Corse : la Chambre d’agriculture à la découverte de l’AgriTech israélienne

En novembre prochain, la Chambre d’agriculture de Corse organise un voyage d’étude en Israël. L’occasion pour les exploitants insulaires de découvrir les techniques d’irrigation utilisées dans un pays qui fait office de référence en matière de gestion de l’eau. Un sujet ô combien d’actualité dans l’île où de nouvelles mesures de restriction ont été mises en place pour faire face à la sécheresse.
À l’initiative des deux chambres d’agriculture de l’île, un voyage d’étude d’une semaine en Israël est proposé aux agriculteurs insulaires. Le départ pour Tel Aviv s’effectuera depuis Bastia, par vol direct, le 17 novembre 2022.
Le voyage est ouvert à tous les agriculteurs insulaires.
Le voyage est ouvert à tous les agriculteurs insulaires. • © FTV/
La délégation insulaire se rendra dans différentes entreprises travaillant notamment sur l’anticipation et les solutions aux questions liées à la chaleur, aux sols arides, au stress hydrique et à l’irrigation. Des problématiques auxquelles la Corse est actuellement confrontée.
Président de la Chambre d’agriculture de Haute-Corse, Joseph Colombani détaille l’organisation et le but de ce voyage d’étude.
Joseph Colombani, président de la chambre d'agriculture de la Haute-Corse.
Joseph Colombani, président de la chambre d’agriculture de la Haute-Corse. • © FTV
L’annonce de ce voyage s’inscrit dans un contexte de sécheresse ayant entraîné des restrictions sur l’usage de l’eau pour les agriculteurs corses. Son organisation s’est-elle décidée en raison de la situation actuelle ?
Pas directement. Cela fait 8 mois que nous travaillons sur ce voyage. Néanmoins, ça fait quelques années maintenant qu’on est en restriction et qu’on connaît la sécheresse. C’est donc un sujet récurrent et ça fait un moment qu’on a mis sur la table cette problématique du stockage de l’eau. On estime cependant que ce n’est pas la seule jambe sur laquelle il faut avancer. Il y a également la problématique de la gestion de l’eau. Depuis longtemps, notre idée sur ce sujet-là est d’aller chez les meilleurs. En Israël, nous allons notamment nous rendre dans l’entreprise qui a inventé le goutte-à-goutte. On va aussi aller dans beaucoup de sociétés spécialisées dans l’AgriTech et dans la problématique de l’eau. Un avion direct de 189 places pour Tel Aviv partira de Bastia le 17 novembres prochain. Les inscriptions sont ouvertes pour tous les agriculteurs.
Le but de l’opération est donc de s’inspirer des technologies d’irrigation israéliennes ?
Exactement. Pour nous, la première des choses, c’est la sensibilisation. La deuxième, c’est de connaître les techniques et les technologies dont on aurait besoin et dans quelles proportions on pourrait les utiliser chez nous. Cela concerne la gestion de l’eau, son économie et notamment la réutilisation des eaux usées.
Ensuite, ce voyage est aussi le point de départ d’un programme d’échanges à plus long terme avec Israël. C’est le début d’un partenariat et d’une relation avec le pays. Là-bas, on va rencontrer des agriculteurs et des membres du gouvernement israélien.
Parmi les différentes techniques, lesquelles pourraient fonctionner en Corse ?
Toutes celles liées à l’irrigation enterrée. La révolution se situe sur le goutte-à-goutte enterré. Il y a trois types d’irrigation : celle par aspersion, celle par micro-jets et celle par goutte-à-goutte qui court sur le sol. L’avenir, c’est le goutte à goutte qui n’est pas sur le sol mais sous terre. Par conséquent, l’eau se répartit mieux dans les différentes couches du sol. Cela évite de travailler le sol sans couper les tuyaux. Les bêtes ne l’abiment plus. Cela demande une technologie spéciale car c’est sous terre mais les avantages sont extraordinaires, notamment en termes de consommation d’eau. Quand elle sort du tuyau, elle touche la racine. Il n’y a donc pas d’évapostranspiration. On est sur 30% d’économie. Par rapport à l’aspersion, on doit même être à 50%.
À l’avenir, ce type de dispositif pourrait peut-être un peu soulager les agriculteurs insulaires soumis à de nouvelles restrictions de l’usage de l’eau, notamment dans le Cismonti…
Le préfet de Haute-Corse a fait le constat qu’on fait à chaque fois, à savoir qu’on est trop juste. Il faut qu’on réfléchisse non pas sur ce qui est consommé tous les jours mais qu’on finisse par se poser une fois pour toute la question de savoir si la « baignoire » est assez grande et si on utilise bien l’eau. Il faut être pragmatique. Est-ce que la « baignoire » est assez grande ? Visiblement non. Avec 8 milliards de mètres cubes d’eau qui tombent tous les ans en Corse, 100 millions de retenue, ce n’est pas assez. La Collectivité de Corse a fait le plan Acqua Nostra 2050. On passerait alors de 100 millions à 200 millions de mètres cubes de retenue. Ce serait extraordinaire.
À travers l’organisation de ce voyage d’étude, où vous échangerez notamment avec le ministère agricole israélien, quel message souhaitez-vous distiller ?
Nous défendons deux aspects : comment économiser l’eau et en même temps comment la retenir mieux et davantage. Ces deux aspects ne doivent pas être opposés mais fonctionner ensemble. On le prouve avec ce voyage qu’on met en place, ainsi qu’avec le lobbying qu’on a fait autour du plan Acqua Nostra 2050. Cela fait très longtemps que nous revendiquons un plan hydraulique pour la Corse.
En plus de ça, je pense qu’il faut une politique transversale. L’idée est de savoir quelle politique agricole on veut pour l’île. En fonction des besoins, on définit l’offre et on la structure. L’eau fait partie de l’équation pour pouvoir produire. De plus, il y a aussi peut-être une opportunité avec les discussions qui s’ouvrent avec le ministre de l’Intérieur. Si on va vers une réflexion sur un cadre institutionnel nouveau, c’est donc l’occasion de travailler sur le contenu qu’on va mettre dans ce cadre afin de clarifier les compétences et les responsabilités de chacun.

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