Du matériel médical chinois arrive à l’aéroport Fiumicino de Rome (Italie), le 13 mars 2020. (STRINGER / ANSA / AFP)

Coronavirus: comment l’Italie s’est sentie abandonnée par la France et l’UE face à sa pénurie de masques

 

C’est un vol Paris-Wuhan qui fait aujourd’hui beaucoup jaser. Le 19 février, un Airbus A380 décolle de Roissy-Charles-de-Gaulle avec 17 tonnes de matériel sanitaire, alors que la Chine est dans l’œil du cyclone épidémique de coronavirus.

L’appareil achemine douze tonnes offertes par les autorités et cinq tonnes par des organisations de la société civile. La contribution de l’Etat comprend alors 560 000 masques chirurgicaux, 375 000 gants, 130 combinaisons, 800 thermomètres et du désinfectant, selon les informations recueillies par franceinfo auprès du ministère des Affaires étrangères.

Cet avion ne transporte donc pas de masques FFP2 – une denrée rare – mais des masques chirurgicaux, dont le stock français est estimé autour de 100 millions d’unités. L’aide française doit soutenir les efforts des soignants chinois engagés en première ligne.

D’autres pays européens sont de la partie, dans le cadre d’opérations coordonnées par le mécanisme de protection civile de l’Union européenne (MPCU). En revanche, quand l’Italie est à son tour touchée de plein fouet, elle ne bénéficie d’aucune initiative du genre. Entre-temps, ses partenaires ont en effet pris la mesure de la pénurie à venir.

Face à la vague, un réflexe de survie chez les Etats 

Alors que la vague épidémique déferle sur son territoire, la France décide, début mars, de réquisitionner par décret l’intégralité du matériel, afin de le rediriger vers les soignants. Olivier Véran, ministre de la Santé, dénonce également la « multiplication du prix de certains matériels » et « la revente sur des marchés secondaires » en dehors de l’UE.

De son côté, l’Allemagne interdit par décret les exportations car « l’approvisionnement en matériel médical de protection est une urgence particulière ». Les seules exceptions concernent l’aide humanitaire, mais laquelle ?

Situation ubuesque, des stocks entreposés en Allemagne ne peuvent plus rejoindre l’Italie qui les a commandés.

« L’équipe du commissaire européen Thierry Breton a eu plusieurs échanges avec les autorités allemandes », explique à franceinfo une source à la Commission européenne. « Des exceptions ont été honorées pour livrer des masques en Italie. » Même chose avec plusieurs pays de l’Est. Les Etats membres ont donc tenté de sauver les meubles dans un premier temps, face aux pénuries annoncées suscitant la colère de l’opinion publique et des soignants en première ligne.

Dans ce contexte, le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, peine à se faire entendre. Il réclame notamment la création d’une centrale unique pour distribuer le matériel sanitaire, mais le 10 mars, ses partenaires européens se mettent simplement d’accord sur une mise en commun des données sur les stocks disponibles.

Le même jour, le ministre des Affaires étrangères italien, Luigi Di Maio, s’entretient avec son homologue chinois. “Nous saurons nous souvenir des pays qui nous ont été proches”, souligne le responsable italien.

Un message amer adressé à ses voisins, trois jours avant l’arrivée d’experts chinois et de plusieurs tonnes de matériel. Lire la suite

 

 

L’Italie: abandonnée par l’Europe, courtisée par la Chine et la Russie

Une main est tendue

par Alphonse Moura

 

Le monde est contaminé. Le Covid-19 – ou coronavirus – infecte toute la planète. L’Italie, le pays le plus touché en Europe, est face à un défi titanesque et encore une fois les Italiens se sentent ignorés et abandonnés.

Christine Lagarde est la cible de la furie italienne après ses propos désobligeants sur la situation dans le Belpaese.

De la droite à la gauche tous sont d’accord pour dire que les organisations européennes devraient tacler la pandémie avec véhémence, sans retenues comptables ni calculs bureaucratiques.

La Française a rétropédalé, en disant que la BCE veut éviter une quelconque fragmentation de la zone euro. Peu importe, son commentaire sur le spread reste gravé dans les têtes cisalpines.

A lire aussi: Coronavirus: la Corée parvient à endiguer l’épidémie sans confinement

Dans la péninsule italique au temps du coronavirus

Le Partito Democratico, où l’européisme fervent est souvent visible, a dû se coller aux propos de von der Leyen et a désavoué la froideur de Lagarde.

Emanuele Felice, l’un des responsables des questions économiques du parti, a dit que les paroles de la présidente de la BCE sont surprenantes.

Il a aussi appelé à un changement de cap : « Aujourd’hui plus que jamais il faut que les institutions européennes mettent en marche tout le nécessaire pour affronter une émergence sans précédent ».

Giorgia Meloni, meneuse des Fratelli d’Italia, tire à boulets rouges sur l’establishment bruxellois. Elle est profondément convaincue que l’UE est dirigée par un axe franco-allemand qui se soucie peu des autres pays.

Elle craint que la crise actuelle puisse être instrumentalisée par les forces étrangères pour affaiblir l’Italie et lui enlever ses ressources. Selon Meloni, le gouvernement italien doit demander la démission de Christine Lagarde.

Elle a rappelé à travers les réseaux sociaux que la BCE doit être la banque centrale des Européens et non la banque centrale allemande ou française.

On ajoutera que la fragilité de l’euro peut réapparaître, une monnaie que Meloni classifia jadis comme inadaptée.

A lire ensuite: C’est quoi exactement ce virus qui fait peur à tout le monde?

Un échange tendu entre un journaliste italien et Matteo Renzi est la preuve que les Italiens se méfient de plus en plus des structures européennes.

Renzi voulait amoindrir l’importance des mots de Lagarde et déclara que dire que l’Europe est immobile est populiste.

Le journaliste, Massimo Giletti, s’exalta et rétorqua enflammé : « Vous devez avoir le courage de…

>>> Lire la suite de l’analyse sur le site de la revue Conflits

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joseph

« Elle est profondément convaincue que l’UE est dirigée par un axe franco-allemand qui se soucie peu des autres pays. »
Si le gouvernement français se souciait de ses propres citoyens, ce serait déjà bien….