Beate Klarsfeld : « C’était une obligation morale de faire quelque chose »

L’écrivaine Beate Klarsfeld a dédié sa vie à la lutte contre l’impunité des criminels de guerre.

L’écrivaine allemande Beate Klarsfeld et son mari Serge, fils de juif déporté, ont tous les deux lutté, toute leur vie, contre l’impunité. Un travail colossal qui leur a demandé d’accumuler les preuves et les témoignages jusqu’à faire comparaître les responsables de la Shoah devant les tribunaux.Née peu de temps avant le début de la guerre, en février 1939, Beate Klarsfeld a eu une enfance modeste. Son père a été appelé de force pour rejoindre l’armée. Elle a connu Berlin et les conflits tout en ayant « le sentiment que l’Est et l’Ouest, finalement, c’était la même chose. C’est s’engager pour une Allemagne réunifiée. »

« Un jour, en 1960, j’avais une amie qui partait en France pour y être jeune fille au pair. Donc j’ai décidé de partir avec elle à Paris et dans le métro, nous avons rencontré un juif – qui deviendra ensuite son mari, Serge – dont le père avait été déporté, gazé, tué par les Allemands. Cela a été le moment déclencheur« , raconte Beate Klarsfeld.

Une gifle historique à Kiesinger

Pour l’écrivaine, chasser les criminels de guerre, empêcher les anciens nazis actifs d’obtenir un poste important dans la vie politique allemande et surtout, empêcher ceux qui ont agi en France et déporté les 76 000 juifs de France de rester impunis faisait partie de son devoir. « C’était une obligation morale de faire quelque chose« , confie-t-elle.

A cette époque, le mouvement nazi était tellement répandu que les citoyens ne voyaient pas d’inconvénient à ce que l’un d’eux et leur politique de propagande dirige le pays. Ainsi, l’écrivaine a voulu trouver « une action plus spectaculaire« .

Le 7 novembre 1968, Beate Klarsfeld, se fait alors passer pour une secrétaire. Aidée par un journaliste présent sur place, elle traverse la sécurité et administre une gifle à Kurt Kiesinger, chancelier de l’Allemagne à l’époque, qui se préparait à prononcer son discours final. « Mon but était d’empêcher qu’il se représente et qu’il soit réélu lors des prochaines élections, en 1969. »

Ma gifle n’était pas violente. La violence c’était qu’on impose aux jeunes Allemands un nazi propagandiste comme chancelier, cela c’est de la violence.

Beate Klarsfeld

à Elodie Suigo

« Des combats extraordinaires »

La photo fait le tour du monde, le Congrès de Berlin est ensuite renommé « Le Congrès de la gifle » et Beate Klarsfeld est condamnée à un an de prison. Une sanction qui ne l’empêchera pas de continuer son combat contre les criminels de guerre.

« On s’est battus pour réunir les documents contre eux pour obtenir l’instruction, afin qu’ils soient jugés et que le Parlement adopte une loi pour permettre aux condamnés d’être jugés en Allemagne. C’était des combats extraordinaires avec nos amis. Cela a changé la vie politique allemande. »

Le procès de Cologne en 1980, a été un « réel réconfort » pour ce couple de « chasseurs de nazis« , qui n’a jamais ressenti la peur, à part celle de ne pas réussir.

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