L’Arménie et l’Azerbaïdjan font de nouveau parler la poudre, au risque de déstabiliser le Caucase

Qui a commencé? Comme souvent, quand un conflit « gelé » de réchauffe subitement, les belligérants se renvoient mutuellement la responsabilité du déclenchement des hostilités. Et la reprise des combats à la frontière séparant l’Arménie et l’Azerbaïdjan, le 12 juillet, en offre un nouvel exemple.

Ainsi, le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a affirmé que les « autorités politiques et militaires arméniennes portent toute la responsabilité de provocations » à l’égard de son pays. « Les provocations [adverses] ne resteront pas son réponse », a rétorqué Nikol Pachinian, le Premier ministre arménien. Et son ministre de la Défense, David Tonoïan, de prévenir que les forces arméniennes se tenaient prêtes « à prendre des positions en territoire ennemi si nécessaire

Quoi qu’il en soit, au 14 juillet, il a été fait état d’un bilan d’une quinzaine de tués, les forces azerbaïdjanaise ayant subi la plupart des pertes. Ce qui n’a pas pu être vérifié de manière indépendante.

Cette nouvelle montée des tensions est la plus grave depuis celle d’avril 2016, les deux pays s’étant livrés à une guerre dite des « quatre jours », lancée à l’initiative de l’Azerbaïdjan. Un cessez-le-feu, obtenu sous l’égide du CICR, avait mis fin aux combats, lesquels firent plus de 200 tués au total. Et, à l’issue de ces quelques jours d’affrontements, Bakou prétendit avoir mis la main sur 2.000 hectares de terres. Mais Erevan assura en avoir perdu 800 hectares, « sans importance stratégique ».

Le différend qui oppose les deux pays porte sur le Nagorny-Karabakh, un territoire montagneux de 11.500 km2, difficile d’accès. Et son origine remonte à 1868, quand passé sous contrôle russe, son administration fut confiée au gouvernement d’Elisavetpol, qui couvrait l’ouest de l’Azerbaïdjan et une partie de l’Arménie. La graine des crises à venir venait d’être semée…

En effet, le Nagorny-Karabakh fut un haut lieu de la résistance arménienne face au Perses, au IIIe siècle. Et quand, à la faveur de la révolution bolchévique d’octobre 1917, les républiques de Géorgie, d’Azerbaïdjan et d’Arménie furent créées, le sort de ce territoire montagneux fut âprement discuté… Mais Staline trancha la question en le confiant à la « République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan. »

Les choses en restèrent là juqu’à la Glasnost et la Perestroïka de Mikhael Gorbatchev. La tutelle de Moscou étant sur le déclin, la dispute entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan reprit de plus belle, d’autant plus que la population du Nagorny-Karabakh, essentiellement arménienne, exprima des envies d’indépendance à l’égard de Bakou… pour se rapprocher d’Erevan. Ce qui donna lieu à une guerre qui, après 30.000 morts, prit fin en 1994, grâce à une médiation du groupe de Minsk [dont font partie la France, la Russie et les États-Unis]. À l’issue, le Haut-Karabakh devint une République autoproclamée, sous protecterat arménien.

Depuis, les escarmouches entre les forces arméniennes et azerbaïdjanaises sont devenues fréquentes, notamment dans au niveau du Haut-Karabakh. Mais sans aller jusqu’à des combats comme ceux d’avril 2016 ou de ces derniers jours, qui, fait assez nouveau, ont eu lieu à la frontière des deux pays.

Seulement, cette rivalité depasse Erevan et Bakou… étant donné qu’elle se double de luttes d’influences entre les autres puissances régionales. Ainsi, si la Turquie prend fait et cause pour l’Azerbaïdjan [qui a de bonnes relations avec Israël], la Russie et l’Iran sont proches de l’Arménie. Ce qui laisse craindre une déstabilisation du Caucase du Sud, ce que Moscou cherche à éviter. De même que, d’une certaine manière, l’Union européenne, au titre de sa « politique de voisinage » avec les pays de cette région et ses intérêts économiques [et énergétiques en particulier].

Disposant d’une base militaire en Arménie [à Gyumri, ndlr], la Russie a jugé « inacceptable toute nouvelle escalade qui menacerait la sécurité régionale » dans le Caucase et lancé un appel à la retenue aux deux belligérants après les combats du 12 juillet.

En revanche, la Turquie, via son ministre des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a condamné Erevan. « Ce que l’Arménie a fait est inacceptable », a-t-il dit, assurant Bakou du soutien d’Ankara. Qui plus est, grâce à ses recettes pétrolières, l’Azerbaïdjan s’est donné les moyens de reprendre par la force le Nagorny-Karabakh, comme il a déjà menacé de le faire.

Le président Aliev l’a d’ailleurs récemment laissé entendre, en affirmant que son pays avait le droit de chercher « une solution militaire au conflit », après avoir menacé de quitter les discussions sur le Karabakh.

Quoi qu’il en soit, les appels à la retenue de la Russie [mais aussi de l’Union européenne et des États-Unis] sont restés sans effet. Alors que, le 15 juillet, des manifestations ont eu lieu à Bakou pour réclamer la guerre contre l’Arménie et reprendre du Nagorny-Karabakh, de nouveaux combats ont éclaté entre les deux pays, avec les mêmes attitudes qu’il y a trois jours.

En effet, Erevan a accusé l’Azerbaïdjan d’avoir bombardé les villages d’Aygepar et Movses avec des mortiers et des obusiers D30. Et de dénoncer l’usage de chars et de drones par les forces azerbaïdjanaise contre des infrastructures civiles. « Ces agressions […] vont faire l’objet d’une réponse proportionnée », a de nouveau mis en garde Erevan.

De son côté, Bakou a affirmé qu’une « unité des forces arméniennes avait de nouveau tenté d’attaquer » les positions tenues par ses troupes dans le district de Tovouz. Et d’assurer que les localités d’Agdam, de Donar Gouchtchou et de Vakhidli avaient été la cible de tirs d’artillerie, promettant des « mesures punitives » contre les forces arméniennes.

http://www.opex360.com/2020/07/16/larmenie-et-lazerbaidjan-font-de-nouveau-parler-la-poudre-au-risque-de-destabiliser-le-caucase/

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Jg

L Iran n est pas loin ,herr.dog. an sent pousser des ailes ,la Russie s entraîne a jouer aux échecs ,et eurabia est attirée par l odeur du pétrole.!