Arctique: La Russie renforce ses moyens de déni d’accès en déployant de nouveaux systèmes de défense aérienne S-400

Avec le changement climatique annoncé, les enjeux que porte l’Arctique seront plus importants encore que par le passé, dans la mesure ses importantes réserves en hydrocarbures [estimées à 13% du pétrole et à 30% du gaz qui resterait à découvrir sur la planète] et ses ressources en terres rares [25% des réserves mondiales] pourront être plus facilement exploitées. En outre, la fonte des glaces permettra, durant l’été, de réduire de 40% la durée du trajet entre l’Europe et l’Asie, via le passage du Nord-Est.

Aussi, la Russie a pris très tôt la mesure des enjeux liés à ces bouleversements, en lançant notamment une stratégie pour le Grand Nord, publiée en 2009.

En outre, elle y revendique une superficie de 1,2 millions de km2, en se basant sur les dorsales Lomonossov et Mendeleïev, qu’elle considère comme étant des extensions de son plateau continental. Ce qui est contesté par le Canada et le Danemark [via le Groenland].

Cette stratégie russe prévoit d’importants investissements, illustrés récemment par le développement de l’Akademik Lomonossov, la première centrale nucléaire flottante au monde.

D’une longueur de 144 mètres pour 34 mètres de large, elle compte deux réacteurs nucléaires développant chacun une capacité de 35 MW. Déployée dans le Grand Nord, elle accompagnera le développement de l’exploitation d’hydrocarbures dans les zones isolées.

Par ailleurs, la Russie a renforcé significativement sa présence militaire dans la région, notamment en réactivant des bases qui avaient été laissées à l’abandon après l’implosion de l’Union soviétique.

« Nous sommes en train de mettre en place un système de surveillance dans les airs et en mer de la région du Passage du Nord-Est et de nous assurer un contrôle total de l’espace aérien dans notre zone de contrôle dans l’Arctique », avait résumé, l’amiral Nikolaï Evmenov, alors commandant de la Flotte du Nord, en novembre 2017.

Dans le même, ce renforcement militaire ne va pas sans quelques tensions, notamment avec la Norvège, perçue à Moscou comme étant un « avant poste » de l’Otan. D’autant plus qu’Oslo a augmenté ses dépenses militaires et demandé aux États-Unis de déployer des Marines sur son territoire.

« La Norvège doit comprendre que, après être devenue un avant-poste de l’Otan, elle devra faire face […] à la force militaire de la Russie. Par conséquent, il n’y aura plus d’Arctique pacifique »avait ainsi lancé Teimuraz Ramishvili, alors ambassadeur russe en poste à Oslo.

Pour Moscou, il s’agit donc de suivre de près l’activité militaire de l’Otan dans la région. Et vice-versa.

« Je ne veux pas mettre la pression, mais les spécialistes savent que, par exemple, des sous-marins nucléaires américains sont en service au nord de la Norvège. La durée du vol des missiles est de 15 minutes jusqu’à Moscou. Et nous devons savoir ce qui s’y passe, voir ce qui s’y passe, nous devons protéger cette côte de façon adéquate, y assurer la protection des frontières », avait justifié Vladimir Poutine, le président russe, il y a deux ans.

Aussi, l’annonce faite ce 16 septembre n’est pas surprenante. En effet, le ministère russe de la Défense a indiqué que des systèmes de défense aérienne S-400 « Triumph » venaient d’être déployés sur l’archipel de Nouvelle-Zemble, en remplalement des batteries S-300, qui y avaient été précédemment installées. De quoi donc renforcer les capacités A2/AD dans la région [anti et déni d’accès]

« Le passage aux nouveaux S-400 accroît significativement la zone de contrôle de l’espace aérien dans l’Arctique », a-t-il fait valoir. De tels systèmes avaient déjà été déployés dans les régions de Mourmansk et d’Arkhangelsk, ainsi que dans la république de Sakha. D’autres pourraient suivre.

« Nous allons finir en 2019 de construire les infrastructures pour accueillir des radars de défense antiaérienne et des points de guidage pour l’aviation sur les îles Sredni et Wrangel et au cap Schmidt », avait indiqué, en décembre dernier, Sergueï Choïgou, le ministre russe de la Défense.

En mai dernier, des responsables américains ont confié au Wall Street Journal que Washington soupçonnait Moscou d’avoir réalisé des essais nucléaires à très faible rendement sur le site de Nova Zemlya, justement dans l’archipel de Nouvelle-Zemble. Ce que l’OTICE [Organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires] n’a pas confirmé.

Quoi qu’il en soit, les États-Unis et le Canada ont aussi élaboré une « stratégie » pour le Grand Nord. Pour les premiers, il s’agit d’y contrer les « menée agressives » de la Chine [qui s’y intéresse aussi…] et de la Russie, qui « laisse déjà dans la neige des empreintes de bottes », avait accusé Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine.

Quant au Canada, il a publié, la semaine passée, un document intitulé « Cadre stratégique pour l’Arctique et le Nord » et dont la tonalité est différente de celle de son voisin nord-américain.

« Même si le Canada ne perçoit aucune menace immédiate dans l’Arctique et le Nord, à mesure que l’environnement physique de la région change, le Nord circumpolaire devient une zone d’importance stratégique sur le plan international, les États arctiques et non arctiques démontrant une variété d’intérêts économiques et militaires dans la région », avance le document.

Aussi, « résolu à exercer sa souveraineté », le Canada entend « réhausser » sa présence militaire dans cette région [qui représente 40% de sa superficie], avec l’objectif de « prévenir les incidents de sécurité » et « d’intervenir le cas échéant. » Enfin, Ottawa mise sur la coopération, notamment avec les États-Unis, le Danemark [Groenland] et la Norvège, « afin d’accroître la surveillance de la région de l’Arctique en général. »

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