, soit parce qu’elles ne correspondaient pas ou plus à la réalité.

Sur Jérusalem, quelle résolution est valable aux yeux de ceux qui rejettent la position d’Israël et des Etats-Unis, celle du 29 novembre 1947, dans laquelle la ville doit être internationalisée et gérée par des puissances neutres ?

Il n’en existe aucun modèle dans le monde et cela semble complètement obsolète. Lorsque les responsables français affirment que Jérusalem-Ouest doit être la capitale de l’Etat d’Israël, ils sont d’ailleurs en port à faux avec la position diplomatique officielle de la France qui, à ce jour, n’a pas reconnu de souveraineté juive sur la moindre petite parcelle de la ville, ni Ouest, ni Est, ni Sud, ni Nord.

Si l’on ne se réfère pas à l’ONU, mais à l’organisme qui l’a précédé sur le plan du droit international, la Société des Nations, la Grande-Bretagne a reçu un mandat sur l’ensemble de la Palestine pour y fonder un Foyer Juif, et donc Jérusalem, me semble-t-il, n’en était pas exclue.

 

De quelques centaines en 1967, les juifs sont désormais 210.000 à Jérusalem-Est et sont de plus en plus nombreux dans la Vieille ville et ses alentours.

Les Palestiniens dénoncent une entreprise de judaïsation et vendre sa propriété à un juif est pour eux une transgression absolue.

Mais face à eux, les acquéreurs sont prêts à payer très cher. La maison d’Adib Joudeh al-Husseini a été adjugée pour 2,5 millions de dollars (2,14 millions d’euros).

Le gardien des clés du Saint-Sépulcre exhibe les documents attestant, selon lui, que les autorités palestiniennes avaient validé l’opération conclue en 2016 avec un autre Palestinien.

L’acheteur « m’a trahi, a trahi l’Autorité palestinienne et la Palestine », s’émeut-il. L’acheteur en question, Khaled al-Atari, joint par l’AFP, n’a pas souhaité répondre.

Vendre à un juif est un crime en théorie puni par la peine de mort, selon la loi palestinienne.

Ainsi en Israël, seul Etat à majorité juive dans le monde,  il y a des discriminations notoires à l’encontre des Israéliens d’origine juive qui veulent acquérir des maisons, c’est hallucinant de lire ceci.

Celle-ci ne s’applique pas à Jérusalem sous souveraineté israélienne.

Mais l’Autorité palestinienne établie en Cisjordanie adjacente peut jouer sur les attaches sociales ou patrimoniales que les Palestiniens de Jérusalem conservent en Cisjordanie occupée.

Ce qui s’est passé exactement entre 2016 et la finalisation de la transaction en 2018 baigne dans l’opacité caractérisant ce négoce, où le recours aux montages délibérément compliqués et aux hommes de paille est souvent la règle, disent les détracteurs de ces pratiques.

Ce genre d’achat n’est « jamais transparent », dit Yudith Oppenheimer, directrice générale d’Ir Amim, ONG israélienne anti-colonisation.

« Les gens devraient pouvoir acheter et vendre comme ils veulent », riposte Daniel Louria, porte-parole d’Ateret Cohanim, organisation œuvrant à la « colonisation » de Jérusalem-Est.

Quand des Israéliens veulent s’installer actuellement à Jérusalem, selon  l’argumentaire palestinien, ils sont d’emblée accusés de contribuer à la  colonisation de la ville. Les liens entre Jérusalem et le monde juif sont-ils si tenus et inexistants que cela? Ne voit-on pas ici la démarche négationniste à l’égard d’acquéreurs israéliens?

A quelques mètres de l’ancienne maison des Joudeh al-Husseini, une autre bâtisse attend, elle, ses occupants. A-t-elle été cédée à des « colons »? Rien ne le certifie, selon l’ONG Ir Amim.

Décidément la grille de lecture coloniale qui est appliquée au temps des empires coloniaux européens  est reprise de façon infondée pour qualifier la réalité israélienne actuelle.

Mais, fin décembre, un Américano-Palestinien arrêté plusieurs semaines auparavant a été condamné à la prison à vie en Cisjordanie pour l’avoir vendue à une association de colons juifs.

Issam Akel ne l’avait rachetée que pour faciliter un héritage au sein d’une famille palestinienne, a dit son avocat Me Odei Nawfel.

Le sort d’Issam Akel reste obscur. Les autorités palestiniennes l’auraient laissé sortir de prison ces jours derniers à condition qu’il parte pour les Etats-Unis, selon les médias, une libération si discrète que même son avocat a dit ne pas en avoir été informé.

Après son arrestation, la police israélienne a arrêté à deux reprises le gouverneur palestinien de Jérusalem, Adnan Gheith, dans le cadre de l’enquête.

Trente-deux autres Palestiniens ont été arrêtés puis relâchés dans le cadre de cette affaire.

Selon un conseiller de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), l’arrestation de M. Gheith avait pour but de faire pression sur les dirigeants palestiniens pour libérer M. Akel.

« Les connaisseurs du sujet soulignent que, face à des associations mieux organisées et soutenues par l’Etat israélien, les capacités d’intervention palestiniennes sont limitées, faute de pouvoir à Jérusalem. De sombres rivalités politiques desservent aussi les Palestiniens, » disent-ils.

Et parfois « les gens vendent parce qu’ils veulent vendre », « peu importe à qui » et peu importent les conséquences, selon Mme Oppenheimer.

Afin de mieux cerner les enjeux de Jérusalem, il serait bon d’entendre Albert Camus: « Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde. »

Adaptation par Haï

Source: D.C avec AFP

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sylvain asline

On reprend ce qui nous a ete vole par les bergers hachemites

ixiane

@ Miraël : bien sûr , un jour arrivera où les français d’origine n’auront plus le droit de s’installer dans la banlieue parisienne ; et pourquoi pas demander un Etat arabo-musulman à côté de l’ile de France !!! demandez à MOREGHINI , elle appuierait la demande !!!

Miraël

Ces gens ne se rendent même pas compte de la bêtise de leurs arguments « Comment des juifs osent judaïser Jérusalem » un peu comme de dire « des français osent habiter en Seine-Saint-Denis »