Ibn Ezra eut une destinée
Ils sont venus, … depuis le nord de l’Italie et de fond de la Galicie…Pour nous faire comprendre la Torah.
En regardant la page de garde de l’un des plus beaux recueils de commentaires qui soit le Mikraoth guedoloth on peut voir les noms des commentateurs qui ont laissé leur empreinte pour qu’au fil des siècles nous puissions comprendre le texte de la Torah et que nous puissions jouir de cette lumière éclatante qui nous a été donnée au Sinaï.
Parmi les commentaires les plus classiques en dehors des Targoum Onkelos et Targoum Yonathan, de Rashi et du Rashbam, dont il a été question précédemment, nous trouverons les exégèses d’Ibn Ezra, du Ramban (rabbi Moshé ben Nahman), le Baâl HaTourim (Rabbi Yaakov ben Asher), Sforno, Kli Yakar et bien d’autres encore.
ABRAHAM IBN EZRA (le RABA), naquit en 1089 à Calahorra en Espagne. Philosophe, poète, astrologue, mathématicien, philologue et exégète sur la Torah et certains prophètes (neviim).
L’un de ses fameux poèmes est chanté le shabbat (« ki eshmera shabbat ») et d’autres accompagnent les prières de Yom Kippour.
Ibn Ezra eut une destinée parsemée de malheurs ce qui le fit s’exclamer pour illustrer son manque de chance : « si j’étais fossoyeur plus personne ne mourrait ! ».
Pour oublier un peu ses malheurs, il voyagea beaucoup : il se rendit en Afrique du Nord et en Egypte et il séjourna de nombreuses années en Provence et en Italie, à Rouen puis en Angleterre.
C’est au cours de ses différents séjours qu’il composa tous ses écrits qu’il vendait le plus souvent pour pouvoir survivre car il était très pauvre.
Sur le lieu de son décès en 1167 sont attachées de nombreuses versions mais il est enterré en Israël à Kfar Kaboul en haute Galilée non loin de Yéhouda Halévy qui fut son ami intime.
R’ MOSHE BEN NAHMAN ou RAMBAN ou NAHMANIDE ou HAGUERONDI (de Gérone) : né à Gérone en Espagne (aujourd’hui en Catalogne) en 1194 et décédé à Akko en 1270.
Médecin, philosophe, poète et cabbaliste il fut un très grand exégète de la Torah et de la Guemara. Il fut une grande figure du judaïsme médiéval mais il fut accusé d’hérétique et fut contraint de s’expliquer au sujet de propos qu’il avait prononcés et qui furent mal interprétés sur le christianisme lors de ce débat, il fut opposé à un apostat Pablo Christiani (Disputation de Barcelone).
A la fin de ce débat qui fut publié le roi Jaime Ier salua Nahmanide pour son érudition et sa franchise et lui fit cadeau d’une grosse bourse de pièces d’or.
C’est ainsi qu’en 1267 le Guérondi décida de regagner les rivages d’Eretz Israël qui, à l’époque, se trouvait sous autorité mamelouk.
Après un séjour à Jérusalem où fut créée une synagogue à son nom il dirigea ses pas vers Akko ou St Jean d’Acre où se trouvaient encore des Croisés.
Bien qu’ayant étudié avec son aïeul Rabbi Réouven de Barcelone ou avec ses cousins ou avec des talmudistes reconnus tels Rabbi Yéhouda ben Yakar ou Rabbi Nathan ben Méïr et, il étudia la Cabbale avec Rabbi Azriel de Gérone.
Il publia ses premiers écrits à l’âge de 16 ans à peine puis séjourna en Provence auprès de Rabbanim comme Isaac l’Aveugle ou auprès des Rabbins de Posquières comme le RABAD (R’ Abraham ben David) grand Cabbaliste.
LE BAAL HATOURIM : R’ YAAKOV BEN ASHER né en 1269 à Cologne en Allemagne et décédé à Tolède en Espagne en 1343.
Fils du « Rosh » (rabbénou Asher) il fut surnommé le « Baâl HaTourim » d’après son œuvre principale : « arbaâ Tourim » qui précéda le Choulhan aroukh ou le code des halakhot de la vie quotidienne.
Le mot « tour » signifie : rangée faisant allusion aux quatre ordres selon lesquels il classa les halakhot cet ouvrage a été une œuvre fondamentale.
R’ Yaakov ben Asher publia aussi son Péroush âl HaTorah ainsi que deux autres commentaires sur les arbaa tourim. (à suivre)
Caroline Elishéva REBOUH
« mais il est enterré en Israël à Kfar Kaboul en haute Galilée non loin de Yéhouda Halévy qui fut son ami intime. » Je savais que Yehouda Ha-Levi était mort quelque part entre l’Egypte et la Palestine, mais non qu’il aurait été enterré en Haute Galil car je pensais que les circonstances de son décès étaient inconnues. Pourriez-vous fournir quelques précisions?
Ajoutons par ailleurs que Ramban a gagné la Disputatio (ou Dispute) de Barcelone face à Christiani en montrant notamment que le Christianisme n’était qu’une idéologie de recherche de pouvoir sur autrui, demandant au Chrétien ce que Renan appelait « la résignation face aux injustices terrestres » dans l’espoir d’une Justice dans l’ « Au-Delà ». Je crois aussi que c’est Ramban qui a souligné l’impossibilité de la « morale chrétienne » avec notamment la contradiction du « sacrifice de soi », et l’hypocrisie catholique classique qui en résulte. Mais malgré-tout, Ramban n’acceptait pas le « Rationalisme sec » de Maïmonide (Rambam).
Constatons enfin combien nos grands sages de l’époque médiévale espagnole étaient de grands Sionistes religieux, et cela montre combien les Séfarades n’avaient pas besoin, ni d’Herzl qui voulait recréer un état Juif multilingue sans armée de défense, ni du Sionisme spirituel d’Aad Ha’am nécessaire à refortifier la Nation Juive dans les têtes avant le retour en Palestine, ni des sionismes laïques des Juifs Russes rebelles qui voulaient rejeter nos valeurs bibliques fondamentales. Le Sionisme de nos sages médiévaux, qui avaient déjà sécularisé le Judaïsme bien des siècles avant les Juifs Allemands du 19ième siècle, ne voulait-pas dire un état Juif gouverné avec la Halakha, comme le montrent nos traités talmudiques. On peut donc comprendre qu’Israël ne se soit toujours pas donné la Constitution, pourtant prescrite par le vote de l’Onu du 29 novembre 1947. Désolé pour les nouveaux Juifs Russes d’Israël, dont beaucoup sont plus chrétiens que Juifs.